On en parle depuis des années, et même pour être plus précis depuis 2004. Pourtant, tous les voyants sont au vert ou presque pour faire de cette année 2016 le réel lancement du DMP généralisé à toute la population française. Quant à Albus, la nouvelle version du logiciel est très bientot compatible !

Le DMP, un projet ambitieux mais toujours à l’état de projet

Souvenez-nous ! Nous étions alors en 2004, et la volonté d’informatiser les données de santé trouvait enfin une consécration avec le lancement du D.M.P. (loi du 13 août 2004 sur l’Assurance Maladie). On parlait alors de Dossier Médical Personnel et pas encore, comme aujourd’hui, de Dossier Médical Partagé. Dans tous les cas, l’acronyme né de ce projet, le DMP, allait marquer l’actualité de la santé pendant plus d’une décennie.

L’objectif premier consistait alors à permettre au médecin traitant de disposer de toutes les données médicales de son patient, afin d’améliorer diagnostics et traitements mais aussi dans le but d’éviter des examens, déjà demandés par ailleurs. Une santé plus efficace donc et plus économique, voilà la présentation qui en était faite à l’époque.

Seulement, les médecins n’adhérèrent pas massivement à cette ambition, alors que les patients, eux, ne comprenaient pas trop, faute d’informations suffisantes, l’intérêt d’un tel dossier médical. Aussi souhaité que dénigré par les professionnels de santé, parmi lesquels les infirmières et infirmiers libéraux, le dossier médical a donc connu une histoire chaotique, hésitant entre la Personnalisation pour séduire les patients eux-mêmes et le Partage, pour convaincre médecins, infirmières libérales et autres professionnels de santé.

Personnel ou partagé, le dossier médical relégué comme une belle idée !

Les raisons de l’échec de ce projet sont trop nombreuses et variées pour être listées une à une. Car jusqu’à aujourd’hui, ce dossier médical reste un échec cuisant dans notre politique de santé. Pour preuve, en 12 ans d’existence, seuls 580.000 DMP ont été créés. On ne peut pas parler de franche adhésion de la population, ni même de soutien généralisé de la part des médecins, qui, jusqu’à aujourd’hui, étaient les seuls habilités à créer ces dossiers médicaux. A ce rythme-là, et sans de nouveaux actes forts du Ministère de la Santé, le DMP sera étendu à toute la population au prochain millénaire.

D’un autre côté, même si l’argument n’a jamais été évoqué comme le moteur principal de cette ambition, le DMP visait aussi à maitriser, voire réduire, les dépenses de santé. Or, si 12 années ont vu la création de ces 580,000 dossiers, elles ont aussi coûté 500 millions d’euros à la collectivité ; un ratio loin d’être bénéfique pour qui que ce soit.

De nombreuses relances ont été initiées au cours de cette décennie passé, mais rien n’y a fait. Pourtant aujourd’hui, le DMP se trouve replacé au cœur de l’ambition des pouvoirs publics, et 2016 pourrait marquer une date cruciale dans le déploiement de ces dossiers médicaux, désormais qualifiés de partagés.

2016, la relance du DMP dans le cadre d’une politique e-santé

Marisol Touraine, Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, a déjà levé le voile sur l’ambitieux programme e-santé 2020. Le développement de la télémédecine mais aussi la prise en compte du Big Data font partie des objectifs prioritaires, définis par le ministère pour les prochaines années. Mais la relance du DMP constitue également un point fort de ce programme, d’autant plus que de nouveaux partenaires se sont fait connaître : les acteurs de l’e-santé.

L’ambition politique se double donc désormais d’une stratégie économique, visant à promouvoir et renforcer le secteur de l’e-santé en France. Certes, des questions restent en suspens, mais les infirmières libérales comme tous les autres professionnels de santé peuvent s’attendre à voir (enfin) le DMP se généraliser. Le Ministère a chargé la CNAM de reprendre le dossier en main, alors qu’il était jusque-là géré par l’agence ASIP Santé. Si cette redistribution des rôles va permettre de clore une querelle de clochers qui a pu participer à l’échec cuisant de ces dernières années, il permet aussi à la CNAM d’imposer le DMP aux professionnels de santé, contrairement à la précédente agence.

Découvrir Albus Air

Et Albus dans tout ça ?

Albus Air, la dernière version révolutionnaire du logiciel infirmier, est en passe d’être agréée DMP. Il sera possible de créer un DMP depuis le logiciel, gérer les droits, permettre un accès direct aux données pour le patient, modifier ses informations administratives, etc.
Découvrir Albus Air

Une ambition politique au service de la santé, des infirmières libérales et autres professionnels de santé

De ce simple changement d’attribution découle une autre avancée en ce qui concerne le dossier, puisqu’il a été décidé d’intégrer à terme l’historique des remboursements effectués pour chaque patient. La demande avait déjà été formulée à de nombreuses reprises, et c’est désormais acté et décidé.

Un autre des freins à ce dossier médical partagé a également été levé, puisque désormais les patients eux-mêmes pourront créer leur propre dossier, alors que jusque-là, cela leur était interdit.

Petit à petit, tous les freins à cette généralisation semblent être levés, alors que dans le même temps, le développement de l’e-santé, avec l’émergence d’acteurs privés, a accéléré la prise de conscience des patients eux-mêmes. Le manque de communication, constaté pour le lancement du DMP, disparait à son tour devant les promesses (médicales et commerciales) des acteurs de l’e-santé.

Pour finir de lever les oppositions à la généralisation du DMP, Mme la Ministre a aussi annoncé le déploiement d’une nouvelle fonctionnalité, inspirée du « Blue Button » américain. En un clic, les patients pourront désormais récupérer toutes les données médicales les concernant. Cette fonction était attendue par les associations et devrait donc finir de convaincre les Français et les Françaises.

Marisol Touraine confirme cette ambition gouvernementale

« Les conditions sont réunies pour la réussite du DMP. Le calendrier annoncé est clair, rapide et réaliste : des zones pilotes ont été définies pour déployer le DMP dès cet automne. Une généralisation est prévue au premier semestre 2017. »

Le DMP, sauvé par la e-santé et le big Data ?

Face à cette volonté affichée des pouvoirs publics, le DMP bénéficie aussi d’un nouveau soutien de poids, puisque les acteurs de la e-santé, le plus souvent des start-ups, sont conscients de la nécessité de disposer de données pour proposer des services toujours plus efficients. Consultant et spécialiste de ce domaine, Lionel Reichardt résume parfaitement les enjeux portés par la mise en œuvre du DMP en expliquant :

« Il n’y a pas d’e-santé possible sans DMP, La compréhension du parcours de soin est par exemple indispensable pour faire de la prise en charge à distance. »

Les pouvoirs publics sont donc motivés à s’engager plus en avant dans le projet, les patients trouvent dans le DMP 2016 une réponse à leurs principales préoccupations et les acteurs de l’e-santé nourrissent de grands espoirs sur cette généralisation, qui ouvrira, à terme, la e-santé au Big Data. Tout semble donc coïncider pour qu’enfin le projet connaisse le succès qu’il mérite, à condition toutefois de fédérer les médecins, les infirmières libérales et toutes les professions de santé.

Car si ce DMP est présenté, depuis le lancement du projet il y a plus de 10 ans, comme un bénéfice incontestable pour le patient, les professionnels de santé ne réussissent pas à identifier clairement des bénéfices rapides et concrets. Permettre à l’infirmière libérale d’accéder à des données médicales de son patient est déjà possible. Dans ces conditions, les médecins restent peu enclins à se lancer dans cette tâche fastidieuse que serait la copie des données des patients dans le DMP, d’autant plus qu’ils ne cessent de rappeler qu’ils possèdent déjà ces informations dans leur propre logiciel. Président de la commission R&D de l’association eHealt Tech, Juan Sebastian Suarez Valencia traduit ces réticences du corps médical en posant le problème :

« La structuration des données de santé est très complexe et il est aujourd’hui impossible de les exporter de manière standardisée. Si les informations ne peuvent pas être facilement intégrées et que l’ergonomie n’est pas au rendez-vous, pourquoi les médecins iraient recréer un nouveau dossier alors qu’ils ont déjà toutes les informations dans leur propre logiciel ? »

C’est pourquoi, ces mêmes acteurs privés de la e-santé se proposent-ils de participer plus activement à la création de la nouvelle génération du DMP, afin d’en accroitre l’ergonomie, d’en améliorer le design pour au final accroitre le confort d’utilisation par les professionnels de la santé. Cela sera-t-il suffisant pour faire adhérer médecins, infirmières libérales, kinésithérapeutes, … ? Ou la CNAM devra-t-elle faire valoir son droit d’imposer ses décisions ? Les semaines à venir indiqueront la tendance générale, mais l’intérêt des professionnels de santé semble désormais être le seul obstacle restant encore à franchir …

Pensez-vous que 2016 marque le réel lancement du Dossier Médical Partagé ? Craignez-vous de voir les acteurs privés de l’e-santé s’immiscer dans cette mise en place ? Le DMP est-il une avancée que vous attendez ou au contraire estimez-vous qu’il n’apporte rien de plus aux infirmières et infirmiers libéraux ?