Alors même que la relation IDEL/patientèle constitue l’essence même de la profession, les infirmières libérales ressentent souvent des difficultés à la gérer au quotidien. D’autant plus, que les patients, eux, sont de plus en plus formés et donc exigeants.

 

La relation de l’infirmière libérale avec sa patientèle, un aspect majeur trop souvent négligé ?

 

S’agissant du quotidien d’une infirmière libérale, on évoque souvent la complexification des soins (patients aux multiples pathologies, vieillissement de la population et généralisation de l’hospitalisation à domicile …) ou encore les conséquences d’une trop importante « paperasserie » (Facturation et suivi, cotation des actes, procédures en réclamation d’indus, …). En revanche on s’attarde peu sur l’essence même de la profession, à savoir la relation qu’entretient l’infirmière libérale avec ses patientes et patients.

C’est pourtant une dimension essentielle et incontournable pour toutes les IDEL(s) de France et d’ailleurs. Bien que la question soit enseignée au cours des études des futurs infirmiers, elle reste souvent abordée de manière parcellaire, contraignant l’infirmière libérale à « apprendre sur le tas ». Il ne s’agit pas uniquement de la relation de soins, qui repose principalement sur les compétences propres de l’infirmière mais bien d’une relation humaine, à laquelle la professionnelle de santé doit être formée et préparée. De la distance à conserver au lien social que peut constituer la visite quotidienne de l’infirmière auprès de patients isolés, cette relation IDEL/patientèle reste, il faut le rappeler, à l’origine d’innombrables vocations.

Une relation complexe et éprouvante pour les infirmières libérales

 

Les neurosciences et les sciences sociales s’intéressent depuis plusieurs années à cette relation soignant – soigné. Pour ce qui concerne l’infirmière, plusieurs dimensions se sont ainsi dégagées, même si l’évolution récente des attentes et aspirations du patient peut faire changer la donne à un avenir pas si lointain. On distingue ainsi fréquemment dans cette analyse du rapport entre l’infirmière libérale et son patient :

  • La relation de soins en elle-même: c’est l’objet même de la visite de l’infirmière libérale,
  • La relation de politesse: indispensable pour installer un climat de confiance tant pour le patient que pour l’infirmière libérale
  • La relation d’aide : Au-delà des soins prodigués, l’infirmière libérale peut « aider le patient à vivre sa maladie ». Reposant sur la confiance et la communication, cet aspect peut prendre de multiples formes
  • La relation éducative devant permettre à l’infirmière ou à l’infirmier libéral de « former » son patient à la gestion de sa propre pathologie.

 

 

Complexe et multidimensionnelle, cette relation constitue une tâche usante et éprouvante pour les professionnelles de santé, qui doivent, dans le même temps, apprendre à s’éloigner et à se protéger. Mais, cette relation a évolué depuis plusieurs années, notamment en raison de l’évolution même des patients. Ces derniers ne sont plus uniquement actifs mais deviennent de véritables acteurs de leur santé.

Patient partenaire ou patient expert, quand la relation soignant/soigné évolue !

 

Ne parle-t-on pas de plus en plus de patient partenaire ou même de patient expert quand on évoque les diversités des parcours de soins ? En 2009, la loi   HPST « Hôpital, Patients, Santé et Territoires » officialisait cette intégration des patients experts au corps chargé de dégager des enseignements pour d’autres patients d’une part mais aussi pour la formation des professionnels médicaux et paramédicaux. Concilier ces connaissances scientifiques (les infirmières) aux connaissances expérientielles (les patients) constitue une approche qui se généralise en établissements de santé.

Pour l’infirmière libérale, ce changement de statut du patient (de passif il devient acteur voire expert) n’est pas sans conséquences. La relation éducative prend alors beaucoup plus d’importance, notamment pour comprendre les soins prodigués, alors que la relation d’aide perd peu à peu son caractère optionnel. En appréhendant l’intégralité du parcours de soins, le patient attend ainsi « beaucoup plus » de « son infirmière libérale », qui, rappelons-le, se retrouve le plus souvent seule face à son patient. Et la tendance pourrait encore se renforcer dans les mois à venir, puisqu’à partir du 1er janvier prochain, la généralisation du dispositif « Mon Espace Santé » réunira sur une seule et même plateforme numérique professionnels de santé et patients, avec la possibilité d’interagir. La formation à cette relation Infirmière/Patient sera-t-elle revue ?

 

Et vous, quelles évolutions principales avez-vous vu dans la relation avec vos patients ? Pensez-vous que cette intégration des patients dans la gestion de leur parcours de soins va changer cette relation ?