En quelques années, la profession d’infirmière libérale s’est grandement transformée. Désormais, chaque infirmière libérale doit être habituée à utiliser des équipements de plus en plus innovants, tout en se formant aux promesses de la e-médecine. Alors, l’infirmière libérale de demain, sera-t-elle une experte des soins ou une spécialiste des innovations en tout genre ?

L’infirmière libérale d’aujourd’hui, une professionnelle aguerrie aux nouvelles technologies

Comme bien d’autres professions, et plus encore pour celles relevant du domaine de la Santé, l’Infirmière libérale est aujourd’hui équipée des équipements de pointe. Ce matériel de dernière génération a facilité grandement le quotidien des infirmières et infirmiers libéraux, sans que nous ne nous en rendions plus compte aujourd’hui.

Désormais, lorsqu’une infirmière envisage de s’installer en libéral, elle ne se limitera plus à la recherche d’un local pour pouvoir s’installer mais se renseignera pour se doter d’un ordinateur, d’une tablette tactile, d’un Smartphone. Les infirmières libérales, qui s’installent ou qui préparent l’ouverture de leur cabinet infirmier, n’auront pas à craindre d’être confrontées, comme leurs ainées, à des feuilles de soins qui s’égarent et/ou qui disparaissent. Désormais, les feuilles de Soins Electronique (FSE) ont remplacé le support papier. Bien évidemment, les infirmières libérales d’aujourd’hui n’ignorent plus rien de la télétransmission. Le lecteur de carte vitale les suit dans tous les déplacements auprès de la patientèle. Le Smartphone se révèlera être bien plus qu’un simple moyen de communication. Il sera utilisé pour gérer l’emploi du temps de l’infirmière libérale, mais aussi pour se transformer le moment venu en un très utile et pratique GPS ou encore devenir, l’espace d’un instant, un appareil photo. Ce dernier permettra de scanner et d’enregistrer les ordonnances….

Un quotidien 2.0 pour les infirmières libérales, un progrès incontestable, vraiment ?

Que dire des dossiers de soins, que l’infirmière libérale peut désormais compléter au chevet du patient en ouvrant son logiciel infirmier sur son Smartphone. Le travail des infirmières et infirmiers libéraux s’en trouve non seulement grandement simplifiés, mais ces innovations garantissent aussi un meilleur suivi de chaque patient (aujourd’hui, un simple Smartphone permet de prendre une plaie en photo, photo qui sera ensuite archivée dans le dossier de soins adéquat) et une amélioration de la continuité des soins (les transmissions orales entre deux infirmières sont de plus en plus souvent remplacées par le partage de données numérisées).

Mais si les infirmières et infirmiers libéraux sont connectés en permanence au quotidien, ils doivent également s’adapter à de nouvelles pratiques de soins, initiés par ces innovations technologiques. La question se pose avec d’autant plus d’importance, qu’un nouveau projet d’avenant à la convention médicale relative à la téléconsultation et la téléexpertise est en cours de discussions. Dans bien des situations, cette consultation médicale à distance impliquera la présence d’infirmières libérales ou hospitalières, sans que leur reconnaissance ne soit encore à l’ordre du jour.

L’infirmière du demain, une technicienne des soins ou une experte des innovations ?

Ce sujet fait débat et inquiète bon nombre d’infirmières et d’infirmiers libéraux. C’est cette inquiétude, que l’Organisation Nationale des Syndicats des Infirmiers Libéraux (ONSIL) a porté à la connaissance des autorités publiques en publiant, le 08 mars dernier, une lettre ouverte. Se félicitant que « l’E-médecine doit remettre le patient au centre du projet de soins, par l’intermédiaire d’équipes pluriprofessionnelles qui l’entourent. », l’ONSIL s’inquiète néanmoins du flou régnant autour de la place et du statut des infirmiers libéraux notamment. : « Pour garantir la qualité de la téléconsultation, l’Onsil, au nom des infirmiers à domicile, vous demande de reconnaître intellectuellement et financièrement en cette période de négociations conventionnelles, l’accompagnement clinique infirmier du patient lors de l’e-consultation médicale, ainsi que l’Expertise en soins infirmiers. »

En avril dernier, Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), allait même encore plus loin, en soulignant que les infirmières et infirmiers étaient tout simplement oubliés de ces négociations : «  Pourquoi cloisonner le numérique supposé ouvrir le champ des possibles ? Un médecin ne peut être un expert infirmier, et les infirmiers développent des expertises dont ont besoin les médecins. »

A ce jour, aucune réponse n’est apportée à ces inquiétudes légitimes, et les infirmières libérales peuvent naturellement s’interroger, si elles trouveront une place définie dans la médecine du futur.

Et vous, entre les équipements de plus en plus innovants et les nouvelles formes de pratiques médicales qui se font jour, estimez-vous que la place de l’infirmière libérale doive être mieux définie ?