Quelle différence principale entre l’infirmière libérale et hospitalière ?

 

La question est souvent posée, et chacune et chacun a sa propre réponse. Pourtant, un sujet est rarement évoqué : le lieu de travail. L’hôpital, d’un côté, le domicile des patients de l’autre… Ce changement de cadre implique beaucoup pour les infirmières libérales.

 

L’infirmière libérale, des soins à prodiguer dans un cadre inhabituel

On essaie souvent en évoquant la profession infirmière de définir les principales différences pouvant exister entre l’infirmière libérale d’une part et sa consœur travaillant dans un service hospitalier d’autre part. On souligne alors la difficulté de l’exercice solitaire, pointant au passage les atouts du travail en équipe (même lorsque ce dernier n’est pas un motif de satisfaction pour les personnes concernées). Les soins prodigués sont également différents, l’infirmière libérale devant, par nature, répondre à de multiples demandes. Il ne s’agit pas alors de se consacrer à une catégorie de soins en particuliers mais bien de s’adapter à une patientèle représentative de la population et de ses différences.

Les problèmes, dénoncés par le personnel soignant des hôpitaux (certains parlent même de crise profonde de l’hôpital) trouvent leur écho aux revendications portées, depuis des années par les infirmières libérales. Pourtant, un autre aspect est souvent passé sous silence, alors qu’il implique des conséquences notables pour les IDEL(s) : le lieu d’exercice. On ne pense pas ici au cabinet d’une infirmière libérale mais bien du domicile de chacun des patients de cette infirmière libérale.

Quand le soignant pénètre l’intimité du patient, des rapports humains appelés à changer

 

A l’hôpital, chaque patient a conscience d’être dans l’univers médical, reconnaissant à chaque membre du personnel une fonction précise. L’infirmière hospitalière jouit alors de sa renommée de soignante dévouée et d’interface entre les patients et le corps médical. En général, la compétence et le sérieux de chacun ne sont pas remis en cause, puisque l’ « on est à l’hôpital quand même ». L’Institution rassure et apaise en partie les angoisses des patients. Elle permet aussi aux infirmières et infirmiers d’être en relation permanente avec les autres professionnels de santé.

Inversement, l’infirmière libérale est appelée à intervenir au domicile de ses patients. Elle quitte donc ce cadre rassurant et parfaitement équipé pour découvrir un logement, qui lui est inconnu. A la perte des repères s’ajoute donc un changement du rapport de force au niveau de la relation. L’infirmière n’est plus dans un cadre, qu’elle a appris à connaître, mais elle doit réapprendre à s’adapter aux contraintes de chaque domicile visité. Cela n’a pas l’air d’être important au premier coup d’œil, et c’est pourtant une caractéristique essentielle du quotidien d’une infirmière libérale.

Même si c’est paradoxal, un patient acceptera, malgré une irritation plus ou moins visible, d’attente des dizaines de minutes pour un rendez-vous à l’hôpital. A l’inverse, même si l’infirmière libérale l’a prévenu, il sera bien moins tolérant (et donc bien plus désagréable) avec celle-ci, qui arrive avec une demi-heure de retard. Le soin n’est pas plus important dans l’un ou l’autre cas, c’est la relation entre le patient et son infirmière, qui a changé. En intervenant au domicile du patient, l’infirmière accepte (implicitement) les règles de ce dernier.

 

L’infirmière libérale, une tension palpable mais aussi des liens forts avec ses patients

 

Ce changement de lieu de travail reste donc une donnée essentielle pour qui veut comprendre ces différences entre la voie indépendante et la voie hospitalière. Si liberté et indépendance sont deux qualificatifs qui reviennent souvent pour décrire le métier d’infirmière libérale, celle-ci est également soumise à un stress permanent (le moindre problème peut ruiner la tournée d’une journée entière) et à des contraintes nées de ce travail en solitaire (quand et comment appeler de l’aide ? Qui pour conseiller et aider en cas de doutes ? …).

Il ne s’agit aucunement de hiérarchiser les différentes formes d’exercice, mais bien de souligner les principales différences. L’infirmière hospitalière est-elle aussi confrontée à des angoisses et à des problèmes récurrents, qui sont cependant d’une autre nature.

Enfin, malgré ces difficultés, l’infirmière libérale peut également nouer des liens forts avec sa patientèle. Une ou deux visites quotidiennes pendant des mois voire des années ne laissent aucune infirmière libérale de marbre. Bien que l’infirmière soit formée et préparée à conserver une certaine distance, la récurrence des rendez-vous implique, au fil des jours, une certaine proximité. Des liens forts donc, qui font aussi partie de ce métier d’infirmière libérale.

 

Et vous, si vous deviez lister la principale différence entre infirmière hospitalière et infirmière libérale, quelle serait-elle ?