Après avoir été écartées du Ségur de la Santé, les infirmières libérales souhaitent se faire entendre à quelques mois des élections présidentielles. Et comme cette envie est partagée par bien d’autres professionnels de santé, une nouvelle intersyndicale, Les Libéraux de Santé, vient d’être créée.

La défiance des professionnels libéraux de santé face aux autorités publiques

 

La santé reste une des priorités du gouvernement, et les responsables, qui se succèdent, ne cessent de le réaffirmer. Pour autant, les professionnels libéraux de santé (PLS), qu’ils soient médecins, infirmières libérales, masseurs-kinésithérapeutes, …, estiment fréquemment qu’ils ne sont pas entendus ni écoutés, et encore moins compris et considérés. Le Ségur de la Santé constitue un exemple flagrant de ce mépris dénoncé par de nombreux syndicats professionnels. L’ambition forte de transformer notre système de santé s’est transformé en un vaste plan Hôpital, déclenchant, une nouvelle fois, la colère des professionnels libéraux de santé.

Depuis son élection, le président de la République, Emmanuel Macron, a mis en œuvre ses promesses électorales, et du décloisonnement à la promotion de l’exercice coordonné ou de l’exercice mixte, sans pour autant apaiser la défiance qui semble d’être installée durablement. Devant les médecins (ou plutôt à travers une Visio dont il a désormais l’habitude), Olivier Véran, Ministre de la Santé, a rappelé la volonté du gouvernement en matière de décloisonnement et d’exercice coordonné. Il a appelé les médecins à changer d’approche quant à ses évolutions nécessaires entre professionnels de santé et paramédicaux en insistant :

« Il faut qu’on sorte de ce paradigme qui fait que lorsqu’on parle de coopération, on prend un acte pour donner à un autre »

 

En d’autres termes, la délégation des actes (médecins vers infirmières libérales, IDE vers aide-soignante, …) ne peut être une solution pérenne si elle n’est pas accompagnée d’une transformation plus ambitieuse.

 

Les Infirmières libérales ne veulent plus être ignorées et méprisées

 

Ces professionnels de santé en général et les infirmières libérales en particulier souhaitent changer le rapport de force, en existant face à l’hôpital et en défendant leur approche et leur sens du devoir. Une ambition renforcée par les enjeux, qui se dessinent dans les prochains notamment avec l’élection présidentielle. Et les PLS ont conscience désormais, qu’il leur fait désormais s’unir pour pouvoir être entendus et écoutés. C’est dans ce but qu’a été créé une nouvelle intersyndicale Les Libéraux de Santé. 11 syndicats, représentant 10 professions de santé, se sont donc unis, alors même que la Fédération française des praticiens de santé (FFPS) et le Centre national des professions libérales de santé (CNPS) sont déjà (et encore) à l’œuvre.

La Fédération Nationale des Infirmiers (FNI) est signataire de cette fondation, et Daniel Guillerm, son président, a répondu aux questions d’ActuSoins pour expliquer cette démarche et les ambitions, qu’elle a fait naitre.

Les Libéraux de Santé vise avant tout à défendre cette vision de la médecine et de la santé libérale, sans cependant négliger la nécessaire interprofessionnalité, indispensable pour garantir le succès de l’avenir de notre système de santé. L’intersyndicale veut cependant que les autorités publiques changent leur approche, en raisonnant plus par rapport à ce qui se passe réellement sur le terrain. M Guillerm l’explique avec force : « C’est le cas par exemple concernant la reprise en main des périmètres de nos métiers. Nous voulons que l’Assurance maladie adopte une vision globale et interprofessionnelle de nos métiers et arrête de négocier en tuyau d’orgue. »

Les sujets à défendre sont nombreux, et pour les Libéraux de Santé, il ne fallait pas perdre de temps :

Nous sommes dans une fenêtre d’urgence politique. Le Ségur de la santé a ignoré les libéraux, les discussions sur le Projet de loi de financement de la sécurité sociale 2022 débutent, nous sommes aussi dans une pré-campagne présidentielle. Nous allons avoir à porter des propositions fortes au niveau de tous les acteurs, qu’ils soient institutionnels ou politiques.

 

Les ambitions sont donc clairement affichées, mêmes si certains détracteurs raillent la création d’une nouvelle intersyndicale, au moment même où les syndicats professionnels ont de plus en plus de mal à se faire entendre…..

 

Et vous, comment jugez-vous la fondation de cette nouvelle intersyndicale ? Estimez-vous que celle-ci aura les moyens de se faire entendre ? Croyez-vous encore aux représentations syndicales pour faire évoluer les choses ?