Avec l’adoption définitive de la loi de modernisation de santé, va se poser très rapidement la question de l’hospitalisation à domicile et du rôle des infirmières et infirmiers libéraux. La Ministre de la Santé semble indiquer une voie, même si les IDEL(s) sont alors laissés sur le bord du chemin.

Les IDEL(s) engagés dans un combat perdu d’avance avec les HAD ?

Dans quelques semaines, la Grande Conférence de la Santé mettra un terme définitif au long processus d’adoption de la loi du même temps. Même si il ne faut pas attendre grand-chose de nouveau de ce temps d’échanges, puisque les décisions ont déjà été votées par le Parlement, il marquera néanmoins une nouvelle étape, un nouveau départ pour la réorganisation du système de santé. Nous avons déjà évoqué l’inquiétude et la colère des infirmières et des infirmiers libéraux, et plus généralement de tous les professionnels de santé, vis-à-vis de cette loi, adoptée sans réelle concertation, mais l’enjeu et les défis de cette refonte dépassent les termes mêmes de cette nouvelle loi.

Pour s’en convaincre, il suffit de lire un des derniers discours de Marisol Touraine, prononcé le 02 décembre dernier. Ce n’est pas aux infirmières et aux infirmiers libéraux, que s’adressait alors la Ministre de la Santé, mais aux établissements d’hospitalisation à domicile, réunis pour la journée de leur fédération nationale.

Vous pouvez compter sur moi pour vous accompagner, vous soutenir et vous défendre.

Cette déclaration de Marisol Touraine était adressée à ce discours de clôture de la 19ème journée nationale de la FNEHAD, alors que tant d’IDEL(s) attendent aussi une marque de soutien de ce genre de la part de leur ministre de tutelle.

Une nouvelle vision de la santé partagée par les infirmières et infirmiers libéraux !

Ce discours a permis de souligner les grandes orientations de la politique de santé pour les années à venir. Lorsque la Ministre explique vouloir « permettre aux patients qui le peuvent de rester chez eux au lieu d’aller ou de rester à l’hôpital », elle ne fait que confirmer le virage de l’ambulatoire et de sa volonté d’accélérer le mouvement. On comprend alors, entre les lignes, que les soins infirmiers seront absolument nécessaires pour prendre le relais  des soins hospitaliers.

De cette décision va découler une nouvelle réorganisation, car Marisol Touraine a bien insisté sur sa volonté de « réussir à garantir « la qualité de l’hôpital », tout en respectant « le confort de sa maison » ». Jusque là, les infirmières et infirmiers libéraux ne pouvaient que se féliciter de voir leur importance enfin reconnue, sauf que ce discours, doit-on le rappeler, n’était pas destiné aux IDEL(s). La qualité de l’hôpital, le confort de la Maison, les propos de la Ministre reprennent sans hésitation le slogan de la FNEHAD. Dès lors si le constat est partagé par tous, on pouvait craindre que la suite du discours n’évoque des voies à suivre, difficiles à comprendre et même à admettre pour les IDEL(s).

Une politique de la santé imposée aux IDEL(s)

Ces établissements de HAD vont donc pouvoir prendre en charge certains soins ambulatoires, jusque-là assurés par les infirmières et infirmiers libéraux. Un comité d’études, annoncé par la Ministre, va coordonner les efforts des SSIAD, des ADMR et des HAD pour favoriser le maintien des patients à domicile. Pourquoi ne pas associer celles et ceux, qui agissent déjà au quotidien dans ce sens ?

Pour renforcer cette conviction de l’hospitalisation à domicile, la ministre de la Santé a réaffirmé sa volonté de doubler l’activité d’HAD d’ici 2018, ce qui implique des moyens conséquents, que la Ministre s’est engagée à financer en partie tout du moins.

Face à de telles déclarations, on comprend le désarroi des infirmières et des infirmiers libéraux, qui peinent à se faire entendre sur tant de sujets depuis de si longs mois. La conclusion du discours de la Ministre de la Santé renforce un peu plus ce sentiment d’incompréhension, puisqu’à aucun moment les IDEL(s) ne sont associés à ce processus, qui reste cependant au cœur de leur activité.

« Une offre de soins adaptée aux besoins de nos concitoyens et notamment aux plus vulnérables. Une offre de soins adaptée au nouvel art médical, à la e-santé et au développement du numérique. Une offre de soins adaptée aux défis du vieillissement et du développement des maladies chroniques. Dans ce cadre, l’HAD a toute sa place et particulièrement pour les soins palliatifs à domicile. »

Infirmières et Infirmiers libéraux, comprenez-vous la position de la Ministre de la Santé face aux HAD ? Quelle place pensez-vous devoir jouer dans ce renforcement du développement de l’Ambulatoire ? Pensez-vous être en mesure de faire face à cette suractivité annoncée ?