Devenir Infirmière ou Infirmier en 2021, les inquiétudes se multiplient

Au printemps 2020 comme au cours de cet automne, les étudiants en santé, et notamment les étudiants en soins infirmiers, ont été mobilisés pour soutenir un système hospitalier en grande difficulté. A l’hôpital, il a fallu faire face à l’afflux de patients Convid-19, à une hausse conséquente du temps de travail, à l’épuisement du personnel soignant, à un absentéisme élevé, … Les étudiants en soins infirmiers ont donc été appelés en renfort rapidement et ont dû travailler dans des conditions, qui ne ressemblent en rien aux stages habituels. Selon la FNESI, ce sont 85 % des étudiants et étudiantes en soins infirmiers, qui sont concernés. Et la situation est vivement critiquée par tous les acteurs, et certains craignent qu’une promotion entière d’infirmières et d’infirmiers ne soit oubliée.

 

Un parcours d’études mis à mal par la crise sanitaire

Le Comité d’Entente des formations Infirmières et cadres (CEFIEC), l’Association Nationale des Directeurs d’Écoles Paramédicales (ANdEP) et la Fédération Nationale des Étudiants Infirmiers (FNESI) se sont alarmés de cette situation, dans un communiqué daté du 4 novembre dernier. Reconnaissant la nécessité pour les étudiantes infirmières de participer à la mobilisation nationale, le communiqué souligne les interprétations à la carte des textes officiels par les Agences Régionales de Santé (ARS). Certains ont ainsi purement et simplement suspendu la formation, quand d’autres n’assurent plus la continuité pédagogique en cantonnant les étudiants à des stages.

Pour les signataires de ce communiqué « Crise sanitaire : Les étudiants paramédicaux ne doivent pas être la variable humaine d’ajustement dans les établissements de santé», cette situation impliquerait ainsi deux conséquences majeures :

  • Une cruelle baisse du nombre d’infirmières diplômées en juin prochain avec les conséquences attendues sur le système hospitalier dans une premier temps, puis sur la démographie des infirmières libérales dans quelques années. Ce déficit d’infirmiers et d’infirmières interviendrait en outre au moment, où le Ministère de la Santé a confirmé son intention d’accroitre les recrutements.
  • Un questionnement sur la qualité des apprentissages pour ces promotions, questionnement partagé par les étudiantes infirmières comme par les spécialistes du secteur.

 

La rémunération des étudiants en soins infirmiers adaptée à la situation

 

Répondant aux innombrables critiques, qui étaient nées après le premier confinement, le Ministre de la Santé, Olivier Véran, avait été très clair sur la question de la rémunération des futures infirmières libérales et hospitalières :

« L’engagement des étudiants en santé n’est pas optionnel, il est indispensable et les rémunérer justement me semble la moindre des choses »

La reconnaissance était partagée par Frédérique Vidal, Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation qui soulignait : « La mobilisation, qui se veut provisoire, des étudiants en soins infirmiers qui ne comptent pas leurs heures ni leur dévouement en cette période de crise sanitaire est exceptionnelle. Je tiens à les en remercier sincèrement. ». Pour concrétiser cette reconnaissance unanime, un arrêté publié au Journal Officiel du 10 novembre a officialisé une rémunération exceptionnelle des étudiants en soins infirmiers en 2ème et 3ème année, et ce pendant toute la durée de la crise sanitaire. Chaque étudiant mobilisé percevra ainsi 136.50 € par semaine, soit 550 euros pour un mois complet.

 

Etudier pour devenir infirmière, les inégalités régionales se creusent

 

Les étudiantes et étudiants, eux, se plaignent également de cette inégalité de traitement et dénoncent dans certaines régions l’abandon de la continuité pédagogique. Pour certains IFSI, assurer les cours à distance n’a pas été chose facile, voire pour certains même impossible, alors que pour d’autres, il a été possible de bénéficier des liens forts déjà noués avec l’Université de tutelle. Bien qu’il soit difficile d’établir un bilan précis, la présidente de la FNESI, Bleuenn Laot soulignait que « 30% des étudiants en IFSI n’ont pas eu accès à un espace numérique de travail et 89% n’ont pas eu accès à la plateforme Université numérique en santé » pendant la durée du premier confinement.

L’année 2020 a donc été difficile pour tous les professionnels de santé, et 2021 ne s’annonce donc pas plus apaisante. Mais l’inquiétude des étudiants en santé, et plus particulièrement des étudiantes en soins infirmiers, augmente au fil du temps et l’intensité se fait de plus en plus forte à mesure que nous nous rapprochons de l’obtention des diplômes ….

 

Comment jugez-vous le traitement des étudiantes en soins infirmiers pendant cette crise sanitaire ? Selon vous, quelles sont les mesures à prendre pour garantir une promotion 2021conforme aux attentes et ambitions de chacune et chacun ?