C’est un sujet peu médiatisé, tant il renvoie tout un chacun à ses propres peurs, ses propres craintes. Les aidants ont eux-aussi besoin d’être accompagnés et assistés, et ils le sont déjà au quotidien par les infirmières et infirmiers libéraux.

Quand l’infirmière libérale aide ses patient(e)s à rester à domicile

On évoque souvent les soins prodigués au quotidien par les infirmières et infirmiers libéraux. Mais ces professionnels de santé jouent aussi un rôle social essentiel, qu’il est indispensable de souligner. Avec le vieillissement de la population, la multiplication des patientes et des patients atteints de pathologies chroniques, vouloir rester à son domicile pour ses derniers jours devient une réalité, qui concerne un nombre toujours plus important pour les patients. On connait les ambitions des autorités publiques en la matière, qui cherchent ainsi à promouvoir le développement de l’ambulatoire et le renforcement de l’hospitalisation à domicile, y compris dans cette période si difficile et si particulière qu’est la fin de vie.

Cela représente un défi important pour les infirmières libérales, qui restent, faut-il le rappeler, le premier soignant qui est au chevet de ses patients. Avec un (ou plusieurs) passage (s) chaque jour, l’infirmière libérale pénètre l’intimité de chacun de ses patients, lui imposant ainsi de « dépasser » son seul rôle de soignante. C’est aussi par cette action du quotidien, que les infirmières et infirmiers libéraux se confrontent à une triste mais bien réelle réalité : la rencontre des aidants.

Aidants et infirmières libérales, un partenariat au bénéfice des patients !

On estime qu’en France, ce sont plus de 11 millions de personnes, qui soutiennent un proche en situation de dépendance. 11 millions de personnes, qui, depuis la loi du 28 décembre 2015, bénéficient d’un statut légal, puisque considérés comme des personnes « qui viennent en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne ». Cette réalité soulève de nombreuses problématiques. Engagés dans l’accompagnement de leur proche, les aidants doivent concilier cette assistance à leur vie professionnelle, car ils représentent déjà 15 % de la population active. Et puisque 75 % des aidants avouent connaitre une situation de stress ou d’angoisse, on comprend que ce statut peut avoir de graves répercussions sur l’activité économique (absentéisme, manque de motivation, baisse de productivité, …).

Mais l’aidant doit pouvoir accompagner le proche, à qui il consacre une grande partie de son quotidien. Une assistance matérielle et administrative bien sûr, mais aussi un accompagnement dans les soins, prodigués par le corps médical. Et qui est le plus confronté à ces aidants au quotidien pour les conseiller d’une part, les assister d’autre part ? Les infirmières et infirmiers libéraux.

Des attentes communes aux aidants et aux infirmières et infirmiers libéraux

Pourtant, si les relations entre une infirmière libérale et les autres professions de santé sont strictement encadrées et organisées, celles plus usuelles les unissant à ces aidants restent, aujourd’hui encore, bien trop floues. Si l’infirmière libérale sait qu’elle peut compter sur cet aidant dans ses soins quotidiens, si l’infirmière libérale sait qu’elle peut s’appuyer sur celui-ci pour partir (chez un autre patient) l’esprit plus tranquille, qui va venir en aide à celui-ci quand il en aura besoin ? Le sujet est épineux, et depuis quelques années, il est pris en compte dans une réflexion plus globale de l’hospitalisation à domicile.

Même si la présence de l’aidant est, dans la majorité des cas, quotidienne, celle de l’infirmière libérale permet de bénéficier d’une véritable sentinelle, capable de détecter la survenue de toute anomalie, comme par exemple lorsqu’il s’agit d’identifier les cas de dénutrition. C’est en rapport avec l’aidant, que l’infirmière libérale va être en mesure d’agir ou de réagir. C’est encore l’infirmière libérale, qui va écouter et conseiller lorsque les aidants avoueront leur impuissance ou leur incapacité à prendre en charge tel ou tel problème particulier. C’est un travail à part entière, même s’il n’est pas encore officiellement reconnu. De nombreuses associations d’aidants agissent pour que soit reconnu leur place dans le parcours de soins de leur proche, une demande pas si éloignée que cela de celle portée par les infirmières libérales, qui veulent pouvoir apporter leur aide à celles et ceux, qui ont accepté de tout sacrifier pour accompagner leur conjoint, leur parent, leur enfant dans les derniers moments de sa vie.

Et vous, quel est votre sentiment sur le sujet ? Estimez-vous que cette prise en charge des aidants doit être reconnue et encadrée ?