Alors que les études en soins infirmiers attirent de plus en plus de candidats, les étudiants découvrent avec stupeur, que les frais de scolarité exigibles ne correspondent pas toujours à ce qui leur avait été annoncé.

Les études en soins infirmiers, un succès incontesté et incontestable auprès des jeunes générations

 

La profession infirmière fait encore beaucoup rêver les jeunes garçons et filles d’aujourd’hui. Si on se réfère aux chiffres officiels de Parcoursup, la plateforme pour les lycéens destinés à l’orientation post-bac, les études pour devenir infirmière sont celles qui ont le plus attiré les lycéens. Sur plus de 900.000 inscriptions sur la plateforme, plus de 100.000 ont fait au moins une demande pour intégrer un Institut de Soins Infirmiers (IFSI). Doit-on parler d’un renouveau des vocations infirmières ou faut-il voir dans cette attractivité une conséquence des réformes passées et à venir des études de santé en général et de celles des soins infirmiers en particulier ?

Lorsque les lycéens candidatent sur Parcoursup, ils obtiennent une réponse de l’Institut de Soins Infirmiers choisi et en cas d’avis favorable, chaque étudiant doit alors finaliser son inscription en rendant un dossier complet d’inscription. Et c’est à ce stade, que les étudiants mais aussi la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) s’insurgent contre les procédés de certains IFSI.

Des frais d’inscription, qui s’envolent, la colère des étudiants en soins infirmiers

 

En effet, alors que les IFSI, comme tous les autres organismes de formation présents sur Parcoursup, doivent indiquer de manière précise les frais de scolarité exigibles pour pouvoir intégrer le cursus sélectionné, ces frais « s’envolent » dès lors que le candidat reçoit une réponse favorable. Les lycéens, futurs étudiants en soins infirmiers, prennent alors connaissance des autres frais cachés, qui peuvent vite faire double (ou même tripler) le montant total à payer. Et si l’étudiant refuse de s’acquitter de ces frais supplémentaires, il ne pourra pas recandidater à un autre IFSI, puisque les inscriptions sont closes sur Parcoursup. Si il souhaite devenir infirmier libéral ou hospitalier, l’étudiant n’a pas d’autre choix que de payer ces sommes indues aux termes de la loi, puisque non communiquées au début du processus d’inscription. Il s’agit, pour les lycéennes et les lycéens, d’un véritable chantage, comme le résume parfaitement Bilal Latrèche, président de la Fnesi. « Il y a une pression exercée sur l’étudiant. On lui dit : ‘si nous ne recevons pas ce chèque lors de la remise de ton dossier, tu ne seras pas admis à l’IFSI ». C’est une situation contestable donc, que les professionnels dénoncent en soulignant que ces pratiques sont devenues la Règle.

Une formation pour devenir infirmière à repenser

 

En effet, une étude de la Fnesi atteste que ces pratiques se rencontrent dans près d’un IFSI sur deux, plus précisément dans 45 % des cas. Et la raison avancée par les IFSI est étonnante, puisque selon ces instituts, il s’agit principalement de « compenser le manque à gagner » induit par la suppression du concours. Pourtant, en 2018, lorsqu’Agnès Buzyn, Ministre de la Santé, avait annoncé la suppression du concours d’entrée en IFSI, elle avait justifié ce choix par la volonté de réduire les frais de scolarité pour les futurs infirmiers. Et c’est ce même argument qui expliquerait qu’aujourd’hui les étudiants soient contraints de « payer plus », la situation est ubuesque. Bilal Latrèche s’insurge en invitant les étudiants, confrontés à pareille injustice, à ne pas payer et en dénonçant cette réalité : « ce n’est en aucun cas aux étudiants de pâtir du désengagement des pouvoirs publics ».

Nul doute, que la situation sera clarifiée d’ici la prochaine session de Parcoursup en 2020 . Il n’empêche que ce « dysfonctionnement généralisé » pose problème à bon nombre d’étudiants et d’étudiantes, et que la Ministre de la Santé a été interpellée à ce sujet tant par les étudiants que les par les IFSI eux-mêmes. Un premier élément de réponse devrait donc être apportée dans les prochaines semaines…

Comprenez-vous la crainte de ces lycéens et lycéennes, qui redoutent une sélection par « l’argent » ?