Si on ne soigne plus aujourd’hui comme il y a un siècle, l’infirmière libérale ne communique plus avec ses patients comme autrefois. Les patients d’aujourd’hui sont plus informés, plus « éduqués » et en profitent pour vouloir prendre le contrôle. Face à cela, les infirmières libérales doivent pourtant continuer à représenter l’»autorité médicale » pour une relation IDEL-patient efficace et adaptée.

 

Les patients d’aujourd’hui veulent prendre le pouvoir

Si l’infirmière libérale doit soigner sa relation à sa patientèle, elle n’est pas la seule partie de cette relation, et les patients (et patientes) d’aujourd’hui ne ressemblent pas à ceux d’hier. Certains spécialistes parlent d’empowerment pour définir cette génération de « patients-citoyens ». Il ne s’agit aucunement de remettre en cause le pouvoir et le professionnalisme des infirmières libéraux ou des autres professionnels de santé, mais de ne plus rester dans une situation exclusivement passive vis-à-vis du corps soignant. Le patient, en devenant plus « éduqué », refuse désormais que les décisions le concernant soient prises sans qu’il participe à ce processus, d’une manière ou d’une autre.

Les patients d’aujourd’hui réclament plus de transparence tout en souhaitant devenir des citoyens pro-actifs. Le plus souvent, la prise de conscience de ces patients résulte d’une situation, dans laquelle le patient constate, par lui-même, un dysfonctionnement important de l’univers de la santé. C’est pour répondre à ce dysfonctionnement, que le patient va s’engager dans un cheminement, qui le conduira, à devenir force de proposition. C’est en s’unissant avec d’autres patients connaissant la même situation, que le patient citoyen d’aujourd’hui peut alors se lancer dans un véritable « combat » pour faire changer les choses.

Définir ce changement n’est pas chose aisée, et même l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (EHESP) avoue sa difficulté à définir ce terme d’empowerment sur sa Banque de données en Santé Publique (BDSP), l’expliquant ainsi :

Processus dans lequel des individus et des groupes agissent pour gagner la maîtrise de leurs vies (…)

Leur estime de soi est renforcée, leur sens critique, leur capacité de prise de décision et leur capacité d’action sont favorisées. (…)

Les infirmières libérales, un des principaux contacts du quotidien

Au quotidien, cette prise de conscience des patients, née d’un accès au savoir de plus en plus aisé et accessible au plus grand nombre, se traduit par la volonté de tout comprendre. Cela passe nécessairement par le questionnement des soignants, et donc des infirmières libérales, lorsque les soins sont prodigués à domicile. C’est sur les épaules du professionnel de santé le plus présent, que reposera le devoir d’informer. Or, n’est-ce pas l’infirmière ou l’infirmier libéral qui s’impose comme le maillon incontournable dans la relation soignant – soigné ? C’est donc bien à l’infirmière libérale, qu’il appartiendra d’expliquer et d’inculquer les soins mis en place , pas uniquement ceux, qu’elles s’efforcent de réaliser au quotidien, mais l’ensemble des soins réalisés par tous les intervenants. Car les patients veulent avoir une vue d’ensemble et ne pas se limiter à un acte technique ou à une analyse biologique.

La communication de l’infirmière libérale sera alors essentielle pour répondre à ces nouvelles attentes et pour « rassurer » les patients.

L’infirmière libérale, une soignante mais aussi une communicante hors pair

Toutes les infirmières libérales reconnaissent la difficulté à briser la glace, lorsqu’elles approchent un nouveau patient, surtout lorsque ce dernier est atteint de maladie(s) chronique(s). La communication n’est pas, et c’est même le contraire, que médicale et orientée processus de soins. La prise en compte de cet aspect du travail de l’infirmière libérale est reconnue depuis longtemps. Depuis 2009, le référentiel de formation initiale des infirmières définit pour la compétence 6 : Communiquer et conduire une relation dans un contexte de soins.

Concilier l’empathie avec la nécessaire distance à conserver pour pouvoir prodiguer ses soins, identifier le sens caché des propos et des gestes des patients difficiles, répondre au devoir d’information des patients tout en contentant les attentes de ces nouveaux patients citoyens, …. les défis ne manquent pas pour les infirmières libérales. Car aux difficultés de réaliser les soins dans les meilleures conditions s’ajoute cette nécessité de pouvoir entendre et répondre aux nouvelles attentes des patients d’aujourd’hui. L’infirmière libérale doit alors prendre en charge cet aspect émotionnel de la relation patient – soignant, en prenant conscience que ces nouveaux besoins de prise de contrôle (empowerment du patient) ne doivent pas faire oublier la nécessité d’être rassuré et de se sentir « en de bonnes mains ». Entre « cocooning » et détentrice d’un savoir à partager, l’infirmière libérale doit savoir comment s’adapter aux besoins de sa patientèle. Mais comme chaque cas est unique, …

 

Avez-vous constaté ce changement d’attitude de la part de vos patients au fil des années ? Considérez-vous que la communication avec vos patients est un aspect prépondérant de votre activité au quotidien ?