En ce début d’année, de nombreuses autorités alertent sur les dangers pesant sur la profession infirmière. Les infirmières libérales ou hospitalières, en France comme partout ailleurs dans le monde, sont en souffrance, et cela interroge leur avenir.

La Covid-19 met à mal la vocation des infirmières et des infirmiers à travers le monde

 

C’est en réalisant une véritable enquête auprès de plus de 130 associations nationales, que le Conseil international des Infirmières (CII) a jugé nécessaire de tirer le signal d’alarme. La pandémie mondiale a mis à l’épreuve les systèmes de santé dans tous les pays impactés, et les infirmières libérales ou hospitalières ont bien souvent été en première ligne. Le CII se désole des 2200 infirmières et infirmiers, emportés par le coronavirus et des innombrables contaminations identifiées à ce jour. Mais le bilan est bien plus dévastateur et problématique selon l’organisation internationale.

En effet, si les gouvernements ne prennent pas des mesures spécifiques et ambitieuses, le CII juge que la profession pourrait connaitre une baisse conséquente de ses effectifs. La mise en garde est formulée sans ambiguïtés, puisque le CII écrit :

« Le monde est déjà confronté à une pénurie de six millions d’infirmières et quatre autres millions devraient atteindre l’âge de la retraite dans les dix prochaines années. L’effet Covid étant susceptible d’entraîner le départ d’un plus grand nombre encore d’infirmières, les pouvoirs publics doivent agir dès maintenant pour protéger la profession et nos systèmes de santé déjà fragiles (…) »

 

Cette mise en garde s’appuie sur la progression inquiétante de la pression psychologique pesant sur les infirmières. Dans le monde, 80 % de ces professionnelles de santé déclarent en souffrir, alors qu’elles n’étaient que 60 % avant la crise. La situation sera, à en croire le CII, durable, bien qu’il soit difficile aujourd’hui d’en mesure les effets sur le moyen et le long terme.

Outre les départs (plus nombreux) de la profession, constatés depuis le début de l’épidémie, cette dégradation des conditions de travail des infirmières risque de peser sur les vocations, alors même que tous les États font le constat d’une pénurie de personnel soignant. Et cet effet Covid-19 ne fait qu’aggraver une situation, que certains jugent déjà critique.

En France, les infirmières et infirmiers libéraux hyperstressés et inquiets

 

Le constat n’est pas plus optimiste en France, au regard d’une récente étude publiée par la Carpimko (Caisse Autonome de Retraite et de Prévoyance des auxiliaires médicaux exerçant une activité libérale en France). 12671 professionnels de santé ont ainsi été interrogés. Réalisée entre juin et octobre 2020, cette étude sur la pénibilité des professions libérales souligne que la « souffrance » de ces dernières n’est pas prise en compte, à l’inverse des efforts déployés vis-à-vis du secteur hospitalier. Dans le cadre d’une vaste réflexion sur les « conditions de travail », cette étude pointe la détresse de certains professionnels de santé.

Ainsi, plus d’un professionnel de santé sur 3 (38 %) se dit victime d’un hyperstress et les causes sont multiples. Mais les infirmières libérales, comme les autres professions, soulignent qu’aux inquiétudes liées au quotidien et à la crise sanitaire s’ajoutent l’incertitude et le doute, résultant du statut d’indépendant. Les conséquences sont délétères pour les infirmières libérales mais aussi pour les masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues, orthophonistes et orthoptistes, eux-aussi concernés par cette étude.

Plus d’un professionnel sur deux est menacé par le burn out.

Et cette pression sur la santé mentale de ces professionnels de santé déborde aussi sur la santé physique, puisque l’étude souligne qu’ « à ces facteurs psychosociaux alarmants, s’ajoute une pénibilité physique non négligeable ». S’agissant de la pénibilité au travail, les auteurs de l’étude préconisent de s’interroger sur l’aménagement de la fin de carrière de ces professionnels de santé, afin de prendre en compte ces difficultés.

 

 

En France comme partout ailleurs dans le monde, les infirmières et infirmiers vivent une période complexe, qui aggrave une situation déjà périlleuse. La mobilisation des infirmières libérales et hospitalières, pour faire face à la situation sanitaire du pays, masque en partie cette réalité. Les pouvoirs publics devront cependant en tenir compte dans les meilleurs délais, afin de ne pas être confrontés à une crise bien plus périlleuse encore : la raréfaction des infirmières dans notre système de santé.

 

Et vous, ressentez-vous ces menaces sur la profession ? Quelles seraient selon vous, les décisions à prendre pour remédier à cette situation dangereuse ?