Outre les relations entretenues avec leurs patients, les IDEL(s) se doivent aussi de gérer les relations avec les autres professionnels de santé, à commencer par les médecins prescripteurs des soins à dispenser. Ces relations peuvent parfois être délicates voire difficiles, comme par exemple, dans le cas d’une ordonnance indéchiffrable.

Les relations entre les infirmières libérales et les médecins traitants, une source d’incompréhension

Au quotidien, les médecins et les autres professionnels de santé sont des contacts récurrents pour les infirmières et infirmiers libéraux et ces relations ne sont pas toujours apaisées, qu’on pourrait le croire. Un oubli sur une ordonnance, et c’est à l’infirmière libérale de prendre son téléphone pour contacter le médecin traitant, le service hospitalier ou tout autre prescripteur pour que l’ordonnance soit complétée. Avec des emplois du temps déjà bien surchargés, ces détails se font plus usants et fatigants.

Parfois, ces mêmes prescripteurs omettent, par négligence ou par méconnaissance du travail réel des IDEL(s), un soin ou un produit. Et l’infirmière libérale se retrouve seule face à son patient, qui ne demande qu’une chose : être soigné. Le 30 mai dernier, Virgine Lange réagissait à l’un des billets du blog, en témoignant de son quotidien :

Sans compter tous les actes que l’on effectue gratis car pas d’ordo! Et tous les médicaments qu’on va gentiment aller chercher à la pharmacie pour rendre service au patient…

Il ne s’agit pas de jeter la pierre à qui que ce soit, mais juste de souligner que ces oublis, ces erreurs ou ces imprécisions pèsent lourd à la fin d’une journée commencée à 7h00 ou 7h30 et qui ne s’achèvera pas avant 19h00 voire 20h00. Et même lorsque les prescriptions sont réalisées dans les règles de l’art, elles peuvent encore poser problème pour l’infirmier libéral, arrivé au chevet de son patient.

600664___Copie_de_cH7REdRrUTH_1A757349Quand les IDEL(s) doivent se passionner pour la paléographie

L’écriture des médecins est rarement prise en modèle et l’opinion populaire l’assimile même à des pattes de mouches. Toutes les infirmières et infirmiers libéraux ont déjà été confrontés à une ordonnance illisible. Et pourtant, l’IDEL doit alors bien mener à bien sa mission. Dans un monde idéal, celui décrit par la Code de la Santé Publique (CSP), cette situation relèverait de l’impossible. En effet, l’article R. 4127-34 stipule que le médecin a l’obligation de formuler ses prescriptions avec toute la clarté indispensable, veiller à leur compréhension par le patient et son entourage et s’efforcer d’en obtenir la bonne exécution.

Ce serait donc au médecin de veiller à ce que sa prescription soit correcte (aucun oubli, aucune imprécision) mais aussi compréhensible (écriture lisible). Mais dans la vie réelle, c’est bien l’infirmière ou l’infirmier libéral, qui doit se débrouiller seul au domicile du patient. En règle générale, l’appel téléphonique au prescripteur renverra l’IDEL sur une messagerie, se bornant à préciser les heures de disponibilité. Dans une grande partie des cas, l’IDEL réussira à déchiffrer, en fonction de son expérience, de sa formation mais aussi de la (ou des) pathologie(s) du patient. A ses heures perdues, l’IDEL se doit donc aussi d’être paléographe …

Une ordonnance lisible pour les IDEL(s), une obligation légale !

La responsabilité du médecin est engagée concernant la lisibilité mais aussi la pertinence de son ordonnance. Cela n’empêche pas que l’IDEL également doit répondre aux obligations, qui pèse sur ses épaules. Aux termes de l’article R 4312-29, « l’infirmier ou l’infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite, datée et signée par le médecin prescripteur, ainsi que les protocoles thérapeutiques et de soins d’urgence que celui-ci a déterminés. Il vérifie et respecte la date de péremption et le mode d’emploi des produits matériels qu’il utilise. Il doit demander au médecin prescripteur un complément d’information chaque fois qu’il le juge utile, notamment s’il estime être insuffisamment éclairé ».

L’intérêt du patient reste donc la priorité absolue pour l’infirmière libérale comme pour tous les autres professionnels de santé. Mais dans les cas, où l’IDEL ne parvient pas à déchiffrer l’ordonnance, elle sera donc tenue d’attendre les précisions du médecin prescripteur. Même si aujourd’hui, de plus en plus d’ordonnances ne sont plus manuscrites, ce cas extrême se produit encore trop fréquemment !

Comment réagissez-vous lorsque vous n’arrivez pas à comprendre ou à déchiffrer une ordonnance ? Et si vous n’arrivez pas à joindre le médecin prescripteur ? Et en cas d’oubli sur la prescription, quel est alors votre réaction ?