Quand les outils numériques permettent aux infirmières libérales de répondre aux patients

Développer sa patientèle reste, même si le sujet est rarement évoqué, une des priorités des infirmières et infirmiers libéraux au quotidien. Lors de l’installation d’une infirmière libérale, son objectif principal sera même de se constituer ce socle de base pour pouvoir travailler au quotidien. Et par la suite, chaque cabinet d’infirmiers libéraux se doit de pouvoir répondre à tous les patients, résidant sur le même secteur géographique. Doit-on, pour autant, rappeler les contraintes (pour ne pas dire interdiction) faites aux infirmières libérales en matière de communication et de publicité ? Elles doivent recruter de nouveaux patients, tout en respectant la déontologie de la profession.

Cependant, depuis plusieurs années, une nouvelle forme de « publicité » s’est faite jour. De nombreux sites Internet se sont créés afin de faciliter la mise en relation entre les patients d’une part et les infirmières et infirmiers libéraux. Le fonctionnement de ces plateformes est relativement simple, même si certaines différences peuvent apparaitre :

  • Chaque infirmière et infirmier libéral peut s’inscrire sur ces plateformes de mise en relation, en remplissant une fiche personnalisée (Nom, adresse, coordonnées, spécialités, …)
  • Lorsqu’un patient effectue une recherche, sa demande est transmise aux infirmiers libéraux en mesure de répondre à ses attentes. L’IDEL reste libre d’accepter ou non.
  • Le rendez-vous peut alors être pris directement en ligne

Les plateformes de mise en relation avec les infirmières légales, un moyen acceptable déontologiquement parlant ?

Puisque tout est automatisé, l’infirmière libérale doit donc gagner un temps précieux au quotidien. Inutile de répondre au téléphone, puisque les patients sont incités, par ces plateformes et par la digitalisation de notre quotidien, à recourir à la réservation en ligne plutôt que de décrocher leur téléphone. Avec un outil de gestion d’agenda, ces plateformes facilitent donc le quotidien des infirmières libérales, en leur permettant même de bénéficier de services optionnels, comme l’envoi de SMS pour rappeler au patient le passage de l’IDEL. Tout ceci a naturellement un coût, mais nous nous interrogerons sur ce dernier dans les semaines à venir à l’occasion d’un nouveau sujet.

La question aujourd’hui reste bien de s’interroger sur la conformité de ces plateformes de mise en relation avec la déontologie de la profession infirmière. La publicité est toujours interdite aux infirmières libérales même sur une source extérieure que peut représenter une telle plateforme. Fin septembre 2017, l’ONI avait même publié un avis de mise en garde, rappelant ainsi cette interdiction mais aussi une obligation, celle de pouvoir garantir la sécurité et la confidentialité des données de santé.

Des relations modernes à encadrer ou à réinventer pour les infirmières libérales

On ne peut pas considérer une simple fiche descriptive sur une telle plateforme comme étant une publicité pour l’infirmière libérale. En revanche, ces plateformes, étant des Pure Players et des spécialistes des outils digitaux, réussissent à capter la majorité du trafic. Ainsi, dans certaine grandes villes, une recherche du type « infirmière libérale à Paris » ou « infirmière Paris  » ne renvoie plus vers le site des pages jaunes ou vers celui des différents cabinets d’infirmiers libéraux, mais dirige directement les internautes vers ces plateformes. Cela peut poser un problème déontologique, puisque le libre choix du patient n’est plus respecté.

De même, une infirmière libérale, ayant refusé de s’inscrire sur une telle plateforme, n’apparaitra plus dans les résultats de recherche, et ne pourra donc plus être contactée par d’éventuels nouveaux patients. La question est loin d’être anodine, puisque plus le temps passe, et plus la maitrise de ces plateformes sur le trafic généré devient optimale. Un récent conflit entre les médecins généralistes et une plateforme de ce type très connu a mis à jour d’autres motifs d’inquiétude. Cela aussi doit interroger les infirmières et infirmiers libéraux. La loi sur le numérique, attendue au cours de l’année 2019, devrait permettre de prendre connaissance des dispositifs prévus par le législateur en la matière.

 

Et vous, utilisez-vous ce genre de plateformes de mis en relation ? Quel est votre avis sur le sujet ? Une source d’inquiétude ?