Le Code de la Santé Publique mais aussi le code de déontologie de la profession infirmière encadrent strictement toute action de communication de l’infirmière libérale. Bien qu’un assouplissement des règles ait été officiellement adopté, les infirmières libérales sont très fréquemment démunies, quand il s’agit de faire face à la tendance dominante de la communication digitale. Sur les réseaux sociaux comme sur les plateformes de mise en relation, les IDEL(s) sont soumis à des règles d’un autre temps.

 

Les infirmiers libéraux peuvent plus communiquer à destination de leurs patients

 

C’est un des sujets récurrents de l’actualité des infirmières et infirmiers libéraux : l’encadrement de leur communication, avec l’interdiction formelle de « faire de la publicité ». Comme bien d’autres professionnels de santé, les infirmières libérales ne peuvent communiquer avec leurs patients et plus généralement avec autrui qu’en respectant scrupuleusement le Code de la Santé publique d’une part et leur propre code de déontologie. Les règles sont nombreuses et variées, aboutissant à ce que beaucoup de professionnels, dont de nombreuses infirmières libérales, considèrent comme une « interdiction de communiquer ».

Pourtant, la transformation numérique de notre société a profondément transformé la donne, et la communication est devenue, depuis plus d’une décennie, essentiellement digitale désormais. Pourtant, les contraintes applicables aux documents imprimés de l’infirmière libérale restent valables s’agissant de l’encadrement de la communication sur un site Internet ou même sur les réseaux sociaux. Passé inaperçu, principalement en raison de la crise sanitaire, le décret du 22 décembre 2020 a fait légèrement évoluer la législation en donnant plus de liberté aux infirmières et infirmiers. Ainsi, « L’infirmier est libre de communiquer au public, par tout moyen, y compris sur un site internet, des informations de nature à contribuer au libre choix du praticien par le patient,(…) »

On est loin d’une libéralisation de la communication des infirmières libérales, mais cette évolution préfigure-t-elle déjà d’avancées plus significatives. C’est d’autant plus nécessaire, que l’infirmière libérale, dans sa communication digitale, doit aussi prendre en compte les propos de ses propres patients, et ces derniers se multiplient depuis plusieurs années.

Comment l’infirmière libérale doit-elle répondre à ses interlocuteurs pour respecter le code de déontologie ?

 

En effet, pour être visible des patients, l’infirmière libérale de 2021 doit être rapidement et facilement identifiable sur Internet. Bien que la création d’un site Internet ne soit pas interdit aux IDEL(s), le « référencement payant » (opération consistant à rendre le site plus « visible » des moteurs de recherche) peut quant à lui être assimilé à de la publicité. La professionnelle peut alors se créer une page sur les réseaux sociaux (en se limitant aux mentions légalement admises : adresse, diplômes, …) ou créer un blog, sur lequel elle pourra aborder de multiples thématiques liées à son activité professionnelle (L’infirmière libérale doit alors respecter, là-encore, toutes les règles qui s’imposent). Enfin, elle pourra aussi s’inscrire sur une plateforme de mise en relation Infirmiers – Patients sur laquelle elle pourra être rapidement trouvée.

La présence d’une infirmière ou d’un infirmier libéral sur Internet est aujourd’hui indispensable, puisque les patients ont massivement adopté ce canal de communication pour tous les actes de la vie quotidienne, y compris ceux liés à leur santé. Alors que l’infirmière libérale est soumise à un ensemble de règles pour sa propre communication, les patients, eux, s’expriment librement. Ils vont laisser des commentaires sur les plateformes de mise en relation, des messages publics sur les réseaux sociaux voire des messages commentant tel ou tel article du blog de l’infirmière.

Certains de ces propos peuvent être bienveillants et positifs, renforçant la capacité du « bouche à oreilles » de la Toile. D’autres en revanche pourront détériorer la réputation de la professionnelle de santé. Que ces propos soient fondés ou outranciers, ils appellent une réaction et donc une réponse de l’infirmière libérale. Là encore, elle ne pourra contester un reproche ou justifier une critique sans s’assurer de respecter toutes les règles déontologiques. Le plus souvent, la sagesse la conduira à inviter l’auteur du commentaire à la contacter en privé, afin de pouvoir s’exprimer plus librement. Toujours est-il que cette e-réputation dégradée perdurera et pourra donc nuire à l’activité quotidienne de l’IDEL. Comme quoi il est urgent de revoir en profondeur cet encadrement de la communication des professionnels de santé en général et des infirmières libérales en particulier.

 

Et vous, avez-vous déjà été victime de critiques sur Internet ? Comment avez-vous réagi ? Que faudrait-il revoir, en priorité, dans cette législation de la communication des infirmiers libéraux, selon vous ?