Martin Hirsch, les infirmiers de l’AP-HP et les 35 heures, l’urgence est au dialogue !

Martin Hirsch, directeur général des Hôpitaux de Paris, a décrété l’état d’urgence pour les comptes de l’AP-HP. Il a ainsi proposé en mars dernier, entre autres, de supprimer les 35 heures pour le personnel afin d’éviter les jours de repos accumulés par le dépassement des heures. Le personnel, dont les IDE, ne voit pas comment revenir sur cet acquis. Une proposition qu’ils jugent injuste et inacceptable face à la charge déjà très lourde que leur impose leur travail quotidien. Pour l’instant, aucun accord n’a été trouvé et le dialogue est sourd entre les deux parties.

Les Hôpitaux de Paris en déficit, Martin Hirsch impose ses solutions

Sachant que les hôpitaux doivent économiser 3 milliards d’euros en trois ans au vu des déficits actuels et que les Hôpitaux de Paris sont concernés à 10 % par le budget national des hôpitaux, il devenait vital de faire des économies. Reste à savoir sur quel point économiser les deniers publics ?

Martin Hirsch, directeur des Hôpitaux de Paris a annoncé en en mars dernier une série de mesures, dont certaines étaient déjà établies depuis 2014, afin de maîtriser les dépenses de santé avec pour objectif de rééquilibrer la situation économique de son organisation en 2016. Jusqu’ici, malgré certains grincements de dents, les économies réalisées n’avaient pas faites scandale. L’annonce de la suppression des 35 heures pour tout le personnel hospitalier de l’AP-HP a signé la fin du dialogue et le début de la « guerre ».

« Nous ne demandons pas de modifier la réglementation, mais nous reprenons l’accord AP-HP de 2002 sur la réduction du temps de travail, qui n’est plus adapté aux enjeux d’aujourd’hui. La majorité des personnels travaillent aujourd’hui 7h36 ou 7h50 par jour, dépassant 35 heures hebdomadaires. Les minutes accumulées font des milliers de jours à rattraper, en récupérations, en RTT » Martin Hirsch.

Bien évidemment cela signifie pour le personnel, dont les IDE, moins de temps de repos pour toujours plus de patients, tout en prenant le risque de perdre une qualité de soin qui se doit d’être irréprochable.

La colère et la fatigue des IDE de l’AP-HP : une infirmière publie un message de détresse sur le net

Suite à cette annonce plusieurs mouvements de grèves ont été lancés, dont le 28 mai où la manifestation a réuni plus d’un millier des employés de l’AP-HP. Le mot d’ordre est le même pour tous : « Les RTT sont vitales » !

Infirmier en hôpital ou infirmier libéral, la pression du nombre d’heures de travail accumulées est énorme sans compter le stress causé par le manque de personnel et de matériel en milieu hospitalier ou l’agressivité et la susceptibilité des patients pour l’IDE ou l’IDEL.

Tous les personnels des Hôpitaux de Paris se disent donc inquiets de se voir supprimer des temps de repos indispensables à l’équilibre psychique et mental de chacun. «On est débordés et inquiets. Je ne connais pas une seule personne qui travaille avec moi qui est pour cette réforme, on n’y voit rien de positif » explique Pauline, infirmière depuis trois ans au service endocrinologie adulte de l’hôpital Bicêtre au magazine Allo Docteur.

Ainsi, une infirmière Clémentine Fensch de l’AP-HP, a rendu public son appel à Martin Hirsch : « Comment osez-vous penser une seule seconde à raccourcir notre temps de travail quotidien et à supprimer nos jours de congés si précieux pour nous ressourcer ? N’avez-vous donc jamais mis les pieds plus d’une heure ou deux dans un service hospitalier ? »

Elle rappelle aussi dans son témoignage la crainte de tous : perdre la qualité des soins au profit d’une cadence encore plus effrénée. Elle évoque d’ailleurs son burn-out suite au décès d’une patiente de 60 ans qu’elle n’a pas pu rassurer faute de temps, trop occupée par la multitude d’autres tâches à accomplir. La patiente est décédée quelques jours après d’un arrêt cardiaque de stress… Bien triste réalité de l’hôpital au quotidien…

Le témoignage de cette infirmière est disponible sur le site vimeo.com. Il rejoint les très nombreux commentaires et constats analogues de ses collègues eux aussi désespérés tant par la fatigue que par la peur de perdre l’essence même de ce qui fait leur métier : la qualité de soin aux patients…

Martin Hirsch a déclaré récemment revenir sur ses propositions et reprendre le travail de négociations en septembre, à l’instar de Marisol Touraine qui, si elle lui affiche son soutien, souhaite que cette situation ne reste pas bloquée. « Le statut quo n’est pas possible, Martin Hirsch a raison, il est dans son rôle de vouloir adapter les conditions de travail, mais il faut le faire par le dialogue »Marisol Touraine, 14 juin 2015, RTL.

Toutefois n’oublions pas que : « Le patient c’est vous demain, l’un de vos proches, votre bien aimé, vos enfants » Clémentine Fensch, infirmière à l’AP-HP.

Et vous, infirmières et infirmiers libéraux, vous sentez-vous solidaires de la cause de vos collègues infirmiers des Hôpitaux de Paris ? Que pensez-vous des différents témoignages, dont celui de Clémentine Fensch ? Avez-vous vous aussi cette impression de ne plus pouvoir parfois passer le temps qu’il serait optimal au chevet de votre patient ?