Depuis le 19 juillet dernier, l’infirmière de pratique avancée (IPA) a une réalité juridique, puisque le décret a été publié au Journal Officiel. Une réponse à des revendications et des doutes, qui subsistent, quel est le cadre exact de ce nouveau statut ?

Un nouveau statut pour la profession infirmière, chronique d’une création annoncée

On en parle depuis des années, et depuis plusieurs semaines, l’Infirmière de Pratique Avancée (IPA) était annoncée comme imminente. Depuis que la loi Santé, dite Loi Touraine (26/01/2016), avait officialisé ce nouveau statut pour l’infirmière, les questions liées à ce sujet se multipliaient de jour en jour. C’est désormais une histoire ancienne, puisque le décret officiel relatif à l’exercice infirmier en pratique avancée est paru au Journal Officiel du 19 juillet dernier. C’est donc le moment de revenir sur les principales spécificités, qui sont enfin définies précisément.

Aux termes de ce texte officiel, l’IPA participe à la prise en charge globale des patients dont le suivi lui est confié par un médecin . L’infirmière ou l’infirmier apporte donc son expertise, dans un parcours de soins, dont les choix thérapeutiques sont assumés par le médecin. L’IPA s’inscrit donc dans une prise en charge multidisciplinaire, impliquant de collaborer avec l’ensemble des intervenants. Les interrogations, nées du débat autour de ce nouveau statut, sont donc levées de manière définitive, d’autant que le décret encadre précisément l’activité et l’intervention de l’IPA.

L’IPA, une mission encadrée pour un objectif défini

Les situations justifiant l’intervention de l’IPA sont strictement définies dans l’arrêté (pathologies chroniques stabilisées ; prévention et polypathologies courantes en soins primaires (…), oncologie et hémato-oncologie ; maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale). L’infirmière de pratique avancée se voit également assigner une liste précise de missions depuis la conduite d’ « un entretien avec le patient qui lui est confié » jusqu’à la possibilité de « renouveler, en les adaptant si besoin, des prescriptions médicales dont la liste est établie par arrêté du ministre chargé de la santé, après avis de l’Académie nationale de médecine ».

Le décret officiel permet donc de lever les quelques doutes, qui subsistaient encore sans pour autant introduire de véritables modifications par rapport à ce qui était annoncé depuis plusieurs mois. L’intervention de l’IPA se fera ainsi en fonction d’un protocole d’organisation, qui en déterminera les modalités pratiques et les spécificités. Ce protocole devra être paraphé par l’IPA d’une part mais aussi par le médecin, avant d’être porté à la connaissance de toute l’équipe de soins.

C’est le médecin, qui définira les patients, qui pourront prétendre à un tel suivi infirmier, avec pour chacun d’entre-eux la transmission, par voie sécurisée, du dossier médical. Le décret précise qu’en cas de situations dépassant son champs de compétences, l’infirmière de pratique avancée « adresse le patient sans délai au médecin et en informe expressément ce dernier afin de permettre une prise en charge médicale dans un délai compatible avec l’état du patient. »

Une évolution attendue depuis longtemps par les infirmières libérales et hospitalières

 

Bien que toutes les revendications portées par la profession infirmière n’aient pas été entendues, cette officialisation du statut d’infirmière en pratique avancée répond à une attente de la profession. Un récent sondage du Journal international de la médecin (JIM) souligne même que 87 % des infirmières interrogées sont favorables à ce nouveau statut. De manière plus générale, les professionnels de santé sont eux-aussi plutôt favorables à cette avancée (65 %) même si on ne doit pas masquer qu’il existe encore des réticences (30 % des professionnels de santé interrogés et 11 % des infirmières).

C’est donc la pratique qui permettra aux indécis de se faire une opinion sur ce statut, que certains présentent encore sous le titre de « super infirmière » alors que d’autres préfèrent y voir une évolution de la profession vers un exercice plus collaboratif.

Toujours est-il, que la profession d’infirmière en pratique avancée est devenue une réalité encadrée, répondant ainsi à de nombreuses revendications d’infirmières et infirmiers libéraux, et que cette officialisation devrait s’accompagner de mesures d’accompagnement, qui seront annoncées en même temps que le plan Hôpital du gouvernement, dévoilé dans quelques semaines.

Et vous que pensez-vous de cette création du statut d’infirmière en pratique avancée ? Pensez-vous que le statut évoluera dans les années à venir pour donner encore plus d’importance aux infirmières et infirmiers ?