Créé par Egora et 360 Medics, le baromètre sur la perception de la qualité des soins par les médecins et les infirmiers a été dévoilé pour sa seconde édition. En interrogeant des infirmières libérales et hospitalières, des médecins généralistes et en cours de formation, le baromètre entend souligner la vision que ces professionnels de santé ont des soins prodigués en France. Le résultat apparait alarmant en soulevant bien des problématiques. Alors comment les infirmières et infirmiers jugent-ils de la qualité des soins en France ?

Les infirmières et infirmiers plutôt pessimistes en ce qui concerne la qualité des soins

Lorsque l’on s’intéresse aux soins en général, les infirmières libérales et hospitalières comme tous les autres professionnels de santé interrogés font part de leur pessimisme. A la question « Quelle note donneriez-vous à la qualité générale des soins en France ? » , les professionnels interrogés sont sévères en attribuant la note de 5.01/10. Le constat est déjà inquiétant, mais il devient encore plus problématique quand on constate une érosion de cette note par rapport à 2018 (5.58). A ce rythme-là, la barre symbolique de la moyenne devrait être enterrée avec la prochaine édition de ce baromètre. Les infirmières et infirmiers sont encore plus sévères en accordant un score de 4.81 (contre 5.11 en 2018). Il est difficile d’apercevoir des signes d’optimisme dans cette enquête, puisque même les étudiants en soins infirmiers revoient leur notation à la baisse en la faisant passer de 5.28/10 à 5.06 cette année. Dans la profession infirmière, les IDEL(s) se montrent les plus généreux dans leur notation puisqu’ils accordent un 5.13 (contre 5.67 en 2019).

On comprend donc que le malaise est profond, et que ni les infirmières libérales ni les médecins ne dessinent des plans pour sortir de cet état de la médecine en France. Et c’est cette absence de perspectives pour l’avenir, qui est le plus inquiétant.

Les professionnels de santé mettent en garde quant à l’avenir du système de santé

Une autre question essentielle a été posée à ces professionnels. Il s’agissait de recueillir leur réponse à la traditionnelle interrogation : « Estimez-vous que la qualité des soins est en danger en France ? » La réponse fait frémir, puisque 92.9 % des médecins en exercice répondent par l’affirmative. Chez les infirmiers, ils sont 99.2 % à craindre pour la qualité des soins prodigués. Les infirmières libérales et hospitalières sont à 99.1 % d’accord pour exprimer leurs craintes, et seuls les étudiants en soins infirmiers se montrent (très très) légèrement optimiste, puisqu’ils ne sont que 98.7 % à répondre oui à la question. Le problème est donc général et concerne toutes les formes d’exercice et toutes les régions. Ainsi, il faut souligner, que dans certaines régions (Auvergne Rhône Alpes, Bourgogne ranche Comté, Centre Val de Loire, Pays de la Loire), les infirmiers et infirmières en exercice, indépendamment de leur statut, répondent par l’affirmative à cette question à 100 %. C’est assez rare pour être souligné, mais le pessimisme est généralisé et profond dans la profession.

Une tendance et un ressenti des IDEL(s) qui posent questions

Si l’avenir ne semble pas radieux pour les professionnels de santé interrogés, ces derniers soulignent que la situation s’est dégradée au cours de ces 5 dernières années. C’est cette tendance, celle d’une lente mais inexorable baisse de la qualité, qui inquiète les autorités. 51 % des médecins considèrent que les soins se sont « beaucoup dégradés » au cours de ces 5 dernières années, et 37 % estiment qu’ils se sont légèrement dégradés. Au final, ce sont 89 % des médecins, qui déplorent une détérioration de la qualité des soins sur la période. De leur côté,, ce sont 95 % des infirmières et infirmiers libéraux qui dressent le même constat (65 % pour « beaucoup dégradé » et 30 % pour « légèrement dégradé »). Les résultats sont comparables à ceux obtenus dans la profession avec les infirmières hospitalières (94 % pour souligner la dégradation des soins) .

Pour mieux comprendre ce constat (alarmant ou alarmiste ?), le baromètre s’efforce de souligner les causes, pouvant expliquer cette dégradation de la qualité des soins et le manque d’optimisme pour les années à venir. Bien que les résultats puissent différer entre les médecins et les infirmiers, la première cause de cette dégradation réside dans la surcharge de travail et le manque de personnel. Avec un score de 5.15/6 (contre 5.01 en 2018), les infirmiers soulignent à quel point ces besoins humains sont un des principaux freins à la qualité des soins. Il n’est pas étonnant de voir que ce score est le plus élevé auprès des infirmières et infirmiers libéraux avec 5.31 /6. Il s’ensuit dans cette liste des causes de cette baisse de la qualité des soins :

  • Le manque de moyens financiers (3.63/6)
  • Bien-être et le moral (3.44)
  • Contraintes imposées par les autorités de santé (3.07)
  • Modalités de tarification (2.18)
  • Fluidité de l’information entre soignants autour du patient (2.01)
  • Manque de formation continue (1.52)

Des solutions pour redonner confiance aux infirmières libérales et à tous les professionnels de santé

L’évocation de ces causes à la baisse de la qualité des soins n’est pas une surprise, puisqu’on retrouve les principales revendications de la profession infirmière. La surcharge de travail, les problèmes de tarification, la gestion des indus, le manque de reconnaissance, … tous ces griefs se retrouvent dans les causes mises en avant par les infirmières libérales et hospitalières.

Lorsqu’on interroge les infirmières et les infirmiers sur les causes personnelles pouvant être en cause dans cette dégradation de la qualité, on retrouve les mêmes résultats avec une mise en avant des conditions matérielles qui se dégradent. Bien évidemment, le baromètre permet aussi de mettre en avant, qu’aucune tâche des professionnels de santé n’est épargnée dans cette quête incessante pour une meilleure qualité des soins. Les outils à privilégier, les systèmes d’information et de formation à généraliser, les schémas pour une meilleure coordination entre soignants, ….

L’engagement personnel des infirmières libérales et des soignants en général peut apparaître néanmoins comme un facteur d’optimisme. On a ainsi interrogé ces professionnels en leur demandant : « Sur ces dernières années, avez-vous l’impression que la qualité des soins, c’est …moins – un peu moins – autant – un peu plus – plus – d’engagement personnel ? « Pour 74 % des médecins, c’est plus d’engagement (17% un peu plus et 58 % plus). Si la profession infirmière dans son ensemble partage cette vision (78 % avec 72 % « plus » et 6 % « un peu plus »), les infirmières libérales accentuent encore ce constat partagé à 82 % (69 % déclarant plus d’engagement personnel et 13 % un peu plus).

Si cet engagement des soignants peut être une source d’optimisme, il peut aussi représenter un nouveau danger, puisqu’à force de décourager les infirmières libérales et les professionnels de santé, le système de soins risque aussi, à un moment donné, de les démotiver et de rompre cet engagement personnel qui semble faire tenir le système de santé en France. Pour combien de temps ?

Et vous, estimez-vous aussi que l’engagement des soignants est un facteur clé du système de santé en France ? Pensez-vous que le système arrive à bout de course ?

 

Pour prendre connaissance du dossier complet : 2ème édition du baromètre sur la perception de la qualité des soins par les médecins et les infirmiers.