C’est un des sujets, cristallisant l’attention d’un grand nombre d’infirmières libérales ou hospitalières : le déploiement des infirmières en pratique avancée. Et les sujets de discorde et/ou d’interrogations ne manquent pas. Alors qu’en est-il réellement ?

Infirmier ou infirmière en pratique avancée, une évolution du système de soins

 

Pour certaines et certains, la pratique avancée appliquée à l’infirmière n’est qu’une réponse apportée aux revendications de la profession depuis des années, alors que pour d’autres les missions de l’infirmière en pratique avancée doivent encore être élargies. C’est la loi de modernisation de notre système de santé de janvier 2016, qui a posé les bases de cette pratique avancée pour les infirmières. Il aura fallu attendre les décrets d’application, pour que la première promotion puisse suivre le cursus spécifique en 2018. Déjà existante dans de nombreux pays, l’infirmière en pratique avancée doit pouvoir, au sein d’une équipe, prendre en charge les patients en disposant de missions dérogatoires (prescription, adaptation de traitement, …), ce qui valut à cette nouvelle profession le sobriquet de « Super Infirmière ».

Plusieurs mentions permettent une spécialisation. A la fin de l’année 2020, on en recensait 4 :

  • Pathologies chroniques stabilisées – prévention et polypathologies courantes en soins primaires,
  • Oncologie et onco hématologie,
  • Insuffisance rénale dialyse et transplantation,
  • Psychiatrie et santé mentale.

D’autres devraient suivre, à commencer par la spécialisation Soins d’urgence ou encore celle liée à la gérontologie. Parce que le travail d’équipe reste caractéristique du milieu hospitalier, la pratique avancée y apparait plus naturelle dans la prise en charge des patients. En revanche, le Ministère de la Santé souligne l’importance des Infirmières en Pratique avancée Libérales (IPAL), qui doivent devenir le pivot des équipes de soins primaires ou alors assister un médecin spécialiste, hors soins primaires.

Comment devenir IPA en tant qu’infirmière libérale ou hospitalière ?

 

Si les premières infirmières en pratique avancées exercent depuis 2020, le cursus de ces professionnelles est désormais bien encadré et organisé. L’objectif réside bien dans l’élargissement des compétences dans le champ clinique, devant notamment garantir à l’IPA ou IPAL de renouveler ou modifier les prescriptions, prescrire, assurer une surveillance clinique et réaliser des actions de prévention et de dépistage. C’est une évolution de la profession infirmière, répondant à un double objectif :

  • Accéder à la reconnaissance de l’ensemble de la profession et certifier le rôle essentiel de la profession infirmière,
  • S’adapter et répondre aux évolutions des besoins en santé (Les IPA doivent également permettre de lutter contre les conséquences néfastes de la désertification médicale)

Pour pouvoir rejoindre le cursus, une formation-qualifiante en 2 ans, la professionnelle de santé doit pouvoir justifier d’une expérience professionnelle de 3 ans. Reconnu au grade de master, le titre d’infirmière en pratique avancée permet donc aussi à chaque étudiante / étudiant de préciser la mention choisie.

 

Les infirmières en pratique avancée, des revendications pour une évolution ambitieuse

 

L’ambition du Ministère de la Santé est forte, puisque la volonté est de pouvoir garantir la formation de plus de 1.000 infirmières et infirmiers en pratique avancée avant la fin de cette année 2021. L’ambition affiche même 5.000 IPA / IPAL en exercice à l’horizon 2023. Les services du ministère soulignent que la pratique avancée est appelée à prendre de l’importance, tant pour les infirmières (création de nouvelles mentions) que pour d’autres professions paramédicales.

Si cette évolution répond à des revendications historiques de la profession, elle suscite aussi de nombreuses réticences. Alors que les négociations pour les IPA Médecine d’Urgence sont déjà entamées, la présidente du CNP IPA (Conseil national professionnel des infirmiers en pratique avancée), Mme Julie Devictor a déjà dû apaiser les tensions en soulignant que les « IPA médecine d’urgence n’ont pas vocation à remplacer les médecins urgentistes » (Cette spécialité pour les IPA devrait être déployée dès la rentrée de septembre 2021).

De leur côté, les infirmières elles-mêmes se font déjà écho de revendications, à commencer par la revalorisation salariale, tant en ce qui concerne les grilles indiciaires pour les infirmières hospitalières et pour ce qui touche la rémunération des IPA libérales. Toutes demandent aussi la revalorisation de leurs activités transversales, à la base même de leur statut (principalement la prévention et la promotion de la santé). Des revendications qui en rappellent d’autres ….

Et vous, envisagez-vous de devenir infirmière en pratique avancée ? Quels sont les principaux freins et obstacles à la réussite de cet ambitieux projet ?