Les infirmières et infirmiers libéraux conserveront-ils, de cette année 2020-2021, un sentiment d’injustice au vu de toutes les décisions prises sans aucune concertation ? Ou préféreront-ils se concentrer sur les initiatives nées ici ou là et attestant de leur mobilisation et de leur vocation ?

 

Quand le Ministère de la Santé n’écoute pas les infirmières et infirmiers libéraux …

Inutile de revenir sur le désarroi de nombreuses infirmières libérales du printemps 2020 lorsqu’elles ne disposaient pas de masques ou de gel hydro-alcoolique. La profession se sentait oubliée et même méprisée, alors même que les autorités sanitaires leur demandaient une mobilisation de tous les instants. Mais ce sentiment n’a fait que s’exacerber depuis 12 mois, et le décret publié le 05 mars dernier reste dans la droite ligne de cette communication impossible entre les infirmières et infirmiers libéraux d’un côté et le ministère de la Santé de l’autre. Suivant les préconisations de la Haute Autorité de la Santé (HAS), le gouvernement a donc permis aux infirmières de vacciner au même titre que les pharmaciens et sages-femmes notamment, tout en leur interdisant de prescrire cette vaccination anti Covid-19. Pour une fois, médecins généralistes et IDEL(s) partageaient le même constat, bien que ne reposant pas sur les mêmes raisons. Les médecins demandaient la démission de Jérôme Salomon, Directeur Général de la Santé, estimant être court-circuités par l’élargissement des prérogatives des pharmaciens. Les infirmières libérales, elles, regrettaient que leurs compétences ne soient pas reconnues à leur juste valeur, soulignant qu’elles vaccinent déjà sans prescription médicale dans certaines situations. Un collectif de 24 organisations infirmières s’est insurgé contre cette décision rappelant :

« Aujourd’hui, le gouvernement écarte la seule profession dont c’est réellement le métier »

 

Un manque de considération de plus en plus criant selon les infirmières libérales

 

Le collectif estime même que les infirmiers sont « bafoués » parle Ministère de la Santé, en rappelant que la mobilisation de la profession permettrait d’accélérer le rythme de vaccination. Si la mesure irrite les IDEL(s), c’est surtout l’accumulation de ces décisions « injustes » qui est à l’origine d’une véritable défiance des infirmières et infirmiers libéraux vis-à-vis de leurs autorités de tutelle. Les professionnelles déplorent que le ministère de la Santé ait oublié que la vaccination fasse partie des missions de la profession.

Pourtant, les IDEL(s) restent mobilisés au quotidien pour répondre aux besoins des exigences sanitaires. Dans de nombreuses villes partout en France, des infirmières libérales ont même pris la charge de la coordination des centres de vaccination, répondant ainsi à l’appel des autorités publiques. Et même là, la situation n’est pas claire. Ainsi à Amboise, deux infirmières libérales ont pris en charge cette coordination depuis le 18 janvier dernier. Il aura fallu, plus de deux mois après le début des opérations, la colère froide du maire de la ville pour l’Agence Régionale de Santé accepte finalement de rémunérer ces deux IDEL(s) pour le travail fourni. Encore des situations qui aggravent cette sensation d’être méprisée par le gouvernement.

Des expériences salutaires pour garder la foi dans sa vocation

 

Il serait possible de multiplier les exemples de ce genre, expliquant ce climat tendu entre le Ministère et les infirmières libérales. En revanche, si les infirmières et infirmiers libéraux sont épuisés de cette année si particulière, ils peuvent aussi, pour un grand nombre d’entre-eux, se féliciter des actions entreprises. Une solidarité s’est instaurée entre tous les professionnels de santé, et plus généralement parmi toute la population. Partout en France, il a fallu réagir face à l’urgence de la population, initiant de nouvelles habitudes, un rassemblement de la profession. C’est ce qu’expliquait Nadine le Bris, infirmière libérale à Concarneau, aux journalistes du Télégramme. : « La covid a eu cette vertu de rassembler la profession. (…) On peut se féliciter de cette belle cohésion, tout ça nous a permis de mieux nous connaître alors qu’on ne savait pas qui était qui, avant »

Et tous les soignants veulent garder aussi en mémoire ces expériences fortes, qui leur ont ouvert de nouvelles voies. Ces habitudes seront-elles conservées après la crise sanitaire ? Nul ne le sait, mais à un moment où la profession est sans cesse ignorée par les autorités sanitaires, il est bon aussi de partager ces instants plus valorisants et prometteurs ….

 

Et vous, que garderez-vous de cette année écoulée ? Totalement irritée par les multiples décisions prises, en ignorant les concertations des IDEL(s) ? Ou envie de conserver des images plus positives ?