Les infirmières libérales mais aussi leurs consœurs hospitalières ont à cœur de défendre leur vocation. Et pourtant, au fil du temps, les menaces se font de plus en plus pressantes et les éclaircies se font rares voire inexistantes. Alors quel avenir pour la profession infirmière, indépendamment du statut d’exercice ?

 

Les infirmière libérales et hospitalières veulent défendre leur profession

 

On a souligné, dans un précédent dossier, combien il était difficile d’identifier clairement les organismes, représentant la profession infirmière. En revanche, qu’elles soient infirmières libérales ou hospitalières, qu’elles soient expérimentées ou en formation, toutes ces professionnelles de santé veulent défendre leur profession, leur vocation, en confortant dans le même temps l’avenir même du métier d’infirmière.  Se sentant méprisées et se considérant comme les grandes oubliées du Ségur de la Santé, au début de l’été 2020, les infirmières libérales et hospitalières ont pu croire , pendant un temps (très court certes), que la proposition de loi RIST pallierait à ce manque de considération des pouvoirs publics.

Pourtant, cette proposition de loi, destinée à « améliorer le système de santé par la confiance et la simplification » a ravivé les colères et l’exaspération, notamment avec l’ambition de créer une « nouvelle profession médicale intermédiaire ». La mobilisation de la profession et de bien d’autres professionnels de santé a permis d’effacer cette proposition du texte législatif, même si les autorités publiques soulignent que l’idée n’est pas totalement écartée, mais qu’elle nécessite un temps plus long de réflexion.

Hospitalières ou libérales, les infirmières plaident de leur côté pour une reconnaissance de leurs compétences propres (et les différents errements des autorités sanitaires quant à la stratégie vaccinale a souligné que des efforts restaient à faire) mais aussi pour un plan ambitieux pour lutter contre le manque chronique de moyens financiers et humains.

 

Les professionnels de santé mobilisés pour repenser le système de santé de demain

 

 

C’est pourquoi, les infirmières libérales notamment sont de plus en plus nombreuses à rejoindre le collectif Santé en Danger, créé en juillet 2020. Né à l’issue d’un Ségur de la Santé, considéré par les soignants comme un plan hôpital, le collectif revendique l’ouverture d’un acte 2 de cette refondation du système de santé en France. Certaines revendications des infirmières libérales notamment font partie des demandes portées par ce collectif, que ce soit la refonte totale de la nomenclature ou encore la facturation de tous les actes effectués par les IDEL(s).

Mais le collectif va encore plus loin en voulant faire reconnaitre l’exercice libéral de la profession infirmière comme une véritable spécialité, impliquant notamment un parcours de formation à réinventer. Et les demandes du collectif sont sans ambiguïtés puisque souhaitant :

  • La réouverture des négociations du Ségur de la Santé
  • L’étude et la prise en compte de toutes les revendications (des infirmières libérales et de toutes les autres professions impactées et concernées)

 

Une menace spécifique pour les infirmières libérales ?

 

S’agissant des infirmières libérales en particulier, une autre source de contestation grandit, comme nous le relations déjà dans un précédent billet consacré au statut même de la profession. Alors même qu’une infirmière libérale soit contrainte de respecter de multiples conditions pour pouvoir s’installer, notamment dans les zones surdotées, des centres infirmiers, recrutant des professionnelles en contrat de travail, peuvent se dispenser de respecter les mêmes règles, créant purement et simplement une concurrence déloyale, néfaste à l’ensemble de la profession.

Ce genre de procédé n’est pas seulement source d’exaspération, mais il menace aussi à terme le statut même d’infirmière libérale Et parmi les nombreuses réactions, celle de Tut Frnctt résumait bien le sentiment de résignation : « C’était prévisible ce genre de structure, que les IDEL deviennent salariés, j’en discutais il y a de cela 3-4ans avec ma mère, au vu des pseudo réformes , les IDELS en tant que tel sont amenés à disparaitre, au profit de grands groupes. » Une menace, que les ambitions affichées de généraliser l’exercice coordonné et de rendre le travail isolé marginal exacerbent depuis des années.

 

Pensez-vous que la profession infirmière soit menacée telle qu’elle existe aujourd’hui ? Et s’agissant des infirmières libérales, craignez-vous un glissement vers un statut hybride ?