2020 s’achève et pour les soignants, il était temps de tourner la page de cette année si difficile et plus qu’usante. Bien que personne ne puisse prédire l’évolution de la situation sanitaire en France, il nous apparaissait évident de vous donner la parole à ce moment si particulier de l’année. Tout au long de l’année, vous avez été nombreuses à réagir à nos dossiers, et sans prétendre représenter l’avis de toute une profession, nous avons sélectionné quelques-unes de vos réactions. Sans surprise, les conditions de travail concentrent une grande partie de vos interventions.

Des conditions de travail éprouvantes ….

En cette fin d’année 2020, une grande majorité d’infirmières et d’infirmiers libéraux expriment leur profonde lassitude et leur manque d’otptimisme, comme Dominique Veau :

« Aucune reconnaissance et revalorisation de notre métier de la part de ces dirigeants pourris qui ne voient que leurs nombrils. Dans quelques années il n’y aura plus d’infirmières tellement cela devient difficile et peu reconnu … »

Même si cela n’est pas directement lié à l’épidémie de Covid-19, Guy Delcher souligne l’exigence de la profession : « Moi je bosse jour et nuit 6 jours sur 7. 2 semaines de vacances par an. Pas de maladie car 90 jours de carences. Le rêve. ». De son côté, infirmière libérale depuis 15 ans, Corinne nous expliquait même ne pas « avoir pris de vacances depuis 5 ans ».

Le manque de reconnaissance, encore et toujours au centre des revendications des infirmières libérales

 

Mais les infirmières et infirmiers libéraux supportent encore plus difficilement le manque de reconnaissance des pouvoirs publics mais aussi des patientes et des patients eux-mêmes. Aussi, lorsque nous soulignions, il y a quelques semaines, la distorsion existante entre le quotidien des IDEL(s) et le ressenti de la population à l’égard de la profession, vous avez été nombreuses et nombreux à réagir. Raoux Gravier Hélène expliquait ainsi :

« Je ressens exactement ce poids négatif des esprits, une mauvaise considération de notre travail, une méconnaissance de nos responsabilités et nous sommes sous estimées. Pour gagner 2300€ par mois on doit bosser comme des dingues, toujours courir, la partie administrative et gestionnaire du cabinet n’est pas rémunérée c’est hyper-chronophage, les familles et patients sont très exigeants, souvent dédaigneux. Il faudrait que des films, reportages, de la réalité de notre travail au quotidien soient réalisés et télévisés. »

Infirmière libérale depuis 42 ans, Villemant soulignait comment elle avait vu le quotidien évoluer et comment le fossé entre réalité et perception s’était creusé depuis des années. Elle souligne :

« (…) je peux vous dire que nous avions à l’époque une qualité de vie et un salaire correct sans cette lourdeur administrative bien que nous ayons beaucoup plus de moyens ! «

A ce manque de reconnaissance s’ajoute aussi ce que bon nombre d’infirmières et d’infirmiers libéraux considèrent comme du harcèlement, depuis les rapports soulignant les manquements supposés de la profession jusqu’aux procédures en réclamation d’indus, qui n’ont pas disparu au cours de cette année. Exaspérée, Isabelle Salerno propose une solution simple pour que les responsables et décideurs politiques aient une vision claire de la situation.

Comme toujours, les rapports sont rédigés par des bureaucrates qui ont les fesses vissées sur leur confortable fauteuil bien au chaud dans leur bureau !!!! Que savent-ils de notre quotidien ???? À l’heure où on commence ils sont toujours couchés et lorsque nous rentrons le soir il y a bien longtemps qu’ils sont chez eux !! Ils n’ont aucune idée de notre travail !! Qu’ils viennent faire une tournée avec nous, je les attends !!!

Et tous les regards se portent vers 2021

Nous aurions pu multiplier les griefs et autres revendications des infirmières et infirmiers libéraux, mais il nous apparaissait essentiel de rappeler surtout la passion que vous portez toutes et tous à votre profession. Ainsi, lorsque Villemant, IDEL depuis 42 ans, listait la dégradation continue des conditions de travail, elle ne pouvait s’empêcher de terminer par un vibrant : « Heureusement que j’adore mon métier. «

Il n’en est pas autrement de Chantal Bouvet, infirmière libérale depuis 30 ans, qui nous écrit :

« Je reste positive car j’aime beaucoup mon métier, j’y ai fait des rencontres étonnantes, j’y ai passé des moments douloureux et je crois que je n’aurai pas aimé faire autre chose. »

C’est aussi cela la réalité des infirmières et des infirmiers libéraux en 2020. Et 2021 ne devrait pas marquer de rupture en la matière. Dans tous les cas, Albus sera encore là, présent à vos côtés pour cette nouvelle année qui arrive.

Nous vous souhaitons une belle et heureuse année 2021