Si les infirmières et infirmiers libéraux témoignent au quotidien de leur passion pour leur métier, ils sont nombreux aussi à exprimer une lassitude, qui gagne du terrain. Pour y répondre, les administrations rechignent bien souvent à leur accorder la considération et la reconnaissance, qu’ils seraient pourtant en droit d’attendre.

Devenir IDEL, une passion dévorante

Il suffit de lire vos commentaires pour comprendre que l’exercice libéral de la profession infirmière relève plus de la vocation que d’un opportunisme économique. A la lecture de l’article Infirmière libérale, est-ce vraiment le même métier qu’infirmière hospitalière ?, vous avez été nombreuses et nombreux à vouloir témoigner de l’attachement que vous portez à votre profession. Bien évidemment, tout n’est pas rose mais il ressort de vos réactions, que vous êtes dans l’ensemble, passionnés par votre profession tout en ressentant parfois lassitude et découragement face aux tracas administratifs et parfois face à l’isolement que vous pouvez ressentir.

Laurence Winnien résume parfaitement la situation : «  j’apprécie de pouvoir organiser mon travail comme je veux (…) j’ai fait 15 ans d’hôpital avant mais pour rien au monde je n’y retournerai même si des fois le ras le bol est là, ras le bol surtout lié à la fatigue quand la charge de travail est trop importante! les soins sont très variés (…) ».

Sandrine Champeval souligne bien quant à elle l’une des principales difficultés pour les infirmières et infirmiers libéraux lorsqu’elle écrit : « La différence pour une infirmière, entre le milieu hospitalier et le milieu libéral, est que, en libéral, nous sommes seules, vraiment seules, face à nos patients. Il y a bien le téléphone, les familles, le SAMU, les pompiers… mais nous sommes seules. »

 

La solitude des IDEL(s) renforcée par un manque de considération

Si ce sentiment de solitude, si souvent dénoncé par les infirmières et les infirmiers libéraux, se ressent au quotidien, il est exacerbé lorsque l’administration et même les autorités de tutelle traitent avec dédain les demandes légitimes d’une profession en mal de reconnaissance. La loi de santé et les nouvelles orientations notamment en termes de HAD (Hospitalisation à domicile) définissent de nouveaux rôles aux infirmières et aux infirmiers libéraux.

Même isolé(e), l’infirmière ou l’infirmier libéral se forme en permanence, notamment pour pouvoir faire face aux nouvelles obligations, qui lui sont faites. N’est-ce pas un manque de considération vis-à-vis de cette profession que de voir les formations suspendues à l’arrivée de l’automne faute de …budget ? En 2015, les IDEL(s), sollicitant le financement d’une formation après le 1er octobre, étaient donc invités à patienter jusqu’au début de l’année 2016.

Une situation inacceptable, qui si elle ne concerne pas uniquement les infirmières et les infirmiers libéraux mais bien tous les professionnels de santé, était néanmoins prévisible. On avait déjà connu pareille défaillance en octobre 2014, et en réduisant les budgets entre 2014 et 2015, on pouvait se douter d’un tel manquement aux obligations légales. Car faut-il le rappeler, mais l’article R4312-10 du code de la Santé publique impose bien cette formation

Pour garantir la qualité des soins qu’il dispense et la sécurité du patient, l’infirmier ou l’infirmière a le devoir d’actualiser et de perfectionner ses connaissances professionnelles.

La passion des infirmières et des infirmiers libéraux à l’épreuve des tracas du quotidien

Ces tracas du quotidien, et cette situation de la formation continue des IDEL(s) n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, ne retire rien de l’intérêt de la passion, que vous portez toujours à votre profession. En revanche, à la longue, on comprend que ces tracasseries administratives, ces suspicions permanentes peuvent venir à bout des vocations les plus déterminées. N’est-ce pas ce qu’exprime Isabelle Grimaud, lorsqu’elle écrit :

25 ans de libéral et je n’en peu plus de la paperasse même avec internet, des réclamations aux caisses, des exigences des patients . Je voudrais faire pareil mais en tant que salarié.

Ces questions et bien d’autres inquiètent, voire angoissent, les candidat(e)s à la profession d’IDEL, d’autant plus que les nouveaux engagements de la loi de Santé impliqueront de nouveaux changements pour les professionnels de santé. Et les infirmières et infirmiers libéraux ne seront, une fois de plus, pas épargnés ! La vocation et la passion seront-elles alors assez forte pour résister ou se dirige-t-on vers une révolution de la profession d’infirmière libérale ?

Comment voyez-vous l’IDEL dans 5 ans, 10 ans, et dans 20 ans ? La passion est-elle suffisante pour tout endurer et tout accepter ? Et si il ne devait y avoir qu’une seule mesure pour améliorer le quotidien des IDEL(s), quelle devrait-elle être ?