Le grand Âge crée un profond désordre chez les infirmières libérales

Certaines infirmières libérales ne décolèrent pas depuis la remise du rapport sur le Grand Âge au Ministère de la Santé. Non seulement, elles considèrent que leur profession est une fois de plus la grande oubliée des réformes de santé, mais elles estiment aussi que leur profession est gravement menacée par certaines propositions.

Les infirmières libérales écartées du rapport sur le Grand Age, un nouveau sujet de controverse

Bien que les infirmières libérales et / ou hospitalières soient toutes concernées par la Réforme du Système de Santé sobrement intitulée Ma Santé 2022 ou par le plan de sauvegarde des Urgences Hospitalières, elles sont aussi mobilisées sur la question du vieillissement de la population. A ce sujet, l’ancienne ministre du travail, Myriam El Khomri, a remis, le 29 octobre dernier, au Ministère de la Santé un « plan de mobilisation nationale en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge 2020-2024 », plan dans lequel des propositions sont faites vis-à-vis de la profession infirmière, appelée à jouer un rôle dans la prise en charge des personnes âgées.

Aussi, lorsque ce rapport a été remis, il a provoqué la colère de très nombreuses infirmières et infirmiers libéraux, qui estimaient qu’une fois de plus, leur profession était oubliée, voire même méprisée pour certains. Il s’agissait pour Mme El Khomri d’apporter des réponses aux problématiques soulevées par le vieillissement des « baby boomers «  et l’arrivée de ces dernières dans le grand âge à l’horizon 2025. Le constat n’est que démographique, et les solutions proposées restent, aux yeux des infirmières libérales, bien trop pratiques et centrées sur les structures de soins.

Les infirmières libérales et hospitalières, les grandes oubliées du plan national

Il est compréhensible que le rapport soulève des solutions pour les structures de soins et propose, en parallèle, le développement des pratiques avancées en gérontologie. Le rapport souligne ainsi l’expertise infirmière : « La pratique avancée permet à des infirmières d’exercer des missions et des compétences poussées, jusque-là dévolues aux médecins. La création d’une pratique avancée en gérontologie permettrait de reconnaître davantage l’expertise des infirmières et de mieux couvrir les besoins de prise en charge des personnes âgées. »

Si cette expertise est reconnue en théorie, rien, ou presque, n’est dit sur les infirmières et infirmiers libéraux, dont, faut-il le rappeler plus des ¾ de la patientèle font partie de ces personnes âgées. Pour les IDEL(s), ce rapport est, pour une partie de la profession, une nouvelle preuve du mépris des autorités publiques à leur égard, et le syndicat Convergence Infirmière l’a fait savoir en adressant une lettre ouverte à l’auteure de ce rapport.

Sur les 135 pages consacrées à cette problématique primordiale, les infirmières, comme bien d’autres professionnels de la santé, sont quasiment oubliées.

Une nouvelle menace pour l’avenir de la profession en elle-même

Pire encore, une partie des infirmières et infirmiers libéraux voient dans ce rapport une attaque e n règle contre leur profession. Ils s’insurgent contre la proposition de créer une activité d’aide-soignante libérale dans les zones sous-denses. Outre le glissement des tâches, jugé intolérable, Convergence Infirmière juge cette proposition plus que dangereuse en écrivant : «  Cette proposition entérinerait inéluctablement la disparition à terme de la profession infirmière. ». La même condamnation se fait entendre devant la proposition visant à supprimer les concours d’aide-soignante, et bon nombre d’infirmières libérales pointe alors la dégradation de la qualité des soins et donc de la prise en charge des patients. Selon elles, les propositions de ce rapport seraient contre-productives.

La profession regrette, que leurs demandes n’aient pas été entendues et que leur profession ait été à ce point oubliée. Une lettre a également été adressée à la Ministre de la Santé, Mme Agnès Buzyn, pour lui demander de ne surtout pas suivre ces propositions. Convergence Infirmière demande ainsi à la Ministre de la santé   « d’entendre la profonde déception et la colère, pour l’instant sourde », laissant présager que les infirmières libérales ne sont pas prêtes à se laisser faire. Serait-ce le début d’un nouveau front pour la ministre de la Santé ?

Et vous, quelle est votre interprétation de ce rapport ? Comprenez-vous le renforcement des mesures prises à destination des aides-soignantes ?