Infirmières libérales : quel regard sur cette année 2020 ?

Le coronavirus aura marqué toute l’année 2020 dans tous les secteurs d’activité et sur tous les continents. Pour les infirmières libérales et plus généralement pour toutes les professions libérales de santé, l’impact aura été encore plus important. Une étude nous livre les enseignements de cette année si particulière.

 

 

2020, une année de crise sanitaire, une année éprouvante pour les infirmières libérales

Traditionnellement, le mois de décembre représente le moment idéal pour dresser le bilan de l’année écoulée. Si 2020 ne fera pas exception à cette tradition, force est de constater que la crise sanitaire du coronavirus occupera une grande partie – voire même la totalité – de ces retours en arrière. Alors quand il s’agit de s’intéresser aux infirmières libérales et plus généralement aux professionnels libéraux de Santé (PLV) , cette réalité s’impose avec encore plus de force. C’est ce que révèle la 9ème édition de l’Observatoire CMV Médiforce Professions Libérales de Santé , dévoilée le 3 décembre dernier.

C’est un véritable état des lieux, qui est dressé à travers cette étude, qui s’est attachée à comprendre les conséquences de cette crise sanitaire sur les infirmières libérales et toutes les PLS.

 

La Covid-19 a transformé le quotidien des PLS, avec un impact conséquent sur le moral des infirmières libérales

 

Si tous les professionnels n’ont pas été soumis aux mêmes contraintes, leur quotidien a néanmoins été durement impacté, et dans cette période complexe, leur moral est en baisse. 58 % des PLS interrogés confirment cette baisse de moral.

La baisse de moral est plus importante encore chez les infirmières libérales (63 %).

Il faut également noter, que bien que destiné principalement aux soignants hospitaliers, le soutien populaire a été apprécié par 72 % des professionnels de la médecine de ville.

Naturellement, cela se traduit sur la satisfaction des PLS vis-à-vis de leur profession, puisqu’ils ne sont plus que 79 % à s’estimer satisfait contre 85 % en 2019. En revanche, si 14 % se déclaraient insatisfaits l’année dernière, ils sont désormais 19 % à le reconnaitre. Pour les infirmières et infirmiers libéraux, 67 % ont une bonne opinion de leur profession aujourd’hui, mais quand on les interroge sur le futur, ils ne sont plus que 37 % à rester optimiste. Il fut enfin souligner, que si 18 % des PLS envisagent de changer de métier, elles sont 29 % à s’interroger parmi les infirmières libérales (contre 17 % en 2019).

C’est donc un bilan mitigé sur cet aspect du moral qui est tiré, bien que 2020 aura cependant permis de souligner l’importance de ces PLS dans notre système de santé. Pour preuve, ils sont 87 % à exprimer une fierté d’exercer en libéral (contre 82 % en 2019) et pour 91 % d’entre-eux, cela passe par la « réelle contribution à la société », qu’ils apportent au quotidien.

 

La transformation du quotidien des infirmières libérales et des autres professionnels libéraux de santé : la télé médecine

L’activité des PLS n’a pas été égale sur l’ensemble de cette période, certains professionnels, comme les masseurs kinésithérapeutes ou encore les dentistes ayant dû fermer leur cabinet lors du premier confinement. En revanche, tous ont du, à un moment ou à un autre, adopté de nouvelles habitudes dans leurs pratiques du quotidien, et le principale de ces changements réside dans l’explosion de la télémédecine .Pour 63 % des professionnels de santé, la Covid-19 reste le moteur principal du développement de la téléconsultation. Au début du mois de mars, on ne comptabilisait que moins de 10.000 consultations à distance par semaine. Selon les chiffres de la Caisse d’Assurance Maladie, ce ne sont pas moins de 527.000 télé consultations qui ont été enregistrées lors de la seconde semaine du premier confinement, alors qu’en Avril, le Ministre de la Santé confirmait que la barre du million de téléconsultations par semaine avait été dépassée.

C’est donc une nouvelle modalité dans le parcours de soins qui s’est installé en quelques semaines seulement. Enfin, même s’il a été moins utilisé cette année, le Dossier Médical Partagé reste plébiscité par 86 % des PLS. 85 % de ces derniers affirment même recommander dans le futur le déploiement des objets connectés. C’est donc la télémédecine dans son ensemble, qui séduit plus fortement les professionnels. Pour les infirmières libérales, ces nouvelles technologies ne concernent principalement que la transmission de résultats d’analyse (23 % au quotidien) mais la tendance devrait s’accélérer dans les mois et années qui viennent : téléconsultation, téléassistance, téléexpertise, …. 84 % des infirmières et infirmiers libéraux estiment cependant que la logistique et le coût représentent cependant des obstacles qu’il faudra lever à un moment ou à un autre.

 

La gestion de la crise sanitaire, entre désarroi et condamnation du manque de considération

 

La gestion de la crise sanitaire est aussi rudement jugée par ces professionnels de santé. 65 % d’entre-eux en sont mécontents et ce sur de nombreux aspects. Ils en comprennent la complexité mais déplorent le manque de reconnaissance notamment lors du Ségur de la Santé. Seules 7 des 33 mesures décidées suite à ces concertations publiques concernent les professionnels libéraux de santé. En revanche, 80 % des PLS sont favorables à la prise en charge intégrée quand 62 % d’entre-eux soutiennent l’ambition de réorganiser le système de santé.

Pour les infirmières libérales aussi, la prise en charge intégrée ville-hôpital-médico-social reste une voie à développer et renforcer (84 % d’opinions favorables). Sans surprise, elles sont 71 % à plébisciter le déploiement des infirmiers en pratique avancée. En matière de réorganisation du système de santé,

9 infirmières libérales sur 10 souhaitent même la mise en œuvre de véritables collaborations locales,

en dehors des grandes décisions nationales. En revanche, seuls 44 % des IDEL(s) soutiennent l’exercice mixte, alors qu’ils sont 53 % des PLS à le faire.

 

Les conséquences financières de la crise sanitaire, une disparité de traitements

 

C’est un des aspects, les plus souvent mis en avant par les professionnels de santé pour exprimer leur mécontentement de l’action gouvernementale dans cette gestion de la crise sanitaire. Comme nous l’avons déjà souligné, tous les professionnels n’ont pas été confrontés à la même réalité. Ainsi, alors que les chiffres de l’assurance maladie traduisent les conséquences de la fermeture des cabinets de dentistes (-19.6 % au niveau des remboursements effectués) ou de masseurs kinésithérapeutes (- 23 %), ils soulignent une légère hausse de 3.1 % pour les infirmières et infirmiers libéraux (Données de la CPAM entre janvier et juillet 2020). Avec les pharmaciens, les infirmières libérales ont été très sollicitées par les autorités sanitaires pour la gestion de la crise.

Mais 87 % des professionnels libéraux de santé expriment des besoins importants en termes de trésorerie et pour 61 % d’entre-eux, l’impact de la crise sur le chiffre d’affaires sera durable. Le besoin de trésorerie est plus important encore chez les infirmières et infirmiers libéraux (89 %). Enfin 69 % des infirmières libérale se déclarent favorables à rejoindre un lieu d’exercice pluriprofessionnel. La crise sanitaire a en effet initié de nombreux regroupements de ce genre, destinés à améliorer la prise en charge des patients d’une part mais aussi à assurer une forme de sécurité aux professionnels de santé d’autre part.

 

Voilà donc les grands enseignements de l’année 2020, bien que les infirmières libérales comme les autres professionnels de santé attendent désormais avec impatience et fébrilité, les conséquences de cette année si particulière sur leur avenir.

 

Et vous, quel bilan pouvez-vous tirer de cette année 2020 ? Quelles en seront les conséquences sur le long terme ?