En décembre 2017, l’Ordre National des Infirmiers voyait Mr Chamboredon remplacer Mr Borniche. Les premières semaines du nouveau président de l’ONI attestent d’une volonté de faire « bouger les lignes » et de s’adapter aux exigences d’aujourd’hui. Les infirmières libérales rejoindront-elles en masse ce nouveau projet ? Seront-elles suivies par leurs confrères et consœurs du milieu hospitalier ?

 

Un Homme élu pour prendre la tête d’un ordre marqué par une forte …féminisation

 

Si on parle fréquemment d’infirmières libérales, nous pensons aussi aux infirmiers, qui choisissent d’exercer leur profession en tant qu’indépendant. Mais force est de constater, que la profession infirmière reste fortement féminisée. Ainsi, l’infirmier libéral est, encore aujourd’hui, dans 79 % des cas une infirmière. C’est pourtant un homme, qui a été élu, le 11 décembre dernier, à la tête de l’Ordre National des Infirmiers (ONI). Patrick Chamboredon. Il succède à Didier Borniche, qui a présidé à la direction de l’ONI depuis 2011. Décidément, la profession plébiscite la gent masculine pour la représenter. Le nouveau président reste avant tout infirmier hémodialyse à Marseille depuis plus de 20 ans, et depuis 2009, Mr Chamboredon est président du Conseil régional de l’ONI pour la région PACA.

Il n’a pas cessé, depuis son élection, à souligner le sens et l’action, qu’il souhaitait impulser à l’Ordre pour toute la durée de sa mandature en expliquant :

« J’œuvrerai à une meilleure représentation de notre profession dans les instances de décision nationales et internationales, ainsi qu’à une meilleure reconnaissance de nos compétences, notamment à travers la mise en place de la pratique infirmière avancée (PIA) et d’une véritable filière universitaire en sciences infirmières. Si ces évolutions sont nécessaires, il est tout autant indispensable de s’inscrire dans une véritable approche partenariale avec les pouvoirs publics et les autres acteurs du système de soins afin de répondre ensemble aux enjeux de santé publique que nous devons relever. «

Un Ordre national, bien décidé à peser sur les décisions à venir ….dès 2018

 

Avec les premières semaines de l’année 2018, le président fraichement élu a eu l’occasion, notamment lors des traditionnelles séances de vœux, de revenir et de détailler ses ambitions. Et celles-ci concernent déjà cette année 2018.En effet, rappelant l’adoption de la stratégie nationale de santé (SNS), Mr Chamboredon a tenu à s’engager au nom de tous les « infirmiers, nous avons le devoir de nous y engager pleinement. », d’autant plus que la profession infirmière « est d’un apport incontournable »

Pour agir de manière concrète et efficace, le président de l’ONI a engagé une transformation de l’organisation et du mode de fonctionnement de ce dernier. Désormais, l’ONI s’ouvrira plus largement à d’autres domaines, comme celui de la recherche ou de l’université. Mais cette ouverture s’accompagnera aussi d’une ambition de « plus de participatif ». Il conviendra désormais de valoriser les initiatives locales, en rompant avec un fonctionnement jugé trop centralisé. Ces nouvelles ambitions de l’Ordre National des Infirmiers ne devront pas réduire les efforts du Conseil National de l’Ordre, que Mr Chamboredon souhaite imposer en tant que « l’avant-garde de la profession infirmière «

C’est avec ces nouvelles ambitions et cette nouvelle façon de faire , que Mr Chamboredon a pu détailler les projets, sur lesquels il entend peser dès cette année 2018.

 

 

De la formation au champ de compétences, la profession infirmière à faire évoluer en priorité

 

C’est dans les semaines à venir, que devrait se régler la question de l’intégration de la formation infirmière à l’université. Un rapport d’étude devrait être rendu public, et l’ONI est pleinement conscient des enjeux et des conséquences, que représenterait un tel changement dans la formation des infirmières libérales et hospitalières. C’est pourquoi, le président de l’ONI a insisté sur la vigilance, dont il ferait preuve lors de la présentation du projet de loi. Cette question devrait bien être définitivement tranchée au cours de cette année 2018.

Cette évolution de la formation atteste bien de la nécessité pour la profession infirmière d’évoluer et de s’adapter aux nouvelles exigences de notre société. Qu’il s’agisse des infirmières libérales ou des infirmières hospitalières, les compétences ne sont plus les mêmes que celles exigées par le passé. Les mutations de notre société (vieillissement de la population, volonté assumée de privilégier l’ambulatoire et l’hospitalisation à domicile, …) impliqueront une nouvelle adaptation des compétences infirmières. Et cette nouvelle définition des compétences des infirmières et des infirmiers est essentielle aux yeux de Mr Chamboredon : »si l’on veut une adhésion complète des infirmiers à la réalisation des objectifs de la SNS, il faut qu’ils aient en contrepartie des perspectives d’avancées ». Il explique clairement qu’il fera tout pour faire avancer cette question du champ de compétences, dont la définition actuelle ne satisfait personne et surtout pas les infirmières libérales ou hospitalières. « (…) les infirmiers ont toujours un décret d’actes au contenu datant d’il y a plus de dix ans ! Et pourtant la pratique avancée attend déjà depuis deux ans son cadre réglementaire ! ».

C’est donc un chantier majeur pour cette nouvelle année 2018 pour l’Ordre National des Infirmiers, dont le président affirme haut et fort :

2018 devra donc être l’année de l’évolution des compétences infirmières

Redonner sa place aux infirmières libérales, un projet ambitieux pour le nouveau président de l’ONI

 

L’année 2018 sera donc bien une année essentielle pour l’ordre lui-même et plus généralement pour toute la profession infirmière. Les questions de définition du champ de compétences et de la formation devraient être solutionnées dans les prochains mois, constituant une avancée majeure pour la profession. Mais en réaffirmant vouloir rester proche du terrain, le président entend aussi répondre aux attentes des professionnel(le)s en ce qui concerne leur « qualité de vie au travail ». Les questions du bien-être, de la souffrance des soignants, du burn-out des infirmières seront aussi au centre des débats et des actions de Mr Chamboredon. Conscient des problèmes de sécurité qui se posent aux infirmières et infirmiers libéraux comme du malaise profond existant au sein des infirmières hospitalières, il souhaite participer à une évolution des mentalités en la matière : Des violences et de l’insécurité qui le touchent particulièrement car l’exercice (libéral) est isolé et assuré d’ailleurs par une majorité de femmes (même si bien entendu l’hôpital ou l’école ne sont pas épargnés par les incivilités, les violences et les agressions). On ne peut se contenter de déplorer cet état de fait, de s’émouvoir à chaque nouveau suicide ou à chaque nouvelle agression d’une consœur ou d’un confrère en publiant des communiqués de presse. C’est aussi l’occasion pour le président de l’Ordre National des Infirmiers d’appeler les pouvoirs publics à leur responsabilité, soulignant que la sécurité était une mission devant être assumée par l’Etat.

 

C’est donc un nouveau président, plein d’ambitions et de projets pour la profession infirmière, qui fait ses premiers pas, depuis quelques semaines, à la tête de l’Ordre. Il ne faut pas occulter, que depuis des années l’ONI est la cible récurrente pour de nombreux infirmiers « anti-ordre ». Il n’est pas certain, que les discours ambitieux de Mr Chamboredon puissent ramener ces contestataires dans le rang. Il faudra pour cela traduire ces ambitions en actes concrets et Mr Chamboredon en est pleinement convaincu : « La profession attend du concret, les maîtres mots de mon mandat seront proximité et dialogue. (…) Le maillage ordinal nous permet de précieuses remontées du terrain, c’est cela qui nous permettra de rester en lien avec la profession et d’accroître notre rôle en le rendant incontournable.

Faire de la mission de l’ONI un rôle incontournable pour toute la profession infirmière, le projet est ambitieux et le nouveau président a d’ores et déjà signé une feuille de route, en dévoilant ses nombreux projets. Parviendra-t-il à fédérer les infirmières libérales comme les infirmières hospitalières autour de lui ? C’est la question qui se pose, et il faudra attendre plusieurs mois avant de pouvoir y apporter une réponse.

Et vous, êtes-vous convaincu par les propos du résident de l’Ordre National des Infirmiers ? Estimez-vous que Mr Chamboredon parviendra à faire évoluer la profession ? Quels seront les principaux obstacles à franchir selon vous ?