Rapport de la Cour des Comptes : Les Infirmières et Infirmiers libéraux veulent se faire entendre et …comprendre.

Il y a moins d’une semaine, la Cour des comptes s’étonne de l’augmentation des dépenses liées aux soins infirmiers à domicile. Aujourd’hui, Marisol Touraine déclare qu’elle vise l’objectif d’une intervention chirurgicale sur deux en ambulatoire. On marche sur la tête non ? Donc si on suit le raisonnement, l’objectif est que les patients soient opérés à l’hôpital et gèrent EUX-MEMES, TOUT SEULS, les suites opératoires à leur domicile. Nous on a une meilleure idée pour réduire le déficit de la Sécurité Sociale, on propose que les patients s’opèrent eux-mêmes directement chez eux.

 

L’ordre National des Infirmiers mais aussi les syndicats se sont bruyamment manifestés après la publication du rapport de la Cour des Comptes. Mais c’est la mobilisation des infirmières et des infirmiers libéraux, qui marque les esprits. Sera-t-elle entendue ?

L’Ordre national des Infirmiers et les syndicats se mobilisent pour défendre infirmières et infirmiers libéraux

Il n’aura donc pas fallu attendre longtemps pour que toute la profession infirmière se mobilise après la publication, le 15 septembre dernier, du rapport de la Cour des Comptes. Il apparait important de souligner, que pour une fois, tous les syndicats d’infirmières et infirmiers libéraux semblent parler d’une même voix. Les magistrats reprochaient notamment la hausse des tarifs des IDEL(s).

Le président de l’Ordre National Infirmier (O.N.I.), M. Didier Borniche, s’en offusque, puisque les tarifs des soins infirmiers n’ont pas été revalorisés depuis deux ans. En outre, il souligne que les IDEL(s) ne sont pas non plus bénéficiaires des primes sur les objectifs de santé publique, s’étonnant au passage que les destinataires de ces primes (les médecins généralistes notamment) ne soient pas évoqués dans ce rapport.

Une répartition inégale, à pondérer et à mettre en lumière par rapport aux efforts des IDEL(s)

Le rapport déclencha aussitôt l’hydre des syndicats, lorsqu’il condamnait la répartition inégale des infirmières et des infirmiers libéraux sur le territoire. Il a été rappelé par le FNI mais aussi par tous les autres syndicats, que la profession infirmière a été la première des professions de santé à accepter une régulation des installations par zone. En outre, tous dénoncent une méconnaissance totale de la Cour des Comptes, lorsque cette dernière se questionne quant au rapport existant entre le nombre d’IDEL(s) sur une zone définie et le nombre d’actes de soins (infirmiers, bien sûr !) par patient.

Un des exemples, cités dans le rapport, est la Corse. A aucun moment, les magistrats ne tiennent compte d’une moyenne d’âge plus élevée sur l’île de beauté que sur le reste du territoire. A aucun instant, la faiblesse du nombre de places en EPHAD en Corse n’est soulignée, et on ne tient pas compte non plus de l’insularité, qui traditionnellement se concrétise par une plus forte volonté des patients à vouloir rester à leur domicile. Peut-être faudrait-il expliquer à la Cour des Comptes, que la Corse est une terre de traditions, sur laquelle se plaisent à venir s’installer de nombreux retraités. Ces derniers sont heureux de trouver des infirmières et des infirmiers libéraux, qui doivent pallier au manque d’infrastructures de l’île.

La politique de santé, des IDEL(s) face à « l’ambularisation » des soins

Enfin, le rapport se plait à souligner l’explosion du nombre d’actes de soins infirmiers. Cette dénonciation masque, là encore, une véritable méconnaissance des réalités du terrain. Ce ne sont pas les infirmières et les infirmiers libéraux, qui peuvent être montrés du doigt dans le développement à tout prix de l’ambulatoire dans les hôpitaux. Des hospitalisations de plus en plus courtes pour des soins de plus en plus nombreux. Inutile de suivre les cours infirmiers pour comprendre, que le raccourcissement de la durée d’un séjour à l’hôpital entraîne inéluctablement une hausse des soins infirmiers à posteriori. Et dans la mesure où la tendance est à l’accélération du phénomène, les reproches similaires risquent de se multiplier si la profession ne se mobilise pas.

Les IDEL(s) aussi sont plus unis que jamais pour faire face à ce qui ressemble à une « attaque en règle »

Si toutes les autorités représentatives des infirmières et des infirmiers libéraux ont réagi face à cette attaque, souvent jugée à charge, les infirmières et les infirmiers libéraux eux-mêmes se sont mobilisés. Il suffit, pour en prendre pleinement conscience, de lire vos commentaires sous l’article « Les Infirmiers dans le viseur du rapport de la Cour des Comptes », paru le 20 septembre 2015 sur le blog d’Albus, le logiciel infirmier.

Certains IDEL(s) sont exaspérés de ces reproches incessants, comme Stéphane Roulaud., qui nous écrit « Perso suis écoeuré donc je vends mes parts et je change de métier », mais la grande majorité se redresse face à cette ignorance de la Cour des Comptes vis-à-vis de la réalité du quotidien. Nombreuses sont les invitations des IDEL(s) lancées aux magistrats, comme celle de Alexandra Cantarel à destination du président de la Cour des Comptes «  je vais vous inviter à venir passer quelques journées à mes côtés ».

On sent la mobilisation de toutes les infirmières et infirmiers libéraux, qui veulent défendre leur profession mais aussi leur professionnalisme. Ainsi Alexandra explique-t-elle : «  Monsieur Migaud, je suis en repos aujourd’hui et pourtant je suis en partance pour mon cabinet, gestion des plannings de soins, comptabilité, teletransmissions SCOR ….. Travaillez-vous sur vos jours de repos ????? Et pourtant, là, je ne vais avoir aucune rémunération ».

Sans concertation et sans préparation, les infirmières et infirmiers libéraux apportent ainsi une réponse à chacun des arguments, dénoncés par le rapport incriminé. Ces réactions seront-elles suffisantes pour que la Cour des Comptes, et plus généralement les instances décisionnaires, s’appuie à l’avenir sur la réalité du terrain plutôt que sur les rapports, qui leur sont adressés ?

Infirmières et infirmiers libéraux, pensez-vous que cette mobilisation va porter ses fruits ? Réussirons-nous à convaincre ces magistrats de leur erreur d’interprétation ? Aurons-nous la force de faire entendre notre voix ?