La loi de santé 2015 a été votée le 14 avril 2015, toutefois avant que celle-ci ne soit promulguée, elle doit être présentée au Sénat. Si, comme nous l’avions évoqué dans un précédent article, elle s’avère présenter des aspects généraux intéressants, pour les infirmiers libéraux elle est loin d’être favorable à leur exercice. Ainsi le 12 mai 2015, journée établie comme celle des infirmières, les IDELs se sont révoltés par différentes actions de protestation contre cette loi qu’ils considèrent menaçante pour leur métier.

Les raisons de l’indignation des infirmiers libéraux et du syndicat FNI contre la politique de santé gouvernementale

Cette loi de santé 2015 proposée par Marisol Touraine présente bien entendu des nouveautés bénéfiques pour les patients comme pour les professionnels de santé telle la relance du DMP ou bien encore les actions développées en matière de prévention.

En ce qui concerne les prérogatives prévues pour les infirmiers libéraux, le bilan des propositions est en réalité plus mitigé. La validation dans l’article 30 de la notion de « pratiques avancées » va enfin permettre de créer la spécialisation d’infirmier clinicien prévue déjà au moment du Plan Cancer III par François Hollande, ce qui est une bonne chose.

En revanche la disparition possible de l’ONI mais aussi et surtout la volonté farouche de vouloir concentrer les services de médecine de proximité en maisons de santé, ce qui les placeraient automatiquement sous autorité hiérarchique du médecin généraliste sont des possibilités largement à craindre.

Les IDELs ne seraient alors plus libéraux mais salariés et perdraient alors toute indépendance et donc toute l’importance de leur position médicale au chevet du patient.

« Le syndicat FNI de l’Eure dénonce la mise en place d’une hiérarchie des acteurs de santé, avec tout en bas l’infirmière à domicile, sous la surveillance du médecin généraliste. (…). Le patient sera aiguillé, dès son entrée, dans le système de soins vers les professionnels regroupés en structure. Le généraliste, médecin-patron, et tour de contrôle des équipes, dictera ses tâches aux infirmières. » selon le quotidien départemental Normandie Actu.

De plus la prépondérance annoncée de l’importance grandissante des ARS dans le choix de la localisation des nouvelles installations des cabinets infirmiers déjà fortement inégales face aux besoins des patients inquiète les zones déficitaires ou à forte concurrence : « L’État et les agences régionales de santé veulent la mainmise sur le système, mais ces structures coûtent plus cher qu’un infirmier libéral», affirme Martial Feniou, membre du bureau de l’association des infirmiers de Sanary (source varmatin.com).

Le 12 mai 2015 était la journée idéale pour mener des actions importantes par les infirmiers libéraux afin d’être, enfin, entendus par le gouvernement !

Les différentes actions de mobilisation des IDELs lors de la journée des infirmières le 12 mai 2015

La FNI se félicite du succès de la mobilisation des infirmiers libéraux par un communiqué du 12 mai 2015 en relatant les diverses actions menées principalement à leur appel : « Pour preuve, elles étaient en cortège dans de nombreuses régions, là sur le péage de Saint jean de Védas (34), celui d’Heudebouville sur l’A13   (27), sur l’autoroute Paris-Lyon, ou encore en opération escargot à Rennes sur la RN12 et la RN24 pour rejoindre la préfecture, à Limoges, Albi, La Rochelle, Pointe à Pitre… En Franche-Comté, nombreux étaient les cabinets de soins fermés, les appels téléphoniques transférés à la préfecture et les grands axes routiers bloqués ».

La principale crainte est dans toutes les bouches des manifestants qu’ils soient de l’Eure, du Limousin ou de pointe-à-Pitre « Cette loi va porter atteinte à la liberté de choix du patient. Les ARS vont passer des accords avec ces maisons de santé qui vont capter la patientèle. Ce sera au final une sorte de transformation de notre activité libérale en profession salariée et nous sommes contre ».

En effet il reste plutôt incompréhensible que dans une même loi on souhaite favoriser les échanges entre professionnels de santé en recréant massivement les dossiers médicaux partagés et que, de l’autre côté, on estime la cohésion de la médecine de proximité insuffisante pour la regrouper en maisons de santé alors que tous les moyens n’ont même pas encore été donné…

« On a ouvert une quantité incroyable de DMP, y compris dans notre département. Mais ce sont des coquilles vides. Cela pourrait être un moyen très efficace d’échange d’informations.

[…]Ces dispositifs sont déjà déployés. Pourquoi dépenser de l’argent public dans des maisons de santé pour justement permettre aux différents professionnels de travailler ensemble ? ».

(Source ladepeche.fr)

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, avez-vous participé aux différents mouvements de protestation contre la loi de Santé ? Pensez-vous que vos paroles seront entendues par le gouvernement ?