Comme toutes les professions, les infirmières libérales ont besoin de se faire entendre et de faire connaitre leurs revendications. Quels organismes peuvent alors prétendre porter la voix de ces IDEL(s) et plus généralement de la profession infirmière ?

Les URPS Infirmiers libéraux, des leviers pour peser sur l’offre de soins au niveau régional

 

Au niveau régional, ce sont les Unions Régionales des professionnels de Santé (URPS) qui sont en lien avec les autorités sanitaires régionales pour améliorer et organiser l’offre de soins sur un territoire. Créées et organisées par la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires, la loi dite HPST de 2009, ces URPS sont organisées autour de chacune des professions de santé, exerçant en libéral. On recense ainsi des URPS pour les infirmières libérales, dentistes, les médecins, les pharmaciens, les orthophonistes, les masseurs-kinésithérapeutes, pédicures-podologues,   les orthoptistes, les biologistes et les sages-femmes. Ce sont ces unions régionales, que les professionnels de santé sont appelés à élire entre le 31 mars et le 7 avril. Ces élections sont organisées pour la première fois en ligne.

Les URPS Infirmières libérales représentent donc la profession auprès des institutions officielles, et cette représentativité attire les syndicats professionnels à s’emparer de ces élections. Les 4 grandes organisations syndicales disposent donc de listes pour ces élections : Infin’idels, Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), Convergence infirmière et la Fédération nationale des infirmiers (FNI).

Ces URPS, dont les actions sur le terrain sont visibles au quotidien, ne doivent pas être confondues ni avec les syndicats, qui ne représentent la profession qu’au travers de leurs membres ou encore des organes régionaux ou départementaux de l’Ordre National des Infirmiers (ONI).

 

Un ordre professionnel pour représenter toutes les infirmières libérales et hospitalières

 

Si presque toutes les professions de santé disposent d’un ordre professionnel, l’Ordre National des Infirmiers a dû attendre 2006 pour voir le jour. Chargé de représenter et défendre la profession, l’ONI dispose d’une délégation de service public et s’impose donc comme l’interlocuteur privilégié dans les relations des infirmières et infirmiers avec les autorités sanitaires du pays. Ce serait donc, depuis 15 ans, l’organe représentatif de la profession, et ce quel que soit le statut d’exercice mais aussi le territoire concerné. Les premières années d’existence de l’ONI ont été difficiles et mouvementées, puisque dès le départ il a été contesté. 10 ans après sa création, l’ONI réussissait néanmoins à adopter le code de déontologie de la profession infirmière. Depuis, les contestations se sont raréfiées, même si l’ONI ne suscite toujours pas l’unanimité au sein des infirmières et des infirmiers, qu’ils soient libéraux ou hospitaliers.

C’est notamment ce constat que dresse un référé de la Cour des Comptes. Si le document n’a été rendu public que fin mars, il a été adressé au ministère de la Santé dès la mi-janvier. Et la Cour des Comptes n’épargne pas l’ordre infirmier, en faisant état de « grandes difficultés de fonctionnement de l’Ordre infirmier »

Déjà épinglé par le passé, l’Ordre infirmier est accusé de ne pas réussir à résorber son manque de représentativité. Si tous les professionnels devraient être inscrits, le document de la Cour des Comptes souligne que seuls 52 % des professionnels le sont réellement. Certes on compte 96 % des infirmières libérales inscrites contre seulement 31 % des infirmières hospitalières. Pour la Cour des Comptes, la situation est dangereuse pour la profession elle-même, puisque sans ces inscriptions, l’ordre ne peut pas remplir sa mission de contrôle et de prévention des risques professionnels.

L’ONI, un ordre trop peu représentatif pour la profession infirmière ?

 

Pour la Cour des comptes, cette carence de l’ordre infirmier explique aussi l’impossibilité de substituer l’ambitieux Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) au répertoire ADELI, un remplacement jugé indispensable pour l’organisation future de notre système de Santé. La Cour juge ainsi :

« Tant que le tableau de l’Ordre n’est pas exhaustif, le basculement au RPPS apparaît comme doublement risqué (…) »

C’est un constat sévère, que dresse la Cour des Comptes, constat soulignant que cette représentativité partielle de l’ONI a d’autres conséquences plus problématiques encore, notamment en ce qui concerne ses obligations en termes de déontologie (vérifier l’application par les infirmières et les infirmiers) mais aussi en termes de formation / DPC.

 

Selon vous, quel est l’organe représentant le mieux la profession ? Les Syndicats ? Les URPS ? L’ONI ? …