En ce début d’année, les infirmières libérales, comme toutes les autres professions, voient se multiplier les bilans en tout genre sur l’année 2017 et des perspectives de toute nature pour 2018. C’est aussi le moment de s’interroger et de regarder la situation des infirmières libérales hors des frontières de l’Hexagone. On peut traverser la planète sans quitter la France et ainsi rejoindre l’archipel de Nouvelle Calédonie. Ce territoire français, situé à plus de 16.000 kilomètres de la métropole dans l’Océan Pacifique, ne fait pas rêver les infirmières libérales. Ces dernières sont soumises à une sécurité sociale défaillante, et certains ne manquent pas de souligner à quel point l’inaction des autorités publiques peut rapidement créer ce genre de situation inextricable et invivable.

Un système de santé à bout de souffle, une menace pour les infirmières libérales et les professionnels de santé !

 

Le Régime Unifié d’Assurance Maladie Maternité (RUAMM) correspond pour la Nouvelle-Calédonie à notre CPAM et les infirmières libérales comme tous les professionnels libéraux de santé sont excédés du fonctionnement de cet organisme. Depuis des mois, ils dénoncent les dysfonctionnements de ce système, qui serait, selon eux, à revoir intégralement. Quelques jours avant Noël, ces mêmes professionnels de santé ont même manifesté devant les locaux de la Sécurité Sociale de Nouvelle-Calédonie, la CAFAT. On peut retrouver des analogies entre les revendications portées par les infirmières libérales de l’Hexagone et celles clamées le 23 décembre dernier devant le Congrès calédonien. Le manque de reconnaissance est criant d’un côté comme de l’autre.

Mais la situation apparait bien plus problématique en Nouvelle Calédonie, qu’elle ne l’est en France métropolitaine. Le manque de moyens apparait ainsi au grand jour, alors que la situation se détériore de jour en jour depuis des années. Parmi les manifestants, Julie Seydoux, orthophoniste, résume parfaitement la colère de tous les professionnels libéraux de santé : « Chaque fois qu’on demande quelque chose, on nous dit : « Oui, mais non parce qu’on est en déficit, attendez l’année prochaine. » Et depuis 2006, on nous dit : « Attendez l’année prochaine. (…) On se dit que c’est sans fin

 

Une situation critique et un cri d’alarme poussé par les infirmières et infirmiers libéraux

On reconnait les mêmes problématiques, qui peuvent exister en métropole, lorsque les infirmières libérales se plaignent de ne pas avoir les moyens de s’occuper correctement de leurs patients. Sauf qu’en Nouvelle Calédonie, ce manque de moyens a pris de l’ampleur, puisque rien n’a été fait, et que chaque jour qui passe, le déficit ne cesse de se creuser. Et en découvrant les revendications des infirmières libérales de Nouvelle-Calédonie, les IDEL(s) de métropole ne peuvent que s’alarmer de cette situation. Ainsi, Sophie Bonnet, infirmière libérale en Nouvelle Calédonie, s’insurge : « J’en ai assez de cette situation, parce que ça fait un petit moment que ça dure, que c’est très récurrent. Régulièrement, ils ont des ruptures de trésorerie et c’est toujours nous qui en pâtissons les premiers, nous les libéraux de santé. On est toujours la cinquième roue du carrosse. »

Au vu de son déficit chronique, le RUAMM a purement et simplement décidé de suspendre le paiement des professionnels de santé et donc des infirmières libérales. Les soins ont été prodigués, mais les IDEL(s) ne seront pas payés, ou tout du moins, pas maintenant. Il faudra attendre, que les caisses se remplissent à nouveau.

Ce n’est pas la première fois, qu’une telle situation se fait jour mais les professionnels sont excédés, d’autant plus que tous savent, que la situation ne devrait pas s’améliorer dans les mois ni même dans les années à venir. Une autre orthophoniste, Laëtitia Schoenholtzer, dénonce ce mépris des autorités : « On a des patients à soigner, des familles à nourrir, des emprunts à honorer, des taxes à payer. Et du jour au lendemain, on nous coupe tout. Aujourd’hui, si on dit à n’importe qui : « Ben vous ne serez plus payés pendant deux mois », je pense que toute la population serait dans la rue

Si la situation est explosive pour les infirmières libérales et les professionnels de santé en Nouvelle Calédonie, elle peut aussi représenter un point de repère, au vu duquel la situation des infirmières libérales en France métropolitaine peut être qualifié de satisfaisant voire même d’excellent.

 

Et vous, que pensez-vous de la situation des professionnels de santé libéraux en Nouvelle Calédonie ? Craignez-vous connaître une telle situation, dans les années à venir, en France ?