On sait que les relations entre les patients et le personnel soignant ont évolué depuis plusieurs années. Mais avec la médiatisation de notre société, certains comportements peuvent désormais nuire à l’image que l’opinion publique se fait des infirmières libérales.

Le personnel soignant, des personnes sans cœur ?

Ces derniers jours, c’est le personnel soignant au sens large qui est montré du doigt par la médiatisation de l’affaire Naomi Musenga. Les médias décortiquent l’appel de cette jeune femme au SAMU et veulent voir dans cette attitude le dédain, voire le mépris affiché par l’interlocutrice qui lui répond. Si cette dernière s’est déclarée effondrée, tentant d’expliquer l’inexcusable, c’est l’ensemble du personnel soignant qui est montré du doigt, comme faisant preuve de trop peu d’empathie avec les patientes et les patients. Les infirmières libérales comme les standardistes du SAMU sont alors accusées de na pas prendre en considération les besoins et les attentes du patient.

Personne, mis à part la justice, ne peut juger ce drame et encore moins définir les responsabilités des uns et des autres, et nous ne nous risquerons pas à nous y essayer. En revanche, on peut naturellement condamner cette ambiance néfaste au travail des soignants. Qu’ils travaillent en milieu hospitalier ou qu’ils aient préféré de s’installer en tant que libéral, les infirmiers et les infirmières sont en première ligne, puisqu’ils représentent bien souvent le premier contact entre le patient d’une part et le corps médical d’autre part.

Des infirmières libérales montrées du doigt et soupçonnées de fraudes ?

Dans cette atmosphère de défiance, certains soignants du milieu hospitalier tiennent ainsi à condamner une nouvelle habitude des patients, qui n’hésitent plus à filmer les soignants pour « garder une trace ». Plus critiquable encore, des personnalités publiques laissent planer le doute quant à l’honnêteté des infirmières libérales. C’est ce qui s’est passé dans l’émission « Ça peut vous arriver » diffusée le 8 mai dernier sur RTL. L’animateur, Julien Courbet, évoquait la condamnation d’une infirmière libérale. Ce présentateur, connu et apprécié du Grand Public en tant que redresseur de torts, déclarait alors à ses auditeurs que ces condamnations étaient « fréquentes ». Une telle déclaration, émanant d’une personnalité et ne reposant sur aucune donnée, apparaissait comme une mise en cause directe de toute une profession.

De nombreuses infirmières et infirmiers libéraux se sont indignés de cette accusation, qui jette le discrédit sur une profession déjà malmenée ces dernières années. Une infirmière libérale a même décidé d’adresser une lettre ouverte à l’animateur, préférant cependant conserver l’anonymat. Elle dénonce le raccourci proposé par le présentateur en lui rappelant : « Il y a 110 000 infirmières libérales en France et chaque année, une dizaine de condamnations de ce type, soit 0,009%. »

 

Quand soigner est plus qu’une profession, la vocation des infirmières libérales !

La lettre ouverte de cette infirmière libérale fait écho aux innombrables messages, postés par des IDEL(s) sur les réseaux sociaux. Une grande majorité tienne à rappeler les obligations faites aux infirmières et infirmiers libéraux, dont la « continuité des soins 24h/24 et 365 jours par an« . Ces professionnels de la santé rappellent à l’animateur, comme les règles sont exigeantes et parfois incompréhensibles : « Savez-vous Monsieur Courbet qu’une infirmière libérale peut être considérée comme fraudeuse dés lors qu’elle reste chez un patient 25 minutes au lieu de 30 ?… »

Les exemples de ce type sont nombreux, mais toutes les infirmières libérales ne peuvent que déplorer, que le mal soit déjà fait. Quels que soient les écrits des uns et des autres, ils seront toujours moins relayés que les propos de l’animateur, qui, en quelques secondes, a « dévalorisé une profession ». C’est une injustice de plus pour les IDEL(s) et la rédactrice de cette lettre ouverte rappelait ainsi fort justement : « Savez-vous Monsieur Courbet qu’il y a plus de procédures annulées par les tribunaux administratifs en raison d’abus des caisses de sécurité sociales que de condamnations ? ».

Bien évidemment, Monsieur Courbet n’est pas le seul responsable, mais il est cette goutte d’eau, qui fait déborder le vase et qui pousse les IDEL(s) à réagir (parfois de manière vindicative) pour ne pas sombrer dans la dépression : « Savez-vous Monsieur Courbet qu’une infirmière libérale est actuellement hospitalisée en psychiatrie, à l’isolement, en raison de la profonde dépression dans laquelle elle a sombré suite au combat qu’elle livre pour défendre ses droits et son honneur ? ». Il reste à savoir si ces réactions seront entendues par l’opinion publique, et si enfin les infirmières libérales comme plus généralement l’ensemble du personnel soignant soient enfin mieux considéré.

Et vous, que vous inspire les propos de Monsieur Courbet ? Estimez-vous que le mal est déjà fait, et qu’il est inutile de vouloir y remédier ?