Les infirmières libérales et les devoirs de vacances de l’Assurance Maladie

Synonyme de départs en vacances et de repos bien mérité, l’été est aussi la période durant laquelle l’Assurance Maladie dévoile son rapport annuel, prévoyant les plans d’économies pour la nouvelle année à venir. C’est avec les données de ce rapport pour 2019, que les infirmières et infirmiers libéraux vont pouvoir partir en vacances en sachant ce qui les attendra dès la rentrée.

Les devoirs de vacances des infirmières libérales, imaginés par l’Assurance Maladie

Chaque année, c’est le même phénomène. C’est en début d’été, alors que les infirmières et infirmiers libéraux se préparent à partir en vacances, que l’Assurance Maladie publie son rapport  « Charges et produits ». C’est dans cette publication, que sont dévoilées les propositions d’amélioration mais aussi les suggestions pour optimiser la maitrise (ou de baisse) des dépenses de santé. Malgré le calendrier, cette publication ne passe jamais inaperçue auprès des professionnels de santé. Et en 2018, les infirmières et infirmiers libéraux ont donc prix connaissance de celui-ci, alors qu’ils sont déjà dans l’attente d’avancées en ce qui concerne leurs négociations conventionnelles, et qu’ils s’impatientent du grand plan Hôpital, annoncé depuis des semaines comme une véritable révolution pour le système de Santé. Autant dire, que toutes les conditions ne sont pas réunies pour partir en vacances l’esprit tranquille.

Concernant le rapport de l’Assurance Maladie, l’objectif reste, sans surprise, la poursuite des économies à réaliser sur les dépenses de santé. Et pour l’année 2019, l’objectif est une fois de plus ambitieux puisqu’on parle de deux milliards d’euros d’économies.

Les économies de l’Assurance Maladie, quelles conséquences pour les Infirmières libérales ?

Dans le détail, l’hospitalisation à domicile et la chirurgie ambulatoire restent une des pistes prioritaires pour les mois à venir, puisqu’iles devraient permettre 200 millions d’euros d’économies. Le Ministère de la Santé a déjà fait savoir que l’objectif était d’atteindre 70 % de chirurgie ambulatoire en 2022, et on comprend donc que les efforts sont importants pour parvenir à cette fin dans un délai relativement court. Des séjours de plus en plus courts dans les hôpitaux impliquent aussi un effort particulier sur les soins de ville et notamment sur l’activité des infirmières et infirmiers libéraux. Le programme d’aide au retour à domicile (Prado) devrait ainsi permettre de réduire la facture de 70 millions d’euros. Depuis le rapport édité au cours de l’été 2017 ; l’Assurance Maladie a ainsi défini 5 postes contribuant « fortement à la croissance des dépenses « ambulatoires» » à savoir :

  • Les actes et consultations externes,
  • La LPP
  • Les soins infirmiers à domicile
  • Les transports sanitaires
  • Les soins de spécialistes.

Parce que l’Assurance Maladie veut tout faire pour se doter de tous les moyens pour parvenir à ses fins, elle a détaillé les efforts particuliers attendus pour l’année 2019, en expliquant vouloir se concentrer sur :

  • Les patients atteints de maladies Chroniques,
  • L’accompagnement des sorties précoces de maternité,
  • L’accompagnement des prises en charges post-chirurgicales nécessitant une suite de soins réalisées en ville.

Un autre pilier pour atteindre les deux milliards d’économies en 2019 consiste à poursuivre les efforts en ce qui concerne les génériques (la volonté du Ministère de la Santé en la matière est d’atteindre un taux de substitution de 90 %). Les infirmières libérales comme les masseurs kinésithérapeutes seront eux-aussi mis à contribution de manière plus directe, puisque l’Assurance Maladie explique vouloir améliorer les actions de maitrise médicalisée en les définissant plus en lien avec les nouveaux accords conventionnels (et on sait, que pour les IDEL(s), le sujet est plus que délicat, puisque les négociations n’ont pas abouties mais qu’elles sont en outre suspendues).

Une année 2019 sous le signe de la rigueur et du contrôle ?

Autant dire, que les infirmières et infirmiers libéraux vont donc se poser beaucoup de questions pendant leurs vacances, en se demandant quel sera le détail de ces propositions pour les semaines et les mois à venir. Le 3ème axe prioritaire défini par l’Assurance Maladie pour réduire les dépenses de santé consiste à amplifier la …. Lutte contre la fraude. Pour la 3ème année consécutive, les autorités sanitaires font de la fraude une des priorités en matière de maitrise budgétaire, et le dernier rapport de l’Assurance Maladie souligne que depuis 2016, cette lutte a permis d’augmenter de manière considérable les résultats obtenus. En 2017, l’organisme a ainsi détecté et stoppé 270 millions d’euros de « fraudes », soit 10 % de plus qu’en 2016. Ces contrôles devraient donc encore s’intensifier dans les mois à venir, alors que de nombreuses infirmières libérales soulignent déjà à quel point ce climat de suspicion est néfaste pour leur activité et leur sérénité au quotidien.

Et vous, comment jugez-vous les ambitions fixées par l’Assurance Maladie ? Les pistes pour atteindre ces objectifs vous apparaissent-elles judicieuses et efficaces ?