Associer les infirmières libérales aux bonnes sœurs fait partie des stéréotypes, qui ont la vie dure. Et pourtant, la profession dispose aujourd’hui d’un ordre national et d’un code de déontologie. Est-ce suffisant pour porter les spécificités et les exigences de la profession ?

 

L’infirmière libérale d’aujourd’hui, une généalogie pittoresque façon image d’Epinal

Au fil des siècles, même si elles ne portaient pas le nom d’infirmières libérales, les femmes étaient les principales « soignantes » du quotidien. Cela faisait partie du rôle de la femme dans la société, même si les femmes étaient interdites d’écriture. Elles recevaient donc leurs consignes et apprenaient auprès des lettrés, principalement les médecins et les curés. Si la situation de ces infirmières d’antan a bien évolué au fil des années, il faudra attendre la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat pour que l’idée même des infirmières libérales commencent à se développer. Les « Infirmières de l’Etat français », diplôme créé dans les années 1920, soignaient mais portaient aussi la « bonne parole » (l’aspect religieux a longtemps été attaché à la profession) pour l’hygiène publique et support de la lutte contre les fléaux sociaux.

Peu à peu, l’aspect social a été séparé du domaine purement médical, même s’il faudra attendre l’arrêté du 31 décembre 1947 pour organiser le cadre du travail des ancêtres des infirmières libérales d’aujourd’hui. C’est ainsi, que l’image d’Epinal, « la bonne sœur » visitant ses patients chaque jour, a peu à peu disparu du quotidien de la population française, même si elle reste toujours présente dans l’imaginaire collectif.

Quand les infirmières libérales s’organisent, l’Ordre National des Infirmiers

Si depuis le début des années 1980, les infirmières et infirmiers libéraux ont vu leurs compétences évoluer, la profession ne disposait pas d’un organe représentatif. De nombreuses professions médicales et paramédicales possédaient leur ordre professionnel, mais il faudra attendre le 13 juin 2006 pour que soit créé l’Ordre National des Infirmiers (ONI), chargé de porter les revendications et de représenter les infirmières libérales d’une part mais aussi les infirmiers hospitaliers. C’est alors une victoire pour la profession, qui se voit reconnaître officiellement et qui dispose désormais d’un organe pour défendre ses intérêts.

Les premiers mois, et même les premières années, de l’ONI ont été difficiles, puisque de nombreux infirmiers libéraux et hospitaliers s’insurgeaient contre cette création. Ces tensions ont perduré pendant de nombreuses années, puisqu’en 2015, un amendement proposé par les députés visait même à supprimer purement et simplement l’ordre National Infirmier. Si les tensions semblent s’adoucir ces derniers mois, l’ONI reste conscient des efforts à déployer pour apaiser durablement les relations avec les infirmières et infirmiers libéraux d’une part mais aussi avec les infirmières hospitalières d’autre part.

 

Les infirmières libérales au cœur des ambitions de l’Ordre National des Infirmiers

Outre ses tâches quotidiennes et ses obligations réglementaires, l’Ordre National des Infirmiers s’évertue aussi à porter des revendications portées par les infirmières et infirmiers libéraux. Ainsi, Anne Jauer, vice-présidente libérale de l’Ordre national des infirmiers (ONI) expliquait la volonté de l’ONI de sécuriser le quotidien des infirmières libérales :  « De nombreuses violences ont eu lieu récemment à l’encontre des infirmières libérales et cela nous touche énormément.  Nous sommes la seule profession  paramédicale à assurer encore une continuité des soins au domicile des patients 24 heures sur 24 « 

Cette représentation de la profession souligne aussi parfois es relations difficiles que l’ONI peut connaitre avec d’autres organisations professionnelles. C’est le cas depuis plusieurs mois avec les représentants des pharmaciens, auxquels certaines infirmières libérales contestent de monopoliser l’élargissement des autorisations de vacciner.

Si de nombreuses infirmières libérales se sont indignées lors de la présentation de la Réforme de la Santé en France « Ma Santé 2022 », l’ONI a également fait connaitre son incompréhension, soulignant que les IDEL(s) étaient les grandes oubliées d’un plan, qui ambitionne de remettre la proximité au cœur de la politique de Santé publique en France : « Parmi eux, 120000 exercent à titre libéral en proximité directe avec les patients, se rendant à leur domicile le plus souvent quotidiennement, assurant les retours d’hospitalisation le week-end notamment. Ils sont très fortement impliqués dans l’offre de soins dans les territoires, leur répartition ne délaissant pas les zones rurales ou périurbaines et participent pleinement aux équipes de soins primaires. » L’ONI va-t-il réussir à réunir l’ensemble de la profession ? La question reste posée, mais dans tous les cas, l’ordre national semble bien vouloir susciter l’adhésion de toutes les infirmières libérales.

Et vous, que pensez-vous de l’action de l’ONI ? Estimez-vous que la profession d’infirmière libérale est suffisamment représentée ?