Les autorités sanitaires américaines doivent se prononcer dans les prochaines semaines sur l’autorisation de commercialisation d’un robot, réalisant des prises de sang sans l’intervention de personnel médical. Cette innovation devrait alors se généraliser partout dans le monde, et les IDEL(s) sont en droit de se poser bien des questions.

 

La prise de sang, un acte du quotidien des infirmières et infirmiers libéraux

Avouons, qu’en général, lorsque l’on évoque la prise de sang et les infirmières et infirmiers libéraux, on s’attend surtout à un véritable débat sur la cotation (contestable et contestée ?) de ce soin infirmier. On peut aussi se préparer à un recueil d’anecdotes sur le sujet, et en la matière, nous savons que chaque IDEL pourrait rédiger un véritable livre avec les histoires insolites vécues ou les situations saugrenues rencontrées.

Pourtant aujourd’hui, nous allons aborder ensemble la prise de sang, en tant que pratique médicale. Ou plutôt évoquer la future disparition annoncée de cet acte, qui fait partie du quotidien des IDEL(s). Nous avons déjà évoqué l’importance des innovations en tout genre sur la pratique infirmière et nous prolongeons donc cette réflexion en nous attachant aujourd’hui sur cet acte si courant depuis des décennies.

La disparition annoncée de la prise de sang ou une simple évolution dans l’exercice médical

Direction les Etats Unis pour découvrir cette petite révolution, qui fera date dans la pratique des soins infirmiers. Une startup américaine, l’entreprise TASSO, a travaillé avec les chercheurs de l’université du Wisconsin Madison pour imagine et créer HemoLink.

HemoLink se présente sous la forme d’un petit boitier, aux dimensions très modestes. Equipé d’un système d’aspiration, HemoLink est capable de prélever du sang. Le paient n’éprouve aucune douleur et n’aura plus à vivre cette « peur de l’aiguille ». La technologie utilisée repose sur la technique micro fluidique. Le sang est ainsi prélevé à partir de la peau par capillarité. Il faut deux minutes à ce boitier pour recueillir jusqu’à 0.15 cm3.

Ce boitier est donc destiné, pour le moment, à tous les patients, nécessitant des prises de sang régulières. Le format ultra pratique d’HemoLink permet au patient de l’emmener partout, et de ne plus recourir à une aide médicale extérieure, en théorie tout du moins. Sur le papier, les avantages pour les diabétiques par exemple paraissent évidents et importants.

TASSO a effectué une demande de validation auprès des autorités sanitaires américaines, la Food and Drug Administration, et affiche son ambition de commercialiser son boitier en 2016.

Les infirmières et infirmiers libéraux pas encore menacés par HemoLink !

Si la prise de sang semble donc bien être appelée à disparaître, dans certains cas, aux Etats Unis, le constat devrait être le même en France d’ici quelques années. On pourrait croire les infirmières et infirmiers libéraux déchargés de cette pratique médicale, à condition toutefois que les carences de l’HemoLink soient d’ici là corrigées.

L’appareil est ainsi incapable de reproduire les conditions de stockage (une température de 18 à 22° C et une position verticale assurée), devant permettre un envoi postal ou par transporteur. D’ici à ce que les IDEL(s) soient chargés du transport de ces prises de sang, on n’est pas loin du non-sens. Les infirmières et les infirmiers libéraux ne seraient plus en charge de prélever le sang mais uniquement de le transporter jusqu’au laboratoire. On peut alors légitimement se poser la question de l’intérêt de cette innovation, même si les chercheurs de Tasso affirment leur volonté de mettre au point un procédé de stabilisation du sang, qui devrait alors pouvoir supporter un stockage d’une semaine à 60° C.

Les IDEL(s), un attachement à la prise de sang ou une volonté de s’en détacher ?

Bien des interrogations persistent à la lecture de cette nouvelle, à commencer par le rôle précis qui sera dévolu aux infirmières. En ces temps de disette budgétaire, et de reproches incessants vis-à-vis de la profession infirmière, n’est-ce pas une cause d’inquiétude ? Ne demandera-t-on pas aux IDEL(s) de transporter le sang, prélevé par HemoLink, lors de leur passage chez leur patientèle ?  Qu’en sera-t-il du paiement de cette prise en charge, si paiement il y a lieu ?

Mais une autre interrogation, plus importante encore, demeure : les infirmières et les infirmiers libéraux sont-ils prêts à ne plus effectuer de prises de sang ? N’est-ce pas aussi une partie de l’âme de cette profession ? Depuis des années, les IDEL(s) ont mis au point des astuces pour assurer ces prises de sang dans les meilleures conditions, même pour les cas les plus difficiles. Alors être remplacé par un robot, aussi perfectionné soit-il, n’est pas l’idéal, dont les IDEL(s) rêvaient…

Infirmières et infirmiers libéraux, que pensez-vous de ces prises de sang automatisées ? Etes-vous prêts à vous faire remplacer, dans certains cas, par un robot comme HemoLink ? N’avez-vous pas une anecdote ou une astuce à nous présenter en ce qui concerne les prises de sang, que vous réalisez ?