Les infirmières libérales, prêtes à se faire entendre !

Une nouvelle intersyndicale a été créée par 8 syndicats différents dont plusieurs représentatifs des infirmières et des infirmiers libéraux. Réussira-t-elle à clarifier la voix des infirmières libérales et sera-t-elle reconnue par toutes et tous ?

Pluralisme ou unité de ton, quelle représentation pour les infirmières libérales ?

Nous avons déjà dénoncé, à plusieurs reprises, les mésententes entre les syndicats censés représenter les infirmières et infirmiers libéraux. Ces querelles se sont renforcées au début de l’année par l’étude, ordonnée par les autorités sanitaires, pour connaître la représentativité des syndicats et ainsi désigner les interlocuteurs chargés de participer aux négociations conventionnelles. Il apparait clairement, que les infirmières libérales ont du mal à se faire entendre d’une seule voix.

Outre cette problématique liée au syndicalisme des infirmières libérales, force est de constater que les débats, qui font rage depuis sa création, quant à l’utilité et au rôle de l’Ordre National des Infirmiers (ONI) rajoute encore un peu plus à la confusion. Dans ces circonstances, les infirmières et infirmiers libéraux ont pris l’habitude de se faire entendre en créant des regroupements informels, voire en s’unissant par le biais des réseaux sociaux. La multiplication des collectifs, que nous évoquons parfois comme, par exemple, avec le collectif des IDEL(s) du Cotentin, n’est qu’un exemple de cette confusion qui règne au sein de la profession lorsqu’il s’agit de parler au nom des infirmières et infirmiers libéraux.

 

FPPS, une nouvelle structure pour porter la voix des Infirmières libérales

 

En 2017, la période estivale n’aura pas été propice à la réconciliation, à moins que cet été marque le début d’une nouvelle ère. En effet, plusieurs syndicats de professionnels avaient marqué leur désaccord profond en quittant le Centre National des Professions de Santé (CNPS). 8 de ces syndicats, représentant les infirmières libérales, les masseurs – kinésithérapeutes, les orthophonistes, les orthoptistes et les pédicures-podologues se sont unis, au milieu de l’été, pour créer une nouvelle intersyndicale : la Fédération Française des Praticiens de Santé (FFPS).

Une nouvelle fédération donc, qui risque de rendre le message encore un peu plus confus, à moins que la FPPS réussisse à imposer un message clair et unanimement reconnu. Le président de la Fédération Nationale des Infirmiers, Philippe Tisserand, que l’on cite lorsqu’il s’agit de nommer le prochain président de cette nouvelle fédération, explique :

« Nous avons passé le mois d’août à l’écriture des statuts, et avons programmé une journée de travail début septembre, ainsi qu’une assemblée constituante pour adopter les divers statuts »

 

Les objectifs de la FPPS sont clairs et annoncés par voie de communiqué avec une portée symbolique mais aussi une ambition opérationnelle.

« Symbolique sur le plan sémantique car exit le terme d’auxiliaire médical déconnecté de la réalité de leur activité, et opérationnelle car le premier objet de la fédération est d’obtenir une modification du livre 3 du code de la santé publique afin de remplacer les mots “auxiliaires médicaux” par “praticiens de santé” ».

 

Les infirmières libérales, de nouvelles partenaires du corps médical

 

En souhaitant remplacer la vision subalterne des professions paramédicales, la nouvelle fédération entend bien souligner la « vraie complémentarité des professions. »C’est un changement d’approche, qui est donc prôné, et que la FPPS entend porter haut et fort. Pour y parvenir, la nouvelle entité a défini 6 sujets prioritaires : 

  • Promouvoir les compétences spécifiques de ces professions au sein du système de santé afin d’accompagner le virage ambulatoire notamment dans un contexte de désertification médicale,
  • Favoriser la coopération avec les professions médicales en abandonnant la notion clivante et désuète de transferts de tâches au profit d’une recherche de zones de compétences partagées,
  • Promouvoir la participation des praticiens de santé à la permanence des soins en complément des médecins en autorisant l’accès direct,
  • Proposer des solutions concrètes, rapidement opérationnelles, favorisant le continuum de soins ville-hôpital/hôpital-ville en renforçant la coordination,
  • Favoriser la possibilité pour ces professions d’intervenir à distance auprès des patients (participation aux actes de télémédecine, télé expertise ou de téléconsultation), au regard de l’émergence des nouvelles technologies,
  • Mobiliser toutes les compétences et les qualifications des praticiens de santé pour favoriser l’éducation à la santé et renforcer la prévention pour ainsi contribuer à «la révolution de la prévention» voulue par le nouveau président Emmanuel Macron.

L’avenir dira, si l’ambition de la FPPS permet aux infirmières libérales notamment, de travailler en coopération du corps médical, ou si cette nouvelle création ne fait qu’accroitre les difficultés à se faire entendre.

Et vous quel sentiment vous inspire la création de cette nouvelle structure représentative ? L’approche et la démarche vous apparaissent-elles de nature à faire évoluer la situation ?

 

Les 8 syndicats à l’origine de la création de la FPPS :

  • La Fédération nationale des infirmiers (FNI),
  • Convergence infirmière,
  • l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil),
  • la Fédération nationale des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR),
  • l’Union nationale des syndicats de masseurs-kinésithérapeutes libéraux (UNSMKL),
  • la Fédération nationale des orthophonistes (FNO),
  • le Syndicat national autonome des orthoptistes (Snao)
  • Fédération nationale des podologues (FNP).