La Polynésie, ses eaux turquoise et ses paysages grandioses comme lieu de travail pour vos tournées quotidiennes, vous en avez peut-être déjà rêvé ? Pourtant Tahiti et ses îles françaises sont loin d’être le paradis des infirmiers libéraux car le système de sécurité social accuse des retards de paiement allant jusqu’à 6 mois ! Alors les infirmiers se rebiffent et tentent d’être écoutés par leur présidence mais aussi par la France…

Les raisons de la colère des infirmiers libéraux polynésiens

Vous connaissez peut-être déjà le régime de sécurité sociale polynésien la CPS ou Caisse de prévoyance Sociale ? Or, cette caisse, plutôt ressemblante à notre système métropolitain, est trouée. Ce sont les professionnels de santé les premiers à en faire les frais… ou plutôt à ne jamais les recevoir. La situation pour certains de vos confrères infirmiers libéraux polynésiens est extrêmement préoccupante. Voilà pourquoi depuis plusieurs semaines maintenant ils ont entamés un mouvement de grève.

Rappelons déjà que la Polynésie française est une Collectivité d’Outre-Mer de la République française et que, de ce fait, son pouvoir comme ses institutions sont indépendantes du territoire français. C’est la CPS qui est en charge de la Sécurité sociale et «  applique la politique de prestations sociales du pays, gère les régimes sociaux du pays et assure la coordination en Polynésie française avec d’autres régimes de protection sociale (Sécurité sociale métropolitaine, CAFAT) ». Cet organisme est financé par les cotisations salariales et patronales, les cotisations versées par les non-salariés, la contribution de solidarité Territoriale (CST) ainsi que par les différentes taxes.

Malheureusement cela ne suffit pas à régulariser une situation si difficile qu’il en devient indispensable aux yeux de la ministre de la Santé française Marisol Touraine d’aider cet organisme en difficulté. Ainsi le 16 avril 2015 a été signé une convention qui formalise l’aide de l’État au régime de solidarité́ territoriale de la Polynésie française.

« Par cette convention, qui acte des engagements réciproques entre l’État et la Polynésie française, le gouvernement exprime sa détermination à accompagner le territoire de la Polynésie française dans ses efforts de redressement en assurant une protection sociale aux Polynésiens les plus démunis.

[…]  De son côté́, la Polynésie française s’engage à engager les réformes nécessaires pour assurer la pérennité́ et l’équilibre à long terme de son régime de protection sociale, à procéder à la rénovation de son système de soins et à mettre en œuvre un nouveau schéma d’organisation sanitaire 2015-2019 ».

Voilà pourquoi, depuis de longues semaines, les professionnels de santé dont les infirmiers libéraux surchargés de travail par une population qui ne peut s’offrir des soins de plus en plus couteux, crient leur colère et leur indignation face à la CPS qui ne les rembourse pas.

« Depuis maintenant près de quatre ans, les infirmiers à domicile doivent faire face quotidiennement aux retards de paiements de la CPS, atteignant parfois 6 mois […] Nous n’avons eu de cesse d’alerter toutes les instances dirigeantes sur notre incapacité à absorber de tels retards, en vain », regrette le syndicat des infirmiers libéraux dans un communiqué adressé aux médias.

S’installer en cabinet d’infirmier libéral en Polynésie française

Contrairement à l’image idyllique que chacun peut se faire de la Polynésie française, la vie de l’infirmier libéral sur les différents archipels ou même dans la capitale est loin d’être un plaisir.

Le système de santé étant de plus en plus défaillant et les hôpitaux rares, les IDELs de Polynésie doivent prendre de nombreux patients à leur charge qui n’ont, soit pas les moyens d’être hospitalisés, soit doivent partir de l’hôpital pour libérer des places. Au résultat, les IDELs se déplacent jusqu’à des zones d’habitation parfois très reculées, voient leurs heures se multiplier et leurs remboursements de frais tarder.

« En chirurgie et en médecine, nous sommes à des taux d’occupation de 92%, ou 95%. Les normes pour permettre une rotation fluide, c’est 85%. […] Du coup, pour libérer les lits plus vite et accueillir plus de patients, les établissements de santé utilisent dès que possible les soins à domicile, et souvent ce sont les infirmiers libéraux qui prennent les patients en charge. Cette grève ne va pas bloquer l’hôpital, mais ça va lui compliquer la vie » explique le secrétaire général du CHPF, Jean-Marie Savio au Tahiti Infos.

Alors malgré la demande nette du gouvernement adressée à la CPS de rattraper les retards de paiement face à la menace des infirmiers libéraux de ne plus prendre en charge de nouveaux patients à partir du dimanche 26 avril, la contestation est lancée. Bien évidemment, l’organisation de la prise en charge en est bouleversée mais les 133 infirmiers libéraux conventionnés comme les 70 remplaçants que compte la Polynésie française suffoquent et voient leur situation financière s’aggraver. Des discussions entre le gouvernement, la CPS et les syndicats sont en cours pour trouver une solution rapide à ce grave problème.

Jérôme Fernandez, président du syndicat des infirmiers libéraux, rappelle pour faire taire les clichés que « Il y a 15 ans les infirmiers gagnaient beaucoup d’argent, c’est vrai. Mais maintenant c’est fini ».

En date du 15 mai dernier, le problème qui opposait CPS et infirmiers libéraux s’est réglé grâce à l’action du gouvernement.

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux métropolitains, avez-vous déjà été attirés par le travail en Polynésie française ? Que pensez-vous du système de santé polynésien ? Êtes-vous solidaires de la cause de vos confrères d’Outre-Mer ?