Les infirmières et infirmiers de France ont vécu deux années difficiles et mouvementées avec la crise sanitaire du Covid-19. Désormais, ces professionnels de santé s’interrogent sur leur avenir, d’autant plus que dans quelques mois, une élection présidentielle pourrait redistribuer les cartes.

« On est à la croisée des chemins », un constat des infirmières et infirmiers

 

C’est par ses termes que Patrick Chamboredon, président de l’Ordre National des infirmiers (ONI) a commencé sa conférence de presse du 12 octobre dernier. Il s’agissait autant de dresser un premier bilan de ces deux années de crise sanitaire liée au Covid-19 que de se projeter dans l’avenir de la profession. L’ONI n’a communiqué aucune décision forte, aucun calendrier mais s’est contenté de s’interroger sur les transformations, qui allaient devoir se concrétiser pour l’avenir même de la profession infirmière. Pourtant, la crise sanitaire n’a pas figé la profession. Depuis l’intégration des infirmières et infirmiers au Répertoire Partagé des Professionnels de Santé (RPPS), Mr Chamboredon ne peut que se féliciter de cette évolution, qui permet à l’Ordre infirmier d’être désormais sur le « le même plan que les autres ordres », d’être devenu le « guichet unique d’entrée des professionnels pour toutes leurs démarches. »

Cette conférence de presse a également permis de souligner l’adaptabilité et la flexibilité des infirmières libérales d’une part et de leurs consœurs hospitalières d’autre part. Entre les problématiques d’équipements de protection individuelle (la question des masques en reste le révélateur le plus sensible), de la réalisation des tests, de la campagne de vaccination, …, toute la profession s’est mobilisée à chacune des étapes. Et l’ordre infirmier insiste sur la nécessité de tirer les enseignements, tous les enseignements de cette période à commencer par une meilleure reconnaissance.

La reconnaissance de la profession infirmière, la priorité essentielle pour pouvoir se projeter

 

Le grand public a découvert le quotidien des infirmières hospitalières, et plus généralement le manque criant de moyens d’abord humains avant d’être financiers. Les autorités publiques ont également pris conscience de l’urgence à refonder l’hôpital, et le Ségur de la Santé a marqué officiellement cette ambition. Les infirmières libérales se sont senties méprisées et même pire littéralement oubliées de cet ambitieux plan destiné principalement à l’hôpital. Mais en ville ou en établissement hospitalier, l’urgence reste, selon les propos forts de l’ONI, de mieux reconnaître infirmières et infirmiers, rendre la profession plus attractive. Le Ségur de la Santé a initié cette politique de revalorisation dans la fonction hospitalière, promettant à demain les efforts nécessaires pour les IDEL(s).

Si Mr Chamboredon admet que des signes encourageants se retrouvent dans les mesures prises depuis deux ans par les autorités sanitaires, il alerte néanmoins en soulignant qu’ « 1 infirmier sur 2 considère que la profession ne permet pas un vrai parcours ni une évolution de carrière satisfaisants. ». Comment, dans ces conditions, faire de la profession infirmière une vocation d’avenir ?

 

Un avenir prometteur, à condition de ….

 

Mr Chamboredon résume parfaitement la position de l’Ordre infirmier en résumant les évolutions indispensables à la profession, comme l’élargissement du droit à la prescription. Mais il sait que ces revendications aussi légitimes soient-elles devront composer avec une autre réalité toute aussi incontestable : les élections présidentielles. Lucide, il admet :

« Soit nous obtiendrons quelque chose à minima qui se fera rapidement avant la présidentielle : avec l’ajout d’actes (on ne sait pas encore lesquels) au décret infirmier. Ce n’est pas notre attente. Soit un scénario plus ambitieux (notre choix) qui comprendra notamment une avancée sur le décret de compétences »

Et du décret d’actes actuellement applicable au décret de compétences souhaité par l’ONI, la question n’est pas que sémantique mais constitue bien un défi pour inscrire la profession dans la transformation du système de santé. C’est donc un ordre infirmier ambitieux, qui a dressé une présentation sans concession de la profession infirmière. Et les réponses aux différentes attentes de cette dernière sont déjà évoquées par certains des candidats à l’élection présidentielle. Cette échéance électorale jouera-t-elle, pour une fois, en faveur des infirmières libérales et hospitalières ? Les prochaines semaines apporteront des premiers éléments de réponse …

 

Et vous, pensez-vous que ces élections présidentielles vont permettre de faire avancer les revendications infirmières ? Estimez-vous être suffisamment et correctement représentées par l’ordre infirmier ?