Les élections de 2017 relancent le débat sur la santé en France, et les infirmières libérales doivent en outre, face à de multiples promesses, se préparer pour leurs prochaines négociations avec la Caisse Maladie. L’avenir des IDEL(s) sera-t-il avant tout politique ?

Les infirmières libérales, les dernières convoquées des professionnels de santé

C’est en avril-mai prochain, que seront convoqués les infirmières et les infirmiers libéraux pour négocier à leur tour avec l’Assurance Maladie. La profession infirmière souligne son agacement quant à ce calendrier. Présidente du Syndicat national des infirmières et des infirmiers libéraux (SNII), Annick Touba s’emporte :

Nous serons les derniers à renégocier notre convention avec l’Assurance maladie, en mars-avril, en pleine campagne présidentielle, ce qui n’est pas très encourageant.

Ces négociations se dérouleront donc sur fond de polémiques et d’inquiétudes, exprimées notamment par vos nombreuses réactions quand il s’agit d’évoquer le programme de François Fillon sur la santé publique en France. Les attentes sont énormes de la part des infirmières et des infirmiers libéraux, et on craint déjà de « passer après tous les autres ». Les dentistes, qui sont actuellement en négociation, ont déjà reçu l’engagement du Ministère de la Santé d’une enveloppe budgétaire supplémentaire de 200 millions d’euros, après celle de 1.3 milliard d’euros accordée aux médecins généralistes fin aout 2016. Et les infirmières et infirmiers libéraux devront encore attendre, que pharmaciens négocient leur convention (et les discussions s’annoncent, là aussi ardues) à la fin de l’année avant d’entrer dans le vif du sujet. Les craintes seront-elles levées, ou les négociations relèveront-elles plus du domaine des promesses électorales ?

BSI, indemnités horokilométriques, révision de la nomenclature, des négociations chargées pour les IDEL(s)

Pourtant, les sujets ne manquent pas pour les infirmières et infirmiers libéraux et les tensions se font d’ores et déjà sentir. La Caisse nationale d’Assurance maladie (Cnamts) continue sa réflexion sur les IK pour clore le conflit de ces indemnités horokilométriques, né avec les IDEL(s) de Savoie. De nombreuses pistes de réflexion sont déjà envisagées même si certains ont refusé de participer à cette réflexion. Ainsi, le syndicat Convergence Infirmière a motivé son absence au prétexte que « les infirmières libérales ne seront pas l’exception des professions de santé en matière de facturation des déplacements et des indemnités horokilométriques au domicile des patients qu’elles prennent en charge. »

Que dire de la réforme de la nomenclature, demandée depuis longtemps par les infirmières et infirmiers libéraux et promise par leur autorité de tutelle. Les différentes commissions, mises en place, n’ont à ce jour rien laissé filtré et les inquiétudes grandissent de jour en jour.

Ces prochaines négociations devront enfin officialiser la généralisation du Bilan de soins Infirmiers (BSI), qui devrait remplacer la Démarche en soins infirmiers, instaurée en 2002.

On comprend que l’importance des sujets à évoquer suscite de telles craintes de la part des infirmières et infirmiers libéraux, d’autant plus que ces derniers veulent tourner la page de ce quinquennat.

Entre inquiétude et désarroi, les IDEL(s) espèrent tourner la page de 2017

Le Journal International de la médecine détaille ainsi l’opinion des infirmières et infirmiers libéraux sur le quinquennat qui s’achèvera en mai prochain. 60 % des IDEL(s) interrogés regrettent le peu de place, que la santé a occupé durant ces cinq dernières années. Et encore, les deux grandes réformes du quinquennat finissant ne font pas l’unanimité, bien au contraire. Ainsi, si 74 % des infirmières libérales portent un jugement négatif sur la loi de modernisation du système de santé, ils sont 61.9 % à critiquer l’instauration du Dossier Médical Partagé (DMP).

Et quand on demande à ces infirmières et infirmiers libéraux de s’exprimer sur leurs attentes pour le prochain quinquennat, ils s’accordent à demander :

  • Le renforcement des soins de proximité (91 %)
  • Le développement de la prévention (89 %)
  • Leur plus grande implication dans la permanence des soins (87 %)
  • La révision du droit de prescription aux infirmiers (76 %).

On comprend mieux, que ces aspirations puissent conduire à de l’empressement quant à la portée des prochaines négociations, d’autant plus que 87 % des infirmières libérales interrogées attendent aussi une revalorisation financière. Décidément, 2017 sera bien une année charnière tant au niveau politique qu’en ce qui concerne l’avenir des infirmières et des infirmiers libéraux de France.

Craignez-vous les prochaines négociations entre IDEL(s) et Assurance Maladie ? Les infirmières libérales peuvent-elles compter, selon vous, sur les promesses des candidats ou n’est-ce qu’une manière de calmer la grogne qui monte ?