Alors que les négociations conventionnelles entre Assurance Maladie et infirmières libérales se poursuivent, un autre enjeu s’impose pour l’avenir du système de santé en France : le renforcement (certains évoqueront même la création) d’un lien entre l’hôpital d’un côté et les infirmières libérales et autres professionnels des soins de ville de l’autre.

 

Les infirmières libérales, un des piliers pour le développement de l’ambulatoire en France

 

Si le virage ambulatoire, pris ces dernières années, par la politique de santé en France est appelé à se renforcer encore ces prochaines années, cela implique notamment, que l’hôpital soit remplacé par les soins dits de ville. Du médecin généraliste aux infirmières libérales, en passant par tous les professionnels libéraux de santé, ces soignants de ville doivent prendre le relais du monde hospitalier. C’est déjà ce qui se passe au vu de l’analyse des dépenses de santé, publiée en juin dernier par la Caisse Nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Cette analyse a permis de souligner, pour plusieurs pathologies, que la baisse du coût moyen des séjours hospitaliers entre 2012 et 2015 pouvait être corrélée à l’augmentation des soins de ville pour ces mêmes pathologies. Concrètement, une des conséquences de cette généralisation de l’ambulatoire se traduit par une hausse de l’activité des professionnels libéraux de santé, dont les infirmières libérales bien évidemment. Même si cela peut apparaitre comme une évidence pour certains, celle-ci est enfin mise en avant de manière chiffrée. On peut s’étonner, dans ces conditions même si ce n’est pas le propos du jour, de voir la Cour des Comptes notamment, stigmatiser les infirmières libérales en pointant la hausse des honoraires facturés.

La nécessité pour l’infirmière libérale d’être un relais de l’hôpital

 

En la matière, les mentalités ont évolué en profondeur depuis plusieurs années, puisque les initiatives se multiplient pour améliorer les relations entre soins de ville et hôpital. Mais pour les infirmières libérales, le chemin à faire est encore immense. C’est du reste un sentiment partagé par l’ensemble des professionnels de santé. La Fédération Hospitalière de France (FHF) a ainsi interrogé plus de 800 professionnels de santé, tant en milieu hospitalier qu’en soins de ville. 35.9 % des personnes interrogées seulement, soit un peu plus d’une sur 3, reconnaissent une « coopération régulière et fluide », alors que 10 % des sondés affirment qu’il n’existe aucune coopération.

Pourtant, les médecins, les IDEL(s) et tous les professionnels de santé se retrouvent pour confirmer que cette relation est essentielle, et lorsqu’on les interroge sur les priorités à dégager pour avancer sur ce terrain, il en ressort les éléments suivants :

  • Pour 50 %, la volonté commune de l’hôpital et des soins de ville est essentielle
  • Des « solutions informatiques de pointe assurant la sécurité des données des patients» doivent être mises en place pour 26 %
  • 11 % estiment que la loi doit imposer des contraintes pour le partage des dossiers
  • 9 % demandent « plus de temps à y consacrer».

 

Les infirmières libérales comme tous les professionnels concernés espèrent donc un renforcement de ces liens, tout en pointant les lacunes de l’organisation actuelle.

 

Des pistes pour les IDEL(s) et les hôpitaux avec un objectif commun : le bien-être des patients

 

On n’en est pas encore aux fiches de liaison entre infirmières hospitalières et IDEL(s), comme le demandent certains syndicats, mais l’importance de la problématique progresse de part et d’autre. L’ambition du Dossier Médical Partagé (DMP), dont la mise en œuvre a été confiée à l’Assurance Maladie, intègre cet objectif de réunir ville et hôpital. 75 % des professionnels interrogés reconnaissent que le DMP « faciliterait considérablement la coordination des soins au quotidien ». Un professionnel sur deux estime même que ce DMP serait en définitive un gain de temps considérable.

Pour y parvenir, l’hôpital doit avant tout connaître et identifier les infirmières libérales et tous les soignants de ville de la zone géographique concernée. Tant que cette identification ne sera pas effective, les patients continueront d’être systématiquement orientés vers des structures de soins à domicile et non pas vers les IDEL(s) ou autres professionnels de santé.

C’est alors, et alors seulement, que les problématiques financières (le financement de ce temps consacré à la coordination et au partage des sonnées) et matérielles (quelle solution concrète pour faciliter et sécuriser ces échanges de données) pourront trouver une réponse. C’est ce que réaffirme le Livre Blanc de l’interprofessionnalité en Santé : « la coordination entre l’hôpital, la ville et le médico-social est un prérequis ».

 

Et vous, pensez-vous que le DMP pourra à lui seul rapprocher les infirmières libérales de l’hôpital ? Quelles pistes souhaiteriez-vous voir suivies par les autorités sanitaires pour progresser en la matière ?