La question peut faire sourire et pourtant. Les infirmières libérales se sont mobilisées, depuis des années, pour que le rôle propre de l’aide-soignante ne soit pas reconnu. Elles ont eu gain de cause avec l’arrêté du 12 juin dernier, même si la situation n’est pas appelée à rester figée dans le marbre.

Les aides-soignants, une reconnaissance tardive et incomplète

Après des négociations aussi longues que difficiles, les autorités publiques ont entériné la réingénierie de la formation pour les aides-soignants. Dès la rentrée de septembre 2021, les futurs étudiants décrocheront donc le nouveau diplôme d’Etat d’Aide-soignant (DEAS). L’arrêté du 12 juin dernier met donc un terme à bien des débats, même si des questions restent toujours en suspens.

Pour les aides-soignants, cet arrêté représente la récompense après des années de négociations (les premières négociations ont été ouvertes en 2015) et il permet de préciser tous les actes, que les aides-soignants ont le droit de réaliser : lavage oculaire, mesure de la saturation en oxygène, prélèvement non stérile, lecture des données biologiques urinaires, … Les aides-soignants soulignent cependant, que cette reconnaissance reste tardive, puisque bien des actes désormais autorisés étaient déjà pratiqués depuis des années dans …l’illégalité.

Pour les autorités publiques, l’objectif était clair : rendre la profession plus attractive, afin d’attirer massivement les candidats et candidates. En effet, avec le vieillissement de la population, la profession va être appelée à faire face à une hausse importante de la demande de soins. En ne cantonnant plus les aides-soignants aux seuls soins dits d’hygiène, les autorités sanitaires entendent ainsi compléter leurs efforts pour repenser toute la chaine de soins en France.

Les infirmières libérales soulagées de l’arrêté sur les aides-soignantes ?

 

Pour les infirmières libérales, l’heure était plutôt à la satisfaction. Déjà en avril dernier, lorsque le projet de loi avait été présenté devant le Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP), les syndicats représentatifs des IDEL(s) regrettaient de voir la possibilité d’un glissement de compétences. Le 20 avril dernier, Convergence Infirmière réagissait ainsi en publiant un communiqué de presse :

« Transférer certains de nos actes aux aides-soignants et leur attribuer des actes dont les infirmiers libéraux ne disposent pas en autonomie dans leur rôle propre est une dérive assumée et décomplexée vers une médecine à bas coûts »

Les infirmières libérales auraient-elles été (pour une fois) entendues ? Toujours est-il que l’arrêté du 12 juin dernier ne reconnait pas de rôle propre au métier d’aide-soignant. En d’autres termes, les aides-soignantes ne pourront toujours pas exercer sous un statut libéral, mais resteront sous le contrôle d’une infirmière ou d’un infirmier. Les aides-soignantes sont déçues, puisqu’elles souhaitaient obtenir plus d’autonomie, alors que les infirmières libérales se félicitent de cette décision, tout en précisant qu’elles ne sont pas hostiles à cette profession. C’est ainsi que l’a expliqué Marianne Pache, secrétaire générale du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) : « On n’est pas contre le fait que le champ de compétences des AS soit élargi, mais il faut que cela soit réfléchi de façon globale, dans l’intérêt du patient. Si actes supplémentaires il y a, il faut dans tous les cas qu’ils soient encadrés par une IDE coordinatrice ».

Lors de ces débats, les syndicats représentatifs des infirmières et infirmiers libéraux se sont vivement opposés, même si tous partageaient la même opposition au projet. Des querelles, qui n’ont pas grandi l’image des infirmiers libéraux dans leur ensemble aux yeux des aides-soignantes en tout cas. Et pour Mme Arlette Schuhler, secrétaire de la Fédération nationale des associations d’aide-soignant (Fnaas), cette non-reconnaissance du rôle propre de la profession résulte notamment de cette opposition générale des infirmières libérales. Elle le regrette amèrement, même si les aides-soignantes sont bien décidées à reprendre les négociations à plus ou moins longue échéance.

 

Et vous, que pensez-vous de cette évolution du métier d’aide-soignante ? Comprenez-vous et soutenez-vous la levée de boucliers des infirmières libérales contre toute évolution de la situation ? Ou estimez-vous qu’il soit dans l’ordre des choses que des aides-soignantes puissent à l’avenir se voir reconnaitre un rôle propre ?