La crise du coronavirus restera caractéristique de l’année 2020 notamment pour tous les professionnels de santé. Les infirmières libérales, confrontées en première ligne face à l’épidémie, voient depuis plusieurs semaines leurs prérogatives s’élargir.

L’effet du confinement, une baisse de la consommation de soins en France

 

Dès les premières semaines du confinement, l’Assurance Maladie avait fait connaitre un bouleversement dans la consommation de soins en France. Non seulement, le système hospitalier était concentré sur la prise en charge des patients infectés par le coronavirus, mais les soignants de ville ont été incités à se concentrer sur les soins urgents et non reportables. Les masseurs kinésithérapeutes ont été invités à fermer leur cabinet et comme les infirmières libérales, ils ont reçu pour consigne de se déplacer au domicile des patients.

Cette réorganisation des soins s’est doublée d’un changement de comportements et d’habitudes des Françaises et des Français. En effet, ces derniers ne souhaitaient pas déranger les soignants, sachant ces derniers au bord du débordement et de l’épuisement. Tous ces éléments expliquent que l’Assurance Maladie ait annoncé rapidement un effondrement de la consommation de soins dans l’Hexagone. Cette baisse conséquente d’activité pour les soignants de ville a notamment impliqué des mesures de soutien pour les infirmières libérales comme pour les autres indépendants. Et les derniers chiffres de l’Assurance Maladie confirment cette tendance générale, même si infirmières libérales et médecins généralistes peuvent se réjouir que les chiffres dévoilés ces derniers jours démontrer que l’ampleur de ce recul n’est pas aussi importante que prévue initialement.

Les remboursements de l’Assurance Maladie ont baissé, pas nécessairement l’activité

 

 

Le 23 juillet dernier, l’Assurance Maladie a publié les chiffres officiels du premier semestre 2020, s’établissant sur les soins remboursés. Et la synthèse de cette publication est sans appel puisqu’elle confirme :

 

Les mesures de confinement mises en place à partir du 17 mars ont perturbé considérablement le recours aux soins ; depuis la fin de période du confinement et par rapport à cette période, l’activité de soin a augmenté sans retrouver pour le mois de juin son niveau d’avant confinement.

 

En moyenne, les soins dits de ville ont baissé de 1.5 % sur le premier semestre 2020 (+0.8 % sur un an). Mais ce constat reflète de grandes disparités au sein même des professionnels de santé. Ainsi, comme le détaille le rapport les remboursements de soins dentaires reculent de 24.3 %, alors que la baisse est de 9 % en ce qui concerne l’ensemble des auxiliaires médicaux. Les masseurs-kinésithérapeutes enregistrent ainsi un effondrement de 25.9 %. Dans le même temps, les remboursements de soins infirmiers progressent eux de 3.1 % sur les 6 derniers mois (3.8 % sur un an).

 

De nouvelles compétences reconnues aux infirmières et infirmiers libéraux

 

Cela atteste de la suractivité des infirmières et infirmiers libéraux durant le confinement d’une part mais aussi depuis le début du déconfinement. En intervenant auprès des patients les plus fragiles, personnes âgées notamment, les infirmières libérales ont du non seulement prodiguer les soins habituels mais aussi endosser la casquette de soignant référent auprès d’une patientèle anxieuse et ayant besoin d’être rassurée et apaisée. Les infirmières libérales ont ainsi vu, pendant cette période particulière, leurs prérogatives et leurs droits s’élargir, notamment en ce qui concerne le recours au télé suivi infirmier.

Avec le déconfinement, les patients infectés par ce coronavirus sont désormais pris en charge par ces soignants de ville, et là encore, le rôle des IDEL(s) s’est élargi. Bien que la profession estime avoir été oubliée pour ne pas dire méprisée par le « Ségur de la Santé », c’est encore vers les infirmières libérales, que les autorités sanitaires se sont tournées en constatant le besoin d’un dépistage encore plus massif. Depuis le 22 juillet dernier, les infirmières et infirmiers libéraux peuvent pratiquer les tests de dépistage Covid-19 sans prescription médicale. Cette nouvelle avancée pour les infirmières et infirmiers libéraux a même conduit l’ONI à rappeler que les infirmières libérales peuvent participer à la lutte contre la baisse de la couverture vaccinale de la population, un recul expliqué en grande partie par cette crise sanitaire.

C’est donc une année 2020 intense et particulière que vivent les infirmières et infirmiers libéraux de France, qui demandent désormais une reconnaissance plus durable de leur place dans le système de soins en France.