Les problématiques autour de la formation infirmière sont aussi nombreuses qu’anciennes. Pourtant, l’universitarisation de la formation infirmière ne se limite pas au seul choix d’un cursus plutôt qu’un autre mais engage l’avenir de la profession. Des spécialistes de la question se sont réunis pour s’interroger sur cette évolution.

Les infirmières libérales s’interrogent sur leur avenir

On lit souvent, sur des forums ou des sites spécialisés, les revendications portées par bon nombre d’infirmières et d’infirmiers libéraux, et celles-ci sont aussi nombreuses que variées. Ces demandes concernent principalement l’avenir de la profession elle-même, et c’est ce thème qui était au cœur de la réunion du Comité d’entente des formations infirmières et cadre (Cefiec). Le Cefiec s’est en effet réuni le 04 juin dernier, et le comité, qui regroupe les IFSI notamment, avait décidé de placer l’avenir du métier d’infirmier au centre des débats. Bien que la vocation reste une des voies privilégiées pour attirer les IDEL(s) de demain, la réflexion a conduit le comité à souligner l’importance (et même la nécessité) de l’universitarisation de la formation infirmière pour rendre la profession plus attrayante.

Bien que l’on ait déjà souligné l’attractivité de la formation infirmière vis-à-vis des lycéens et des lycéennes d’aujourd’hui, le Cefiec a souhaité aller plus loin dans la démarche en réfléchissant aux mesures à prendre pour rendre le cursus des infirmières libérales plus sécurisant et plus adapté aux nouvelles exigences. Au cours de cette réunion, le Ministère de l’Enseignement Supérieur a motivé sa décision d’intégrer les formations infirmières à la voie universitaire, en rappelant les 4 objectifs poursuivis :

  1. Offrir et garantir les mêmes droits aux étudiants infirmiers que ceux déjà acquis par les autres étudiants
  2. Renforcer la recherche en soins infirmiers
  3. Favoriser les interactions avec les formations aux autres professions de santé
  4. Flexibiliser les parcours des futures infirmières libérales et hospitalières.

L’universitarisation des études en soins infirmiers, un pallier nécessaire pour réinventer la place de l’IDEL de demain

 

Le processus est bien engagé, et les propos de la représentante du Ministère de l’enseignement supérieur devant l’Assemblée se sont révélés optimistes sur une finalisation prochaine de cette évolution attendue par les professionnels de santé eux-mêmes. Président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), Bilal Latreche a même souligné l’attente des étudiants d’aujourd’hui, en expliquant que « ont besoin de professionnels de santé aux compétences élargies, et c’est pour cela qu’il faut aller vers l’universitarisation ».

L’université serait donc le moyen à privilégier pour rendre la profession plus attirante pour les étudiants de demain mais aussi pour adapter cette profession aux nouvelles attentes du Système de santé en France. Promouvoir la « culture commune de la santé » et inciter à plus de coordination, l’ambition des autorités publiques fait écho aux mesures déjà prises lors de la Réforme de l’année précédente, Ma Santé 2022.

Aujourd’hui déjà, l’universitarisation concerne une grande partie des étudiants et des étudiantes se destinant à devenir infirmier(e)s. D’autres experts ont profité de cette réunion pour mettre en garde contre les obstacles, qui ne manqueront pas de se dresser au cours de cette transformation. En effet, intégrer totalement la formation infirmière à la voie universitaire revient à reconnaitre officiellement l’existence d’une véritable science infirmière. Or, à ce jour, les compétences des infirmières libérales et hospitalières ne sont pas définies par rapport aux avancées scientifiques ou aux recherches menées, mais sont encadrées strictement par des décrets administratifs. Ces décrets d’actes infirmiers représentent un véritable frein à cette universitarisation. On comprend bien, que pour surmonter cet obstacle, les infirmières et infirmiers, quel que soit leur statut, doivent se libérer de leur image de professionnel de santé, limité dans leurs actes par un décret, pour s’engager massivement dans la voie de l’infirmier chercheur, qui maitrise son « art ». Plus qu’un simple changement sémantique, cette universitarisation de la formation infirmière nécessitera un véritable changement d’état d’esprit et d’approche. La profession infirmière y est-elle prête ? la question devrait obtenir rapidement une réponse puisque le chantier fait partie des priorités du gouvernement.

 

Et vous, pensez-vous que la formation infirmière sera totalement et pleinement intégrée à la voie universitaire ? quels sont alors selon vous les principaux obstacles à cette évolution ?