Difficile aujourd’hui de ne pas entendre toutes ces femmes, qui dénoncent le harcèlement sexuel, dont elles ont été victimes. Les infirmières libérales aussi attendent beaucoup de cette libération de la parole, à commencer par une prise de conscience de toute la société.

Le harcèlement sexuel, un comportement condamnable enfin dénoncé

 

Bien que l’on parle d’infirmières et d’infirmiers libéraux, commençons par préciser que la profession reste encore très majoritairement composée de femmes. Avec environ 16 % d’hommes, les IDEL(s) demeurent une des professions les plus féminisés. Alors naturellement, les infirmières libérales se sentent elles-aussi concernées par les affaires d’harcèlements sexuels qui se multiplient ces derniers jours. Pour mémoire, ces crimes et ces délits sexuels se dévoilent suite aux révélations, qui ont conduit à l’éviction d’un des hommes les plus puissants d’Hollywood : Harvey Weinstein.

En osant briser le silence, les premières femmes, ayant dénoncé ces actes inexcusables, ont libéré la parole. Toutes les générations de femmes mais aussi toutes les professions sont concernées par ces actes délictueux, qui ont, il faut bien l’avouer, été toléré pendant des décennies dans une société, dirigée par des …hommes.

Et cette parole libérée démontre bien que certains secteurs d’activité sont plus fortement concernés par ces attitudes, qui peuvent enfin être à l’origine d’une procédure judiciaire. Parmi ces professions particulièrement sensibles, les métiers de la santé sont depuis plusieurs jours sous les feux de l’actualité et les infirmières libérales et hospitalières apparaissent alors comme une des cibles appréciées par ces harceleurs.

L’infirmière libérale, quand le fantasme se transforme en comportements inadmissibles

L’infirmière fait toujours partie des fantasmes les plus avoués (et assumés ?) par les hommes ? L’infirmière libérale n’échappe pas à ces fantasmes, qui se transmettent de génération en génération. Mais c’est aussi le milieu médical lui-même, qui a permis que perdurent ces situations, qui sont dénoncées aujourd’hui. Il ne faut pas perdre de vue, que pendant des décennies, les infirmières libérales ou hospitalières ont été considérées comme de simples « exécutantes » face à un corps médical, qui était alors composé presque exclusivement d’hommes. Même si la situation a bien évolué aujourd’hui, les mauvaises habitudes ont-elles résisté. Même le directeur de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Mr Martin Hirsch, reconnait que les « acteurs (du milieu médical) ont toujours eu du mal à faire la frontière entre la plaisanterie lourdingue » et « le harcèlement » ». Des témoignages font état de ce harcèlement sexuel, qui continue de sévir dans certains hôpitaux français, et on ne peut pas comprendre (et encore moins excuser) ces comportements coupables au prétexte du stress et des traditions, deux arguments souvent mis en avant par le personnel masculin.

 

De l’infirmière nue sous sa blouse à l’infirmière libérale, un changement d’état d’esprit

Martin Hirsch revient sur l’un des « mythes » qui nourrit le fantasme de l’infirmière, en soulignant le rôle de cette domination masculine dans l’esprit collectif : . « Il y avait une époque où on disait que pour des raisons d’hygiène les infirmières devaient être nues sous les blouses mais que ça ne s’appliquait pas aux médecins qui pouvaient tout à fait être habillés, ce qui montre le type de rapport de domination qui pouvait exister« . Ce sont ces traditions, qui volent en éclats aujourd’hui, d’autant plus que les infirmières bénéficient d’un appui de poids à travers la personne d’Agnès Buzyn, l’actuelle Ministre de la Santé. Elle est ainsi revenue sur sa carrière passée de médecins, évoquant des « comportements très déplacés« . Elle a osé parler de ces anciens « chefs de service qui lui disaient : ‘Viens t’asseoir sur mes genoux’. Des choses invraisemblables… qui faisaient rire tout le monde« . C’est tout le monde médical, qui est remis en cause. Certes, les infirmières libérales ne subissent pas au quotidien les comportements déplacés d’autres professionnels de santé, mais lorsque ces dérapages intolérables sont compris et admis par le corps médical, il ne faut pas s’étonner que les patients eux-mêmes reproduisent à leur tour ces délits et crimes sexuels. Car du harcèlement sexuel au viol, il n’y a malheureusement qu’un pas, qui est (trop) souvent franchi. C’est pour ce changement d’état d’esprit, que les infirmières libérales peuvent se réjouir, car il les concerne aussi et permettra à l’avenir de se débarrasser de certains comportements, qui ont pu nuire à la Santé en général.

Et vous, avez-vous déjà été victime de harcèlement sexuel ? Comment expliquez-vous l’importance du phénomène dans le milieu médical ? Pensez-vous que l’on assiste actuellement à une véritable prise de conscience ?