C’est un fait divers, qui remet sur la place publique la question des relations professionnelles entre le médecin d’une part et l’infirmière ou l’infirmier libéral d’autre part. Ces relations ne sont-elles pas biaisées par l’autorité affichée du médecin ? La question semble encore se poser.

 

Les relations entre médecin et infirmière libérale, un sujet ouvert à de nombreuses controverses

Toutes les infirmières libérales le savent mieux que quiconque. Il ne suffit pas au quotidien de soigner les relations, qu’elles nouent et entretiennent avec leurs patientes et leurs patients, mais aussi de s’attacher à ce que ces relations avec les autres professionnels de santé soient apaisées dans un esprit constructif. Les médecins généralistes sont bien évidemment en bonne place dans cette liste de professionnels de santé, avec lesquelles l’infirmière libérale se doit de dialoguer quotidiennement. Tour à tour référent, prescripteur, conseiller, le médecin conserve aussi, aux yeux de la patientèle, l’image de « l’autorité médicale ». Pourtant, c’est bien l’infirmière ou l’infirmier libéral, qui est en relation, jour après jour, avec les patients. L’IDEL devient alors le premier soignant, celui qui est en charge d’orienter et de guider les demandes des patients (mais aussi celles émanant de la famille de ces derniers).

Parfois, ces relations entre infirmières libérales et médecins peuvent poser problèmes et être à l’origine de tensions. Dans d’autres cas, plus rares fort heureusement, la relation professionnelle peut même devenir un véritable cauchemar pour l’infirmière libérale.

Quand l’infirmière libérale est dépassée par le comportement d’un médecin

C’est une telle aventure, qui était jugée devant le tribunal correctionnel du Havre. L’histoire est ancienne et concerne un médecin, âgé aujourd’hui de 70 ans, et une infirmière libérale. Le médecin, référent professionnel de l’infirmière libérale, s’éprend amoureusement de cette mère de famille et le lui fait savoir, que ce soit en lui offrant des cadeaux ou en lui déclarant sa flamme. L’infirmière libérale l’éconduit courtoisement comme le souligne le président du tribunal : « Vous lui aviez dit ne pas être intéressée, mais malheureusement ça ne l’avait pas arrêté ».

Ces tentatives du médecin s’arrêtent en 2011, après qu’il ait du se justifier auprès du Conseil de l’Ordre en expliquant que les cadeaux offerts l’étaient en « tout bien tout honneur ». Cependant, le médecin récidive à partir de décembre 2015, en multipliant les appels téléphoniques anonymes, tous consacrés à des déclarations d’amour. L’infirmière libérale n’est pourtant pas dupe, et lorsqu’elle porte plainte en mars 2016 auprès de la gendarmerie, elle confirme que ses soupçons se portent sur ce médecin. Les « appels téléphoniques malveillants réitérés », comme les qualifient le Procureur de la République, perdureront jusque février 2017, et c’est donc ce harcèlement constant qui était jugé par le tribunal correctionnel.

L’ « autorité » du médecin et l’infirmière libérale, une question d’approches et de point de vue !

Si l’infirmière libérale a « supporté » ce harcèlement, elle déclare s’être réellement inquiétée lorsque le médecin s’est révélé plus intrusif encore, en se renseignant notamment sur ses enfants. « Ça m’a bouleversé » explique l’infirmière libérale, en relatant comme le médecin a envoyé ses félicitations lorsque son fils a obtenu une mention à un examen. Si l’accusé n’était pas présent à l’audience, son avocat a souligné qu’« il n’y a jamais eu un propos insultant, menaçant. Il n’y a jamais eu la moindre notion de malveillance ». Et la défense de l’infirmière libérale l’a confirmé, mais la multiplication de ces compliments et de ces déclarations d’amour n’en reste pas moins un harcèlement. Pour l’infirmière libérale, ces messages restent malveillants, puisqu’elle en a souffert au quotidien pendant de si longues années. Le médecin a été condamné à deux mois de prison, peine assortie d’un sursis simple.

Cette histoire qui se termine bien ne doit surtout pas prêter à sourire, soulignant à quel point l’autorité du médecin peut encore être à l’origine de tels comportements condamnables. Il ne s’agit aucunement de condamner une pratique, forte heureusement rarissime, mais bien de souligner, qu’un tel harcèlement n’aurait pas perduré pendant de si longues années, si les rôles avaient été inversés. Comme quoi, les mentalités changent petit à petit …

Et vous, considérez-vous que les relations entre médecin et infirmière libérale doivent encore être améliorées ? De quelle manière ?