Souvent remis en cause et critiqué, l’ordre National des Infirmiers a néanmoins pour mission première de représenter et de défendre l’ensemble de la profession. Dans ces circonstances exceptionnelles nées de l’épidémie de Covid-19, l’Institution semble même vouloir défendre une nouvelle vision de la place et du rôle de la profession infirmière.

L’ordre National des Infirmiers, une création récente pour représenter une profession malmenée

Regroupant les infirmières et infirmiers libéraux comme ceux travaillant à l’hôpital, les professionnels les plus expérimentés comme les infirmières nouvellement diplômées, l’Ordre National des Infirmiers (ONI) a été le dernier ordre des professionnels de santé à être créé. Son existence a été officialisé en 2006 seulement et son objectif est clairement identifié puisqu’à l’instar de tous les autres ordres professionnels, il est défini comme une mission de service public de régulation par délégation de l’Etat. Deux grandes missions lui sont ainsi assignées par les textes :

  • Définir, garantir et promouvoir l’éthique et la déontologie de la profession
  • S’imposer comme le représentant de toutes les composantes de la profession pour toutes les négociations, mais aussi sur des aspects juridiques ou même administratifs.

 

Les attentes et les besoins en la matière des infirmières libérales diffèrent grandement de leurs consœurs en milieu hospitalier. Pourtant en ce qui concerne le premier rôle de l’ONI, ce dernier a réussi à publier le code de déontologie le 27 novembre 2016. Ces nouvelles règles s’imposent désormais aux infirmières libérales, et l’Ordre conseille et accompagne toutes les professionnelles dans le respect de ces nouvelles règles.

Un ordre pour défendre les infirmières libérales et les accompagner au quotidien !

 

Bien que reposant sur l’intérêt général de toute la profession, l’Ordre national des Infirmiers n’a pas suscité l’adhésion de la majorité des infirmières libérales ou hospitalières. C’et un constat partagé par tous, y compris par le président de l’ONI (depuis décembre 2017), M Patrick Chamboredon. Et pourtant, ce dernier permet d’autoréguler la profession notamment, plutôt que de subir les décisions prises par les autorités sanitaires. L’intérêt des infirmières hospitalières ou libérales est, depuis la création de l’ONI, au centre des débats et défendu lors des nombreuses négociations à laquelle participe l’Ordre.

Ainsi, bien que Mr Chamboredon explique qu’on « ne doit pas opposer l’Ordre et les syndicats, nous sommes complémentaires. », la représentation syndicale explique en partie cette méfiance de la profession. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue, que seul l’ONI a le pouvoir de représenter l’ensemble de la profession auprès du Ministère notamment, comme c’est le cas actuellement pour les discussions entamées dans le cadre du Ségur de la Santé.

Si certaines infirmières libérales et hospitalières dénoncent une cotisation trop onéreuse, d’autres se plaignent d’une non-représentativité de l’Ordre. Dans tous les cas, les mentalités changent et le comportement des IDEL(s) notamment vis-à-vis de l’ordre ne sera plus le même après cette crise du Covid-19.

Un ordre professionnel pour réfléchir à l’avenir de la profession infirmière

 

Depuis le début de la crise sanitaire, l’ONI a multiplié les conseils aux infirmières hospitalières, les préconisations aux infirmières libérales et les mises en garde au gouvernement. Cela a permis de donner toute sa place à cette institution en charge de repenser le rôle et la place de de l’infirmière dans un futur proche. Il n’est pas étonnant dans ces conditions, qu’en marge de ce Ségur de la Santé, l’ONI ait initié des Etats Généraux de la Profession Infirmière.

C’est dans le même esprit, qu’en octobre 2019, l’Ordre avait remis au gouvernement une synthèse des consultations, effectuées auprès des infirmières et infirmiers de France : Reconnaitre la contribution Infirmière au système de Santé. Ce livre blanc de la profession a été revu aujourd’hui, en fonction des nouvelles exigences nées de la pandémie de coronavirus. Mais il atteste de la réelle ambition de l’Institution de peser sur les travaux devant refonder le système de santé en France. Il reste désormais à savoir, si les efforts de l’institution dirigée par Mr Chamboredon seront couronnés de succès, surtout à un moment, où le remaniement ministériel laisse entendre que les priorités du gouvernement sont appelées à être redéfinies. L’Ordre National des Infirmiers aura-t-il le pouvoir d’imposer le futur de la profession comme faisant partie de ces priorités ?

Et pour vous, l’ONI est-il utile, efficace et/ou nécessaire ? Quel rôle souhaiteriez-vous le voir jouer avec plus d’importance à l’avenir ?