Bonne et heureuse année 2016 à toutes les infirmières et infirmiers libéraux

2016 a   été marqué, comme les autres années, par une actualité riche pour les infirmières et infirmiers libéraux. En nous en faisant l’écho chaque semaine, le blog d’Albus, le logiciel infirmier, a recueilli, tout au long de l’année vos commentaires et vos éclairages sur chacun des dossiers évoqués. Aussi pour changer un peu des incontournables best-of et autres bilans annuels, nous vous proposons de vous souvenir de vos propres témoignages, rédigés au cours de l’année.

Dès les premiers jours de janvier, Catherine Arnal réagissait à un dossier sur l’Ordre National Infirmier en affichant son optimisme : « Continuer à se battre pour que les soins des IDEL(s) restent de vrais soins et ne deviennent pas de l’abattage sous payé. Bonne année aux IDE et aux IDEL(s). »

C’est également en janvier, que les infirmières et infirmiers libéraux de Savoie ont dénoncé la remise en cause du calcul des indemnités horokilométriques par la Caisse Maladie, et cette remise en cause a depuis fait couler beaucoup d’encre. Le 11 janvier, Laurette Bubisutti   se désolait en demandant « Qu’on mette déjà les frais kilométriques au même tarif pour tout le monde car je ne crois pas qu’il y a une différence à la pompe entre IDEL , médecin, kiné…!!! ». Dans le même temps, la profession s’interrogeait sur la multiplication des « déserts médicaux » , alors qu’en juillet une décision de justice relançait le débat sur les IK.

 

Les infirmières libérales et l’HAD, une relation difficile et tendue

La loi de modernisation de la santé, dont le processus de validation a pris fin le 11 février dernier avec la Grande Conférence de la Santé, a été adoptée fin 2015. Elle restait encore, en ce début d’année 2016, un sujet d’attention. C’est principalement le rapport entre les infirmières et infirmiers libéraux d’un côté et les structures de HAD d’un autre côté, qui a cristallisé les débats, qui ne sont pas clos à la fin de cette année 2016.

En janvier, le Conseil Constitutionnel validait définitivement la loi, laissant les infirmières et les infirmiers libéraux s’exaspérer de la place grandissante faite à l’Hospitalisation à Domicile (HAD). Laurent Tournel s’interrogeait alors « Quand on voit le prix de journée des Had pour ce qui est fait parfois, on coûte beaucoup moins cher pour faire la même chose. Quant aux retours des patients sur l’had , ça laisse perplexe !! . Coordination inexistante, graves oublis, erreurs, et j’en passe ….. ».

L’HAD a depuis suscité de nombreuses inquiétudes et les infirmières et infirmiers libéraux redoutent certaines évolutions de ces structures. Florian Poivre expliquait parfaitement cette inquiétude en soulignant : « L’HAD qui met main basse sur les patients directement depuis le service hospitalier en disant au patient qu’il n’a pas le choix; qui demande à l’IDEL de passer quand eux ne peuvent pas, qui demande aux IDEL(s) de poser des perfusions sans ordonnance, qui ne répond pas quand le patient appel à 2h du matin quand la pompe sonne…. Du coup, c’est l’IDEL qui y va…. Des notes effectivement beaucoup plus importantes que les tiennes…etc ».

Pourtant, les infirmières libérales ont conscience de l’importance de leur profession dans ces soins de ville, même si elles reconnaissent aussi les dégâts causés par le manque d’unité, qui s’est traduit, en 2016, par un débat houleux sur les URPS ou encore par un questionnement sur la nécessité d’un Ordre National Infirmier (ONI). Idel Chris résume cette opinion, partagée par de nombreuses infirmières et infirmiers libéraux : On a toute notre place, notre légitimité pour fournir des soins aussi bien faits voir mieux qu’un HAD. Une organisation de meilleure qualité entre libéraux en assurant un maillage de l’offre de soins sur le territoire renforcerait notre légitimité. Notre qualité de soins n’est plus à prouver auprès des patients par contre notre plus gros point noir est l’incapacité de nous regrouper et nous unir. C’est tout simplement pour cela que nous sommes en train de nous faire bouffer. »

 

Les infirmières libérales, des professionnelles dévouées et passionnées

Mais au-delà de ces inquiétudes et de ces débats, c’est aussi et surtout le quotidien des IDEL(s) qui a suscité le plus grand nombre de réactions. Sali Tal explique l’importance de cette relation entre l’infirmière et son patient : Les liens que l’on tissent avec nos patients se font naturellement parce que nous sommes des êtres humains et pas des machines ! Idel depuis janvier je me rends vraiment compte que notre métier est une vraie richesse au niveau relationnelle et J’adore. après je gère au cas par cas la distance que je dois mettre pour garder quand même l’aspect pro. ». La technicité de certains soins, la complexité de certaines prises en charges n’altèrent en rien cette fierté des infirmières et infirmiers libéraux à représenter LA soignante de proximité, plébiscitée par les patients eux-mêmes.

C’est aussi dans le quotidien, que les IDEL(s) rencontrent ces tracas qui compliquent encore un peu plus l’exercice de la profession, comme le déchiffrement de ces ordonnances illisibles ou encore la multiplication des contrôles de la CPAM.

Au final, les infirmières libérales font preuve d’une passion inébranlable quand il s’agit d’accomplir leur mission, et c’est ce que résume parfaitement Marise MACRIZ en nous écrivant :   Diplômée en 1980…jamais par vocation. J’ai l’habitude de dire que c’est le métier qui m’a choisie et non l’inverse…et 35 ans plus tard…j’adore toujours autant ce que je fais…Et même si j’ai pas toujours de la reconnaissance , ni la paie qui va avec…je m’en fiche car mon métier me passionne toujours autant!

Enfin en 2016, la généralisation des CPS tendait à régler les différents problèmes de facturation des infirmières libérales remplaçantes, et cette avancée suscitait l’approbation d’une grande partie des IDEL(s), comme Laurent Raidi qui nous expliquait que « dans la majorité des cas, les remplacements sont des collaborations ! jours de remplacement fixes par mois !!! J’espère que la CPS pour les remplaçants va améliorer leur statut et leur mode de travail. »

L’avenir des infirmières et infirmiers libéraux au centre des débats

Enfin 2016 aura encore été l’occasion de s’interroger sur l’avenir de la profession elle-même, avec les questions posées par l’émergence et la consécration de la e-santé mais aussi la nouvelle place, que doivent prendre les IDEL(s) dans l’avenir du système de santé. Au cœur de l’Assemblée Nationale, La Mission d’évaluation des comptes de la Sécurité Sociale entendait même, au cours de l’été 2016, des infirmières et infirmiers libéraux étaient écoutés car les députés expliquaient : Nous souhaitons connaitre votre sentiment sur le rôle que doit avoir l’infirmier dans les soins à domicile. Le rôle central de l’infirmière libérale était enfin reconnu puisque les députés de cette commission expliquaient que « (…) même si le médecin traitant est censé être le pivot des soins de ville, très souvent au domicile, le vrai pivot, ce sont les IDELS. »

Ces attentions n’ont pas empêché les relations entre les infirmières et infirmiers libéraux d’une part et les autorités sanitaires de se tendre un peu plus depuis septembre 2016. Les journées de mobilisation se succèdent depuis, avec des revendications nombreuses et variées. Revalorisation de la rémunération, place de l’infirmière libérale face à des structures de plus en plus présentes, refonte de la nomenclature, … Après les médecins, les infirmières libérales seront, dans les premiers mois de 2017, invitées à la table des négociations et l’inquiétude est grande, comme le résume Marie Hivert :   Tout est fait pour que les IDEL(s) disparaissent. D’ici une petite vingtaine d’années nous n’existerons plus . Nous sommes le seul pays en Europe ou nous nous déplaçons au domicile des patients. Ils veulent des ide salariées des HAD SSIAD et autre (oui une 3 ème structure intermédiaire est encore en train de se créer). En sachant que ces structures coûtent plus cher à la sécu !!!!!

Et si 2017 sera l’occasion pour la profession de discuter de tous les problèmes avec le Ministère de la Santé (c’est tout du moins le souhait des infirmières et infirmiers libéraux), ce sera également une année électorale, et depuis plusieurs semaines, les candidats à la présidence de la République multiplient les promesses de jours meilleurs. Faut-il y voir un signe de changement réel ? Rien n’est moins sur comme nous l’expliquait Christel Ferriere : Ça fait longtemps que je n’y crois plus …. La profession a toujours souffert d’un manque de reconnaissance et pas un de nos politiciens ne s’inquiète pour nous !!!!! Seulement ils oublient qu’ils passeront tous un jour tôt ou tard dans les mains d’infirmières ou d’infirmiers ….

 

2016, une année riche pour les infirmières et infirmiers libéraux, et la promesse d’un débat toujours plus vif et passionné pour 2017.

Quel est l’élément que vous retiendrez de cette année 2016 ? Et quel changement souhaitez-vous voir se réaliser en 2017 pour l’ensemble de la profession ?