Si les médecins sont en grève depuis le 03 octobre dernier, les infirmières et infirmiers libéraux ont eux manifesté leur colère le jeudi 01er octobre. Entre accusations infondées et menaces sur l’avenir de la profession, les IDEL(s) entendent bien poursuivre jusqu’à ce que leurs demandes soient enfin prises en compte.

Les IDEL(s) se retrouvent enfermées entre les accusations de la Cour des Comptes…

Le 01er octobre était une journée de mobilisation pour toutes les infirmières et infirmiers, et les IDEL(s) étaient aussi appelés à manifester leur mécontentement. Certes, leurs revendications différaient légèrement de celles plus générales portées par les syndicats représentatifs. Certains souligneront la faiblesse de la mobilisation des libéraux, alors que d’autres préfèreront s’attarder sur les nombreux mouvements, organisés à travers toute la France. Quoi qu’il en soit, le message envoyé par les infirmières et les infirmiers libéraux s’affichait sans ambiguïtés.

« Infirmières libérales, bosseuses pas voleuses » pouvait-on lire sur certaines des pancartes, brandies comme des étendards. La référence au récent rapport de la Cour des Comptes n’échappait à personne. On soulignait déjà les incohérences, pouvant être relevées dans le rapport, et la colère des IDEL(s) aura, au moins, permis de clarifier leur sentiment sur le sujet. Une infirmière libérale, Elodie, résumait parfaitement le ressenti de toute une profession, en déclarant :

 » Le rapport de la Cour des Comptes nous accusant ouvertement d’être des fraudeurs et en plus d’être responsables des explosions des dépenses de santé a été un véritable coup de massue »

Le manque d’éléments objectifs et la méconnaissance totale du sujet représentent bien les principales accusations adressées aux hauts magistrats. En proposant de réguler l’installation des infirmières et infirmiers libéraux, et d’accroitre les contrôles pour sanctionner les fraudes des IDEL(s), la Cour des Comptes a fait déborder le vase….Car il ne s’agissait pas de la première attaque faite contre la profession.

…et les ambitions paradoxales de la prochaine loi de Santé

Depuis des semaines, voire des mois, les infirmières et infirmiers libéraux essaient aussi de faire entendre leur position sur la prochaine loi de santé, portée par la Marisol Touraine, Ministre de la Santé. La validation par le Sénat de la dernière version de cette loi de santé atteste, que la profession n’a pas été entendue. Si cette prochaine loi de santé fait surtout parler d’elle par la création du grade Master pour les infirmières de pratiques avancées, elle mise également beaucoup sur la création de nombreux centres de santé. Ces derniers sont censés, aux dires du rapport préparatif à cette loi, entraîner d’importantes économies sur les dépenses de santé.

Ces centres de santé sont pourtant pointés du doigt par les IDEL(s), qui soulignent qu’ils représentent une concurrence (déloyale) faite à leur propre activité. C’est l’existence même des cabinets d’infirmières et d’infirmiers libéraux, qui est menacée aux dires de plusieurs représentants syndicaux.

D’un côté, les IDEL(s) sont donc accusés de fraude en tout genre et d’irresponsabilité face à la multiplication des actes pratiqués, et de l’autre, la loi organise des difficultés supplémentaires pour les années à venir. On comprend aisément ce sentiment de ras le bol, qui s’est exprimé jeudi dernier, amenant tous les libéraux à vouloir poursuivre et même renforcer leur mobilisation.

Les infirmières et infirmiers libéraux se regroupent sur les réseaux sociaux

Les IDEL(s) ne sont pas les seuls professionnels de santé à manifester leur mécontentement. Les médecins ont ainsi entamé une grève samedi 03 octobre, pour obtenir le retrait, pur et simple, de ce projet de loi de santé. Infirmières et infirmiers libéraux peuvent néanmoins se féliciter d’avoir su dépasser les divisions syndicales et les différences d’interprétation.

De nombreux rassemblements d’infirmières et d’infirmiers libéraux ont été initiés et organisés par des collectifs, qui ont su fédérer les professionnels. Les réseaux sociaux furent, au cours de ces derniers jours, les formes privilégiées pour organiser la défense de la profession, et les IDEL(s) peuvent en tirer fierté et espoir. Cela démontre l’attachement des infirmières à leur profession et la volonté de préserver la santé de leurs patients. Cela présuppose surtout une poursuite des actions, jusqu’à ce que la position des IDEL(s) se fasse enfin entendre…

Infirmières et infirmiers libéraux, avez-vous manifesté jeudi 01er octobre ? Quelle était votre principale revendication : la condamnation du rapport de la Cour des Comptes ou la demande de retrait du projet de loi de santé ? Envisagez-vous de poursuivre l’action ? Si oui, sous quelles formes ?