Depuis le début de la crise, le gouvernement tente de faire front en venant en aide à tous les professionnels. Des infirmières libérales au personnel hospitalier, des aides ont été créées, et parfois elle révèle la distorsion entre la réalité du terrain et la vision qu’en ont les responsables politiques.

Des aides financières débloquées par la CARPIMKO pour les infirmiers libéraux

Au courant du mois de mai, alors que le gouvernement multipliait les plans d’aide à tous les secteurs impactés par la crise du coronavirus, la Fédération française des praticiens de santé (FFPS) avait demandé la mobilisation d’un fonds de 200 millions d’euros à destination des infirmières libérales et autres professionnels de santé. La Caisse autonome de retraite et de prévoyance des infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes (CARPIMKO) avait donné son accord de principe, et le Ministère de la Santé a validé le dispositif. Le montant des aides retenues a été défini comme suit :

  • 500 € pour chaque infirmier libéral
  • 1000 € pour chaque kinésithérapeute, orthophoniste et orthoptiste et pour tous les remplaçants de ces professions, y compris les infirmières libérales
  • 1500 € pour chaque pédicure-podologue et pour les remplaçants de ces derniers.

Cette aide n’est pas conditionnée au niveau de la perte d’exploitation de chacun de ces professionnels. Il suffit d’en faire la demande  sur l’espace personnel de chaque professionnel du site de la CARPIMKO.

L’officialisation de la mesure par le Ministère de la Santé a permis également d’acter une autre aide cumulable avec la première. En effet une aide spécifique de la CNAVPL de 477 € garantit la prise en charge d’une partie des cotisations du régime de base.

Soutenir les professionnels de santé pour surmonter la crise, une ambition pas toujours comprise

Comme pour la période du 16 mars au 30 avril, les infirmières libéraux et tous les professionnels de santé peuvent faire une demande d’avance au titre de l’indemnisation de perte d’activité. Ces avances doivent être demandées par chaque professionnel, faute de quoi le solde de l’indemnité sera versé en fin d’année après la validation des calculs définitifs de l’Assurance Maladie.

Qualifiés de héros de première ligne, les soignants, et les infirmières libérales ont parfaitement tenues leur rôle tout au long de cette période difficile et éprouvante que nous venons de traverser, devaient donc être reconnus à leur juste valeur et récompensés de leur mobilisation sans faille. Et pourtant, certaines infirmières libérales ne décolèrent pas accusant le gouvernement de « trahison ». Un témoignage d’une de ces infirmières libérales a été relayé par plusieurs médias nationaux, et les responsables politiques tardent encore aujourd’hui à lui répondre. Et pourtant, le constat est simple.

Cette IDEL est partie à Paris pour renforcer le personnel d’un hôpital débordé à partir du 11 avril. Cette aide volontaire de l’infirmière libérale était prévue au départ pour deux semaines, avant que cela ne soit prolongé de deux semaines supplémentaires à la demande de l’APHP. Notre infirmière libérale a donc travaillé dans un hôpital parisien du 11 avril au 10 mai. De son côté, elle s’était faite remplacée par ses collègues pour que son départ vers la capitale ne nuise pas à sa propre patientèle.

Les infirmières libérales, des soignants pas comme les autres ?

Doit-on rappeler que ce renfort, tant apprécié des équipes hospitalières de la capitale, reposait au départ sur la volonté d’aider et de soigner, la même vocation qui pousse à embrasser la profession infirmière ? Toujours est-il, que l’infirmière libérale s’est félicitée en entendant Emmanuel Macron promettre 1500 € à « l’ensemble des personnels soignants mobilisés sous forme d’une prime exceptionnelle pour accompagner financièrement cette reconnaissance« .

Seulement après ces belles paroles, le décret d’application a fait déchanter notre infirmière libérale. Publié au Journal Officiel du 13 juin dernier (ce qui le rend applicable), ce décret conditionne le versement de cette prime à ce que le personnel soignant ait été présent au moins 30 jours entre le 1er mars et le 30 avril. Notre infirmière libérale, étant arrivée le 11 avril, elle ne percevra donc pas cette prime. Bénéficiera-t-elle au moins de la reconnaissance ?

L’exemple n’est pas unique mais révèle bien l’incompréhension des autorités publiques en ce qui concerne le quotidien des infirmières libérales ou hospitalières, et comme bien souvent, cette incompréhension est assimilée à une forme de mépris, ce qui est, à ce moment précis, intolérable pour une profession, qui a toujours été prête à relever les défis qui s’imposaient.

Et vous, quel jugement portez-vous sur cette histoire individuelle certes, mais qui concerne bien toute une profession ?