Pour de nombreuses infirmières libérales, la décision officialisée par décret, le 5 mars dernier, officialise le mépris des autorités publiques à leur encontre. Si les sages-femmes et les pharmaciens sont autorisés à prescrire le vaccin contre la Covid-19, les infirmières et infirmiers libéraux, eux, ne le sont pas. L’incompréhension est totale, et la colère monte dans les rangs, d’autant plus que la profession est mobilisée au quotidien pour accompagner les autorités sanitaires depuis plus d’un an désormais.

 

La vaccination par tous les soignants, et les infirmières libérales alors ?

La colère grogne depuis plusieurs semaines, et partout on peut lire l’incompréhension des infirmières et infirmiers libéraux. Le Ministère de la Santé affirme à qui veut l’entendre que la campagne de vaccination contre le coronavirus change désormais de dimension pour devenir massive. Tous les professionnels de santé sont mobilisés assure-t-on du côté du Ministère. Les pharmaciens sont présentés comme la profession, qui va permettre d’accélérer grandement le mouvement. L’ordre professionnel des dentistes mais aussi celui des vétérinaires se sont manifestés auprès de l’administration d’Olivier Véran pour faire connaitre leur volonté de mobilisation. Et pendant ce temps-là, les infirmières et infirmiers libéraux ne peuvent toujours pas commander les flacons de vaccin en pharmacie.

Les esprits s’échauffent et l’incompréhension grandit. Interrogé par les journalistes de France3 Normandie, le président d’Urgences Infirmières 14, Sébastien Barbier ne « sait pas comment ils vont faire » sans les IDEL(s) pour vacciner des millions de patients en quelques semaines. Il s’emporte en dénonçant la stigmatisation, une nouvelle fois, de la profession : « Il n’y a pas que les docteurs, médecins ou pharmaciens qui savent piquer. Les vétérinaires doivent y aller bien sûr ! Ils le font au Canada. Les kinés et les sages-femmes aussi et NOUS ! »

Et pourtant depuis un an, les IDEL(s) se sont mobilisés à chaque étape, et depuis plusieurs mois, ils sont les chevilles ouvrières des campagnes de dépistage. Pourtant, le décret du 04 mars dernier est clair, les infirmières libérales ne peuvent pas vacciner sans ordonnance. Et qui visitent les patients âgés, souvent frappés de facteurs de comorbidités, au quotidien si ce n’est ces infirmières et infirmiers libéraux ? A cette colère de la profession s’ajoute l’incompréhension des patientes et patients. Dans de nombreux cas, l’infirmière libérale reste la première (parfois la seule) soignante qui les visite.

 

Une décision issue des travaux de la Haute Autorité de Santé

 

A partir du 15 mars donc, les pharmaciens pourront donc vacciner les personnes prioritaires, listées par les autorités sanitaires, sans ordonnance. Lors de la présentation du décret, le premier Ministre a également précisé que les sages-femmes et les pharmaciens étaient des prescripteurs officiels à l’inverse donc des infirmières et infirmiers libéraux, autorisés à vacciner à condition qu’un « médecin puisse intervenir à tout moment » pour les vaccins à ARN messager (Pfizer/BioNTech et Moderna) .Cette mesure a relancé la colère des IDEL(s), pour lesquels la vaccination fait partie de leur champ de compétences, à l’encontre des officines pharmaceutiques.

La profession demande que cette « erreur » soit corrigée dans les meilleurs délais, comme le rappelle Daniel Guillerm, le président de la Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) en s’interrogeant : « Si les patients doivent passer chez leur médecin pour obtenir une prescription, pourquoi ne les vaccinerait-il pas ? ». Non seulement, les infirmières libérales dénoncent un mépris des autorités publiques, mais elles dénoncent une hiérarchisation entre les professionnels de santé de ville, avec l’élargissement des prérogatives de certains etla non-reconnaissance de l’expertise des infirmières et infirmiers.

L’Ordre National des Infirmiers (ONI) va encore plus loin, soulignant qu’en écartant les IDEL(s) de cette campagne de vaccination, les autorités publiques se privent d’un atout pour atteindre leurs objectifs. Outre le droit à prescription, l’ONI demande aussi au Ministère de la Santé d’établir des dotations hebdomadaires de doses de vaccin pour les IDEL(s), comme cela est fait tant pour les médecins que pour les pharmaciens. Rappelant que les « injections intramusculaires » représentent le quotidien d’une infirmière libérale, le syndicat Convergence Infirmière exprime sa colère :

 

« On se moque de nous ! C’en est assez de ce manque de confiance, de ce mépris »  

 

 

Et vous, comment jugez-vous cette campagne de vaccination ? Estimez-vous aussi que les infirmières libérales sont exclues du dispositif ?