Les hôtels hospitaliers et les nouvelles orientations du Système de Santé

 

Les infirmières libérales comme tous les soignants libéraux ou hospitaliers ne peuvent que constater l’accélération des transformations de notre système de santé. Les hôtels hospitaliers en sont un exemple parmi tant d’autres.

 

 

Les nouvelles orientations du Système de Santé, des conséquences pour les infirmières libérales ?

 

On pourrait sourire en dressant la liste de toutes les réformes dédiées à notre système de santé, qui se sont succédé depuis plusieurs années. La dernière en date, Ma Santé 2022, dévoilée en 2018 par le président de la République M. Emmanuel Macron et la ministre de la Santé, Mme Agnès Buzyn, a produit des effets certes, mais s’est retrouvée vite dépassée par la crise sanitaire du coronavirus. Cette dernière a amené les autorités publiques à accélérer certaines réformes déjà envisagées mais aussi à revoir certaines de ses orientations.

Ainsi, le télésoin et la télémédecine ont connu une progression « exceptionnelle », crise sanitaire oblige, et les infirmières libérales ont-elles-aussi bénéficié de cette accélération du calendrier. Le travail coordonné entre les différentes professions de santé était un des socles de la réforme Ma Santé 2022, et il a été appelé à prendre une nouvelle dimension lorsque le premier confinement a été décidé. En d’autres termes, la transformation de notre système de santé s’est accélérée, même si les orientations prises depuis quelques mois ne sont pas toujours conformes aux décisions qui avaient été prises et annoncées. Cette transformation est-elle trop rapide et pas assez préparée ? Certains spécialistes du secteur de la santé le pensent. Pour les infirmières libérales, cette multiplication des évolutions peut interroger, tant les conséquences sur leur activité de demain sont difficiles à mesurer et à identifier.

 

La généralisation des hôtels hospitaliers, une décision définitivement validée

 

Ainsi depuis 2017, les « hôtels hospitaliers » sont testés dans plusieurs établissements en France. L’hébergement temporaire non médicalisé des patients, le nom officiel de ces hôtels hospitaliers, doit permettre à un patient de pouvoir être hébergé à proximité ou dans le centre de soins. Cet hébergement peut être décidé « en amont ou en aval » de l’hospitalisation. En revanche comme son nom l’indique, ce type d’hébergement n’est pas médicalisé et suppose donc que l’état du patient l’autorise.

On comprend que ce type d’hébergement peut apporter une réponse à des patients, résidant loin et même très loin de l’hôpital ou de l’établissement de santé, ou encore à des patients isolés ne disposant pas de moyens transport pour pouvoir respecter leur rendez-vous.

On comprend aussi la logique économique sous-jacente, une nuitée dans un hôtel hospitalier coûtant bien moins cher qu’une même nuitée dans un hôpital ou une clinique. (Le forfait d’une nuitée dans ces hôtels hospitaliers a été fixé à 80 €). Suite à cette expérimentation, un rapport avait indiqué que l’ambulatoire générait 80 % des séjours dans ces établissements en 2017 et 60 % en 2018. Toujours est-il, que le gouvernement vient de valider la généralisation de ces nouveaux établissements.

 

L’hôtel hospitalier, une décision polémique ?

 

Dans un décret et un arrêté du 25 aout, le gouvernement généralise dont ces hôtels hospitaliers à tous les hôpitaux et cliniques qui le souhaitent. Les textes publiés au Journal Officiel du 26 aout encadrent strictement ces hôtels hospitaliers (prescription médicale, durée maximale d’utilisation, conditions d’utilisation, ….) mais laissent la possibilité aux établissements de santé d’en déléguer la gestion à des organismes / entreprises extérieures. Et une évaluation médico-économique sera rendue fin 2022 par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS).

Des questions restent néanmoins en suspens. Bien que ces hôtels ne soient pas médicalisés, ne seront-ils pas à terme les lieux, dans lesquels les infirmières libérales effectueront leurs « soins à domicile » ? Faudra-t-il alors être « labelisé » par l’hôtel hospitalier pour pouvoir intervenir ou non ? La question ne se pose pas aujourd’hui, mais on peut imaginer que cette généralisation de ces hôtels ne soit qu’un premier pas.

De leur côté, les infirmières hospitalières et les soignants des établissements de santé se félicitent de ces hôtels qui peuvent représenter un confort pour les patients, mais déplorent dans le même temps que des lits continuent à être supprimés dans les hôpitaux.

 

Et vous que pensez-vous de la généralisation de ces hôtels hospitaliers ? Comment voyez-vous l’évolution de ces derniers dans les prochaines années ?