C’est une promesse, qui a déjà été faite à de nombreuses reprises, et qui pourtant n’a pas abouti. / Aujourd’hui, les autorités sanitaires annoncent l’ouverture des négociations pour réformer le décret infirmier qui date de 2004. Faire évoluer le décret en fonction de la réalité infirmière de 2021 tout en se projetant dans l’avenir même de la profession.

 

Faire évoluer la profession infirmière, une nécessité et même un devoir

 

Les infirmières libérales et hospitalières sont nombreuses à demander une évolution du décret infirmier, qui doit, selon elles, prendre en compte la réalité d’aujourd’hui. Il faut souligner que ce décret a été publié en 2004, et que depuis, les évolutions de la profession n’ont toujours pas été intégrées. Depuis des années, ces demandes répétées donnent lieu à des annonces des pouvoirs publics, et celles-ci restaient jusque-là sans réponses concrètes. En avril dernier, le Haut Conseil des professions Paramédicales (HCPP) a une fois de plus annoncé l’ouverture prochaine de négociations dédiées à l’actualisation de ce texte, qui a près de 20 ans. Devant cette annonce, la prudence reste de mise, comme le Marianne Pache, secrétaire générale du Syndicat national des infirmiers et infirmières libérales (Sniil) : « La Direction générale de l’offre de soins (DGOS), dont dépend le HCPP, nous le promet depuis des années ».

Pourtant, cette fois-ci, l’ambition semble se concrétiser. Il faut dire, que les prémices de cette évolution ont été actés au Ségur de la Santé (été 2020). Après s’être concentré sur le système hospitalier, les autorités sanitaires avaient affirmé vouloir engager une transformation profonde du système de santé, notamment en faisant évoluer les référentiels des professions paramédicales.

Reconnaitre la place centrale de la profession infirmière dans le système de soins en France

 

Car si la crise de la Covid-19 a mis en évidence des carences et des lacunes à combler en matière de santé publique en France, le besoin d’une telle évolution se fait sentir depuis bien plus longtemps. Au fil des années, de nombreuses évolutions du quotidien des infirmières et infirmiers, tant à l’hôpital qu’en ville, se sont fait sentir, sans qu’aucune d’entre-elles ne soit intégrée. C’est ainsi le cas de la consultation infirmière, qui n’est à ce jour ni reconnue, ni valorisée.

Désirant réformer pour un « système de santé plus efficace et plus durable, au service des patients », les autorités publiques ont pris conscience, plus encore depuis le début de la crise sanitaire, du rôle central occupé, pour ce qui concerne les soins de ville, des infirmières libérales. Elles restent le premier maillon du système de soins, puisqu’elles se déplacent quotidiennement chez leurs patients. A une époque, où de plus en plus de patients n’ont pas déclaré de médecins traitants et que la question des déserts médicaux ne cesse de prendre de l’importance, l’infirmière libérale apparaît être une « force supplémentaire », qu’il faut mobiliser dans cet effort de transformation.

Imaginer la place de l’infirmière libérale dans 10 ou 20 ans

 

Outre ces évolutions nécessaires, les travaux pour faire évoluer le décret infirmier doivent aussi être l’occasion de se projeter dans l’avenir et d’encadrer la transformation de la profession pour les 10 ou les 20 prochaines années. La crise sanitaire a amplifié le mouvement, en mettant en lumière les compétences propres de la profession. Ainsi, il n’est pas surprenant, de constater que le diplôme d’Etat Infirmier reste le vœu le plus formulé sur Parcoursup en 2021 (9 % de l’ensemble des vœux d’orientation). De son côté, le gouvernement a déjà officialisé la création de 6.600 places supplémentaires au sein des Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI).

C’est donc cette ambition, que le HCPP a concrétisé en annonçant l’ouverture des discussions, et la profession toute entière est mobilisée, même si elle espère avant tout une grande refonte globale plutôt qu’une multiplication des textes. Pour le président de l’Ordre National Infirmier, Patrick Chamboredon, c’est même une des conditions pour réussir : « Il ne s’agit pas de complexifier le système de santé, ni de remplacer des professionnels par d’autres, d’empiéter sur les compétences de chacun. ». Il reste donc à savoir comment se traduira cette ambition, qui évolue en même temps que d’autres chantiers, dont celui sur les compétences des aides-soignantes. Le nouveau décret infirmier sera-t-il à la hauteur des espoirs suscités ?

 

Pensez-vous que ces négociations permettront de tout remettre à plat ? Quelles sont les grandes évolutions que vous souhaitez voir adoptées en priorité ?